A lire les commentaires et les analyses de ces journaux, on croirait que l'Algérie est un amas de décombres. Cette campagne venimeuse, ces chapelets de mensonges reçoivent le soutien intéressé du Maroc toujours au seuil de la porte pour savonner les planches. «Il n'y a pas de guerre ici, je demande à être rappelé», écrivait de La Havane, le dessinateur du New York Journal à son patron, William Randolph Hearst. Ce dernier lui câbla en réponse: «Restez. Fournissez les dessins, je vous fournis la guerre.» Cette terrible sentence remonte à janvier 1898. Elle est toujours d'actualité quand on observe la campagne d'attaques médiatiques, d'intox et d'analyses farfelues servies à l'opinion internationale contre l'Algérie depuis ces derniers mois. L'Algérie est morte et il ne reste donc plus qu'à préparer sa mise en terre. La messe est dite. Amen. La presse internationale exhale à longueur de manchettes des lendemains catastrophiques. A lire ces commentaires et ces analyses, on croirait que l'Algérie est un amas de décombres. Le matraquage continue et avant-hier, la grosse artillerie a été actionnée: le prestigieux quotidien américain, Le New York Times a consacré son éditorial du vendredi 16 décembre à la situation de la liberté d'expression en Algérie. Le journal note que le pays a évité le printemps arabe, relève que l'Algérie a adopté des réformes constitutionnelles encourageantes pour une démocratie plus ouverte, y compris des garanties pour la liberté de la presse, et nous apprend que l'Algérie est gérée par «un petit cercle de généraux». Diffusée, il y a quelques années, cette information aurait plus de pertinence, mais depuis la restructuration des services de renseignements, elle s'apparente beaucoup plus à un état d'âme d'un éditorialiste mal briefé qu'à un scoop de la dimension de ce grand journal. A cet éditorial du New York Times s'est ajouté un «fantasme néocolonialiste» servi par le directeur exécutif du centre Madariaga-collège d'Europe et directeur général honoraire à la Commission européenne, Pierre Defraigne. Dans une contribution publiée par le quotidien La Libre Belgique, il a dressé, avec une légèreté déconcertante, un parallèle entre la Syrie et l'Algérie allant jusqu'à s'interroger qu'après Alep viendrait le tour de l'Algérie. Quelques semaines auparavant, le magazine anglais pro-conservateur The Spectator, lance son pavé et nous promet que la disparition du président Abdelaziz Bouteflika pourrait causer une guerre civile en Algérie. Au suivant! c'est l'American Entreprise Institute qui classe l'Algérie comme le troisième pays le plus à risque d'instabilité dans le futur proche.Dans une étude signée Michael Rubin, un ancien formateur militaire au Pentagone, dix pays dont l'Algérie «seront les nouveaux foyers de conflits dans le monde». Qui sont ces laboratoires? Dans quel but agissent-ils et pour quel compte le font-ils? Pourquoi tant de fixation sur l'Algérie? Le pays fait face à une agression médiatique à grande échelle fomentée dans des officines spécialisées avec pour mission de diffuser de fausses informations. Au profit de qui? La certitude est que cette campagne venimeuse, ces chapelets de mensonges reçoivent le soutien intéressé du Maroc toujours au seuil de la porte pour savonner les planches. Aux aigris de l'Algérie française, aux nostalgiques du colonialisme s'ajoutent les pays du CCG. Mais ces férus d'analyse ignorent-ils à ce point l'Histoire? L'Algérie a une spécificité par rapport aux autres pays arabes. Elle sait se battre. Elle s'est battue contre le colonialisme français appuyé par les forces de l'Otan, contre le terrorisme islamiste soutenu par les monarchies du Golfe.