Ahmed Rachedi tenant dans sa main son oscar pour le film Z Recevant son trophée des mains de la valeureuse comédienne Chafia Boudraâ, l'acteur égyptien Khaled Abol Naga, honoré durant cette cérémonie, a affirmé que «le cinéma est une des armes les plus importantes pour combattre l'obscurantisme...». Après presque deux heures d'attente dans le froid et les détonations du baroud qui retentissent de temps à autre, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, est venu samedi soir inaugurer l'exposition de l'association Lumières. Une ouverture folklorique et une attente qui feront retarder la cérémonie d'ouverture de la première rencontre cinématographique de Hassi Messaoud, laquelle a pris aussi du temps sur l'heure du dîner et poussé les journalistes, (les sacrifiés comme toujours durant ces festivals) à ne pas dîner dans la même salle que les invités de cette manifestation qui a vu le nombre de ses convives dépasser le seuil de ce qui était convenu. Aussi, c'est marqué par un certain cafouillage d'ordre logistique que s'est tenue cette cérémonie d'ouverture dans une salle aménagée de l'un des grands centres pétroliers de Hassi Messaoud, le lieu où se dérouleront les films arabes qui concourent pour la sélection dans la liste finale en course pour l'Oscar 2017. Hassan Zerari, coordinateur de ces Rencontres cinématographiques a, lors de son discours de bienvenue, réitéré son bonheur de voir se concrétiser ce genre de manifestation, financée à hauteur de 99% par le secteur privé, à savoir des hommes d'affaires de Hassi Messaoud, formulant en outre, le souhait de le voir se reproduire dans le Nord, et pourquoi pas, espérer que le cinéma algérien prenne son chemin avec le cofinancement du privé dans la production cinématographique. Pour sa part, le wali de Hassi Messaoud s'est déclaré satisfait de la mise en place de cette manifestation qui vient confirmer estime-t-il, «la stabilité sécuritaire du pays», tout en invitant les pays voisins à se servir de nos paysages naturels du Sud algérien comme décors pour leurs futurs films. Prenant à son tour la parole, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, s'est tout d'abord félicité de voir tous ces invités arabes à Hassi Messaoud tout comme certains Algériens qui visitent cette région pour la première fois, étant donné que c'est une base pétrolière avant tout. Il saluera aussi les gens de cette ville, ses cadres, promoteurs qui ont permis de célébrer ici le cinéma, en plébiscitant ces films qui ont acquis non seulement la faveur du public, mais une grande notoriété chez les professionnels du cinéma dans le monde entier, en concourant aujourd'hui pour le prestigieux Oscar. Aussi, il insistera sur la nécessité de la continuité dans la production, notamment arabe et d'annoncer les prochaines projections en avant-première algérienne, en particulier un film sur le président portugais qui a séjourné en Algérie, Manuel Teixeira Gomes, (le 5 janvier prochain), mais aussi un autre sur Nelson Mandela ou encore sur saint Augustin qui est une coproduction algéro-tunisienne réalisée par un Egyptien. «Je déclare notre volonté à créer ensemble. Le but n'est pas de voir des films, les applaudir et partir, mais de songer à l'après. L'Algérie mettra ses efforts, des moyens et les capacités pour y arriver. Cette manifestation est intéressante car l'idée paraît sincère. C'est écrit qu'elle connaisse une bonne continuation», dira-t-il. Plusieurs hommages ont suivi, notamment à Ahmed Rachedi, producteur du seul film arabe et algérien qui a reçu l'Oscar du meilleur film étranger, à savoir Z, réalisé en 1969 par Costa Gavras. Présent dans la salle et sous les salves d'applaudissements du public, Ahmed Rachedi à qui on a remis sur scène le vrai Oscar de l'époque, a estimé que ce trophée n'est pas seulement celui des Algériens, mais celui des Arabes également. Et d'ajouter: «On ne peut pas parler de cinéma arabe sans la coproduction arabe. On dit souvent que le problème du cinéma algérien est la langue, or le cinéma est avant tout un langage.» Honoré à son tour, M. Karim Kaârrar, comédien qui s'est distingué dans le long métrage Patrouille à l'est avant d'aller s'exiler à Ouargla pendant 45 ans, a vivement remercié l'association Lumières qui l'a honoré et le réalisateur Amar Laskri dont le film qui passe et repasse à la télé permet de le ressusciter au regard des spectateurs durant toutes ces années. Se sont succédé entre autres sur scène les réalisateurs, acteurs et représentants des films qui seront projetés durant cette semaine, à savoir Le Puits de Lotfi Bouchouchi, Clash de l'Egyptien Mohamed Diab, Le film marocain A mile in my shoes, de Saïd Khallouf, Ktir kbir du Liban, 3000 Leyla de la Palestinienne May Masri, Barka youkabel Barka de l'Arabie saoudite, Moi Noujoum, dix ans et divorcée de Khadidja al-Salami. Le réalisateur marocain révélera son souhait de faire un film en coproduction avec l'Algérie, affirmant le caractère symbolique et politique» qui devra sceller cet acte culturel. Enfin, le dernier hommage rendu de la soirée a été attribué au grand acteur égyptien Khaled Abol Naga qui n'est plus à présenter. Un acteur qui possède une longue et riche carrière cinématographique et autant de prix glanés ces dernières années surtout pour son film Ouyoun el haramiya, film palestinien de Najwa Nejar où il partage la vedette avec Souad Massi. Recevant son trophée des mains de la valeureuse comédienne Chafia Boudraâ, Khaled Abol Naga qui a affirmé que «le cinéma est une des armes des plus importantes pour combattre l'obscurantisme», a insisté pour sa part sur la «nécessité de favoriser la distribution dans les pays arabes, au-delà de la coproduction», car a-t-il estimé: «C'est la seule solution pour faire découvrir ces films aux différents publics arabes». Enfin, c'est un moyen métrage tunisien qui a été choisi pour détendre l'ambiance de cette soirée d'ouverture. Avec comme acteur principal l'acteur fétiche Lotfi Abdeli, le film Ghasra nous conte l'histoire d'un chauffeur de taxi qui, arrêté en plein forêt va se retrouver nez à nez avec différents modèles bien caricaturaux de la sphère socio-politique de la population tunisienne et sera confronté à leurs idées sans trop savoir ce qui lui arrive, obnubilé qu'il est par le désir absolu de pisser d'abord...Une belle métaphore d'une société qui subit moult propositions après la révolution alors que ses doléances et revendications semblent bien basiques ou mises au piège dans des considérations décalées qui ne répondent pas forcément à l'attente du peuple. Une histoire racontée avec une forte dose d'humour qui a bien fait rire la salle. Un film bien intelligent et dynamique qui avait reçu le Prix spécial du jury au dernier festival d'Oran du film arabe. Inauguré ce samedi, cette manifestation se poursuivra jusqu'au 22 décembre.