«ô les gars, on devrait célébrer chaque instant de notre vie. La vie est belle et on doit l'aimer. Je vous promets que je vais vaincre ce mal...» L'enfant terrible du cinéma égyptien, Ahmed Zaki, n'est plus. Ce célèbre comédien surnommé l'acteur «au mille visages», est décédé hier des suites d'une longue maladie, a annoncé la direction de la clinique Dar al-Fouad, aux environs du Caire, où il était soigné. Il a été admis, au début du mois en cours, d'urgence dans un hôpital du Caire, après que son état de santé se fut détérioré, suite à la propagation d'une tumeur cancéreuse des poumons au reste de ses organes. Déjà, en avril 2004, l'acteur avait été transféré d'urgence à Paris à la demande du président Hosni Moubarak, pour un diagnostic approfondi, avant d'être rapatrié en Egypte. Il était apparu pour la dernière fois en public en janvier, à l'occasion d'un hommage qui lui était rendu par ses pairs pour l'ensemble de son oeuvre. A cette occasion, il avait donné le premier tour de manivelle de son dernier film, «Halim», dans lequel il incarnait le célèbre et mythique chanteur de charme égyptien, à la voix languissante, Abdel Halim Hafez, mort en 1977. En outre, mis à part leur ressemblance, Ahmed Zaki est issu du même village que Abdel Halim, Acharquia. «Abdel-Halim Hafez est un vrai succès des points de vue artistique, patriotique, romantique et politique. C'est un cas rare. Il existe d'ailleurs plusieurs similitudes entre nous deux, en ce qui concerne notre enfance, notre jeunesse, notre souffrance et certaines idées artistiques. J'ai toujours tenu à jouer des rôles importants pour nos sociétés arabes, et Halim a incarné la même ampleur sociopolitique sur le plan de la chanson» a indiqué le défunt à l'hebdomadaire égyptien Al Ahram. Accusé par certains critiques de s'intéresser plus à l'apparence des caractères qu'à leur essence même, Ahmed Zaki se défend: «C'est injuste de m'accuser de vouloir singer tel ou tel personnage. Cela ne s'applique pas à tous mes rôles, notamment Taha Hussein, Nasser et Sadate. Je trouve que c'est important de travailler sur l'apparence, les détails physiques, car le public est souvent lié à l'image de ces hommes célèbres, à leurs gestes et leurs phraséologies ! Au bout d'un certain temps, j'entre dans la peau du personnage sans m'en rendre compte». Acteur invétéré au talent incontesté, Ahmed Zaki est né en 1947 dans le village, Al Charquia, situé dans la profonde Egypte. Le berceau de la civilisation pharaonique. Issu d'une famille paysanne, ce comédien a reçu une formation de métallurgiste. Un métier qui ne lui servira, en fin de compte, à rien, puisqu'il l'abandonne pour embrasser le théâtre, à l'Institut national d'arts dramatiques du Caire. Et depuis, il n'a cessé de gravir l'échelle de la notoriété. Sa réputation a franchi les frontières du Nil pour atteindre tous les pays arabes, voire occidentaux. Des films comme «Hussein», «Nasser» ou encore «El-Sadate» sont affranchis de la menace du temps. Cette «image mobile de l'immobile éternité». Ahmed Zaki avait émis le voeu que ses obsèques soient filmées et introduites dans le film «Halim». Ainsi donc, cet acteur a tiré sa révérence. On retiendra bien cette phrase émise à titre d'adieu : «O les gars, on devrait célébrer chaque instant de notre vie. La vie est belle et on doit l'aimer. Je vous promets que je vais vaincre ce mal...» Mais le mal qui le rongeait était plus fort que lui.