Le cinéma c'est aussi sérieux que le pétrole La clôture a été l'occasion d'honorer les artistes arabes, mais aussi d'aller voir, lors d'une visite à l'allure de pèlerinage, le puits de celui qui a découvert ici le pétrole, à savoir Rouabeh Messaoud, l'homme qui a creusé le premier puits à Hassi Messaoud en 1917 pour y abreuver son troupeau de chameaux... C'est dans la liesse que s'est clôturée mercredi dernier la première édition des Rencontres cinématographiques de Hassi Messaoud à la base du 5-Juillet 1962 de l'Entreprise nationale des grands travaux pétroliers (GTP). Cette cérémonie de clôture a été marquée par de nombreux hommages rendus aux différentes personnalités arabes invitées à ce festival. Hassen Zerari, membre actif au sein de l'Association Lumières et coordinateur de cette manifestation, a émis le souhait de rendre cette manifestation compétitive et pourquoi pas récompenser le meilleur film en lui attribuant le prix Maher, du nom du grand homme d'affaires Maher Tliba qui a financé en grande partie l'événement. C'est d'ailleurs ce dernier qui a tout fait pour que ces rencontres se fassent à Hassi Messsaoud, étant natif de cette région. Une manifestation qui, nous révèle-t-il, a été mise en oeuvre en à peine trois semaines, après avoir rencontré les responsables du festival d'Oran du film arabe, à Alger. Notre interlocuteur nous fera remarquer qu'il n'est pas interdit que l'année prochaine cette manifestation soit ouverte aux films étrangers, soit européens, soit américains ou autres. Prenant la parole durant cette soirée de clôture, le directeur artistique Mohamed Allal fera montre de recommandations ayant abouti à la table ronde qui a réuni les professionnels du cinéma arabe et dont le thème du débat consistait à trouver les mécanismes pour emmener le cinéma arabe loin et notamment à l'aider pour qu'il rayonne encore plus dans le monde et atteindre pourquoi pas, les Oscars. Car pour rappel, ce ne sont pas moins de 10 films qui ont été présélectionnés cette année pour ce prestigieux concours cinématographique américain. Parmi ces recommandations lues devant un parterre et une assistance fort nombreuses, on citera: l'incitation au soutien par la distribution et la coproduction arabe, l'encouragement des jeunes cinéastes, donner de meilleures assurances au secteur privé, encourager le cinéma d'auteur, la construction de multiplexes, construire des salles, inciter le privé à financer les films arabes, multiplier les ateliers d'écriture, encourager le court métrage, ouvrir des réseaux de rencontre entre le privé et les professionnels du cinéma, s'intéresser aux films qui abordent directement les préoccupations des sociétés arabes. Honorée, la comédienne libanaise Pamela Elkik soulignera: «L'Algérie et le Liban sont un seul pays. Merci aux hommes d'affaires qui ont choisi d'habiller Hassi Messaoud aux couleurs du cinéma.» Pour sa part, la comédienne jordanienne Anahid Fayaed (Bab el hara, ndlr) a émis le souhait que d'autres régions nous jalousent et fassent de même. D'autres invités arabes ont été honorés durant cette soirée, à savoir le comédien égyptien Tarek Abdel Aziz et la comédienne marocaine Meriem Bakouche. C'est ainsi qu'a pris fin cette première rencontre dont d'aucuns ont souligné l'apport bénéfique non seulement pour cette commune, mais pour l'intérêt qu'elle pourra susciter ailleurs en Algérie. Pour rappel, Hassi Messaoud est une commune algérienne de la wilaya de Ouargla, située à 86 km au sud-est de Ouargla; à 172 km au sud de Touggourt et à 800 km au sud-est de la capitale Alger. Loin d'être une région touristique, sa principale attraction est l'économie de la ville qui est largement tournée vers l'exploitation de son gisement de pétrole. Aussi, une visite de ces lieux de gisement de pétrole s'est imposée par elle-même aux organisateurs. C'est donc tout naturellement qu'une excursion a été organisée jeudi au profit des invités de cette manifestation. La première escale avait plutôt l'air d'un pèlerinage. Nous fûmes connaissance avec les membres de la famille de celui qui a découvert le pétrole ici à Hassi Messaoud. Un puits qui a été creusé en 1917. Certains disent 1918. Il était originaire de Chaânaba. Toutefois, le pétrole n'a été reconnu officiellement qu'en 1956. «Un 14 juillet. A 16h exactement est sorti le pétrole», nous dira ce guide qui nous parlera de Rouabeh Messaoud. Cet homme avait découvert en effet de l'huile en creusant un puits alors qu'il cherchait de l'eau. Cependant, malgré le fait que la terre appartenait à sa famille, «des gens ont accaparé cette région depuis et d'autres choses sont entrées en jeu. L'affaire a été récupérée, ses enfants n'y ont pas eu droit. Les autorités reconnaissent nos doléances, mais sans y donner suite. Voyez par vous-mêmes, ils appartiennent à votre société. Ils n'ont pas d'argent et n'ont bénéficié aucunement de l'investissement de ce pétrole», nous déclarera avec dépit un proche de la famille de Rouabeh Messaoud, membre d'une association culturelle qui tend à vulgariser ce patrimoine. En effet, aujourd'hui, les descendants de Rouabeh Messaoud exigent que l'Etat restitue les terrains entourant le puits, mais en vain! Nous quittâmes cet endroit, non sans avoir immortalisé ce fameux puits et dit au revoir à la famille dont la ville porte le nom. Des gens humbles et stoïques. Nous nous dirigeâmes après vers l'Enafor, une entreprise nationale de forage, filiale de Sonatrach qui s'occupe essentiellement du forage pétrolier. Ce site est considéré comme une école de forage pour le perfectionnement des travailleurs. Et les nouvelles recrues disposent de plusieurs formateurs algériens. Jusqu'à 160 personnes formées, de 6 à 9 mois. En 2007. C'est la seule école au niveau national. Après le pétrole, place aux dunes, et la poésie du sable et surtout le coucher de soleil. Ce sable fin dont les marques de cette région industrielle ont été imprégnées. Il porte dans son ventre ses nombreux stigmates Pour preuve, en effet, de nombreux gants en décomposition gisent ça et là dans le sable. Pas loin, des chiffons y sont engloutis. Certains nous disent de faire attention car ils doivent être toxiques et teintés de produits chimiques. Qu'à cela ne tienne, nous quittons Hassi Messaoud en disant au revoir à cette ville des plus riches, par ses gisements, alors que notre pays vit actuellement une chute du prix du pétrole des plus conséquentes. Cet événement cinématographique reviendra-t-il vraiment l'année prochaine ici et dans quelles conditions et configurations? Ces hommes d'affaires se mettront-ils aujour- d'hui à produire des films? le temps nous le dira...