Depuis plus d'un mois, toute l'Egypte et le monde arabe sont tristes et chagrinés par la « disparition à petit feu » d'une grande figure du cinéma d'Oum Eddounia, Ahmed Zaki ayant brillé dans de grands rôles dans des films comme Shafika wa matwali, Inskandaria Lih, Nasser ou encore Essadat. Hospitalisé d'urgence dans une clinique du Caire, Ahmed Zaki, atteint d'un cancer en phase terminale (métastase), est plongé dans un profond coma. Son cerveau s'est arrêté de fonctionner et son cœur bat toujours, selon les informations émanant des médias locaux. Il y eut même une rumeur sur sa disparition relayée par la TV égyptienne, lundi dernier. Il en a fait une anecdote en disant : « Je vais les enterrer tous ! » Alors qu'au début de l'année 2005, Ahmed Zaki, qui se savait déjà malade, avait fait montre d'un grand courage en prenant part à un tournage du film très attendu de Cherif Arfat intitulé Halim, portant sur la vie de la légende de la musique égyptienne Abdel Halim Hafez. Le film est à 80% en chantier. Halim, pour Ahmed Zaki, représente une valeur sentimentale et autobiographique commune avec El Andalib El Asmar (le rossignol brun). Comme il l'a déjà souligné récemment dans une conférence de presse pathétique au Caire à laquelle prenaient part des centaines de journalistes arabes où Ahmed Zaki était apparu serein, jovial et joyeux contre toute attente. Compulsant une belle leçon de courage, Ahmed Zaki, à travers Halim, livre un message et une image testamentaires. Destin commun Car avec Abdelhalim Hafez, il partage le même destin. « Le départ prématuré ». « O les gars, j'ai beaucoup de choses en commun avec Halim (Abdelhalim Hafez). On vient du même village : Echarquia. Je me suis baigné dans la même rivière que lui. Il était impossible de ne pas succomber au charme de ce paysage rural. Alors, on piquait une tête. Et puis, on pêchait le gros poisson à la main. Il y a des choses du destin qui nous lient. Lorsque je me suis rendu, il y a plus d'une année, à Londres pour une intervention jugée banale, j'ai découvert que le médecin était celui qui avait traité Abdelhalim Hafez. Alors, j'ai pris peur... Et je l'ai faite... », avait expliqué Ahmed Zaki, non sans rire et de bonne humeur pour ne pas dire humour à l'endroit de l'assistance « bluffée » et au bord des larmes par ce courage exemplaire. Le soutien moral à Ahmed Zaki, avant son coma, fut prodigué par les actrices Soheir Babili et Yasmine El Khyam dont il avait réclamé la lecture vitale du Coran. Une soixantaine de films au compteur (Les Enfants du silence, Wara Echems, El Moudmin, L'Empereur, Les Rêves de Hind et Camilia, Le Pacha...), Ahmed Zaki, brun au physique de séducteur et au talent avéré « pharaonique », issu d'une famille paysanne, ayant abandonné, dans sa jeunesse, une formation de métallurgiste, pour s'adonner à son premier amour : le théâtre à l'Institut supérieur d'art dramatique du Caire, ne cessait de défendre le cinéma d'Oum Eddounia avec humilité : « Ma peau, c'est l'Egypte actuelle. Autrefois, le cosmopolitisme du Caire imposait ses images, ses figures aux spectateurs arabes. Aujourd'hui, c'est l'Egypte profonde, réelle, qui est présente sur le grand écran. Avant, elle copiait le cinéma d'Hollywood, aujourd'hui elle n'a plus de problème avec elle-même... Aujourd'hui, l'Egyptien voit un film comme il se regarde dans la glace chaque matin, dit l'acteur. Dernièrement, un jeune mécano du Caire est venu me dire que j'ai fait le bonheur de sa vie. Dans son quartier, il a attendu six années pour que la fille dont il était amoureux commence à le regarder parce qu'il est le sosie d'Ahmed Zaki. » A titre posthume, l'acteur Ahmed Zaki a demandé au réalisateur. Cherif Arfat de filmer ses obsèques pour les intégrer dans le film Halim. Car la séquence est toute prête et ce n'est pas du ciné-fiction. En guise d'adieu testamentaire, Ahmed Zaki a légué cette sentence : « O les gars, on devrait célébrer chaque instant de notre vie. La vie est belle et on doit l'aimer. Je vous promets que je vais vaincre ce mal... ».Telle est la grandeur d'un fils du peuple !