Le gouvernement d'union nationale a gagné du terrain Le chef de file du Conseil présidentiel libyen, reconnu par la communauté internationale, répond à la démarche du maréchal Haftar, cet autre acteur décisif de la scène libyenne, dont la venue inattendue à Alger, voici quelques semaines, a marqué un tournant majeur... Après le président de la chambre des Représentants Salah Aguila et le maréchal Khalifa Haftar, le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale de Libye, Fayez al Sarraj, a effectué hier une visite de travail en Algérie, «dans le cadre de la concertation entre les deux pays». Al Sarraj a été accueilli, à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, et le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale de Libye a affirmé dès son arrivée que sa visite en Algérie s'inscrit dans le cadre des «concertations permanentes» entre les deux pays pour parvenir à un «règlement positif» de la crise que traverse actuellement la Libye. Dans une déclaration à la presse, dans le salon d'honneur de l'aéroport international Houari-Boumediene, al Sarraj a rappelé le rôle «efficace et constant» de l'Algérie ainsi que son soutien au gouvernement d'entente nationale libyen pour «le règlement de la crise en Libye». Plus précisément, les entretiens qu'il a eus avec les interlocuteurs algériens ont concerné plusieurs dossiers relatifs à la coopération bilatérale, mais on se doute que l'essentiel des discussions aura été consacré à la solution politique consensuelle à laquelle travaille l'Algérie depuis des mois et des mois. La situation dans le pays voisin a connu quelques bouleversements, notamment avec la reprise de Syrte au prix de cinq mois de combats acharnés au terme desquels plusieurs centaines d'éléments des milices de Misrata ont trouvé la mort. Daesh chassé de cette ville importante, il importe désormais de se consacrer à l'évolution de la situation politique et de réfléchir aux nouveaux efforts nécessaires pour parvenir au règlement durable de la crise. La position inaltérable de l'Algérie qui soutient la solution inclusive et le respect de l'unité et de l'intégrité de la Libye étant connue depuis des années et son travail en faveur d'une réelle réconciliation nationale de tous les Libyens suivi avec attention par la communauté internationale, on peut dire que cette visite de Fayez al Sarraj pourrait être dominante pour la suite des évènements. Le chef de file du Conseil présidentiel libyen, reconnu par la communauté internationale, répond à la démarche du maréchal Haftar, cet autre acteur décisif de la scène libyenne, dont la venue inattendue à Alger, voici quelques semaines, a marqué un tournant majeur dans la poursuite des discussions entre les différentes parties au conflit. Car elle a eu lieu dans le sillage de celle du président du Parlement, Salah Aguila, l'un et l'autre ayant campé sur leur position hostile au GNA d'al Sarraj depuis sa mise en place par la médiation onusienne. A la lumière de ce ballet impromptu des principaux responsables, il semble que l'Algérie a accéléré le processus des discussions au point de susciter un nouvel espoir pour le peuple libyen qui attend, avec la même impatience affichée par la communauté internationale, la fin du calvaire. Incontestablement, le gouvernement d'union nationale a gagné du terrain depuis janvier 2016, lorsqu'il a débarqué à Tripoli avec l'appui des milices de Misrata. Non seulement, il a repris Syrte, mais il a obtenu des gages de la part des principales institutions et des grandes entreprises du pays dont la NOC, qui a doublé la production de pétrole (600.0000 barils/jour). Reste l'attitude des autorités rivales de l'Est, Haftar pour l'armée libyenne et Aguila pour la chambre des Représentants qui refuse d'accorder sa confiance au GNA et de reconnaître par-là même sa légitimité, c'est-à-dire son autorité. Les efforts laborieux de la mission de l'ONU en Libye (Manul), de l'Union africaine (UA), de l'Union européenne (UE) et celui de la Ligue arabe et le nombre élevé de conférences sur la Libye, (Rome, Le Caire, Niamey, Londres...) tendent à consolider la présence du GNA dont la tâche est primordiale pour mener une guerre contre le terrorisme. Celui-ci menace toujours la Libye et l'ensemble des pays voisins, à la faveur des luttes fratricides entre les tribus et les milices armées. L'objectif que le GNA s'est fixé, basé sur les piliers de «l'économie, la sécurité et l'accord politique» qui doit préserver l'unité et la souveraineté de la Libye conforte grandement la démarche de l'Algérie et celle-ci appuie plus que jamais al Sarraj, quand il affirme nécessaire d' «unifier les forces militaires dans une seule armée» afin de combattre efficacement le terrorisme. Un appui qui soulève toute l'ambiguïté des puissances occidentales, promptes à soutenir le processus de dialogue politique mais toujours réticentes à armer le GNA dont elles «attendent» un appel censé valider une nouvelle intervention étrangère. Option dont les conséquences peuvent être catastrophiques comme on le voit au Proche-Orient et que le GNA refuse catégoriquement. Al Sarraj confiant en «la perspicacité de l'Algérie» Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale de Libye, Fayez al Sarraj, s'est dit confiant en «la perspicacité de l'Algérie» dans la gestion de la crise qui secoue son pays et «la levée des obstacles» entravant l'application de la solution politique en Libye. «Ma présence en Algérie vient en réponse à l'invitation du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et s'inscrit dans le cadre des visites de concertation entre les deux pays pour lever certains obstacles entravant l'application de la solution politique et nous sommes confiants en les efforts et en la perspicacité de l'Algérie dans la gestion d'une telle situation», a indiqué M.al sarraj, à l'issue d'un entretien avec le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. Après avoir rappelé que l'Algérie avait reçu plusieurs responsables libyens dans ce cadre, il a réitéré son appel à toutes les parties concernées à «se mettre autour de la table du dialogue pour régler nos problèmes par nous-mêmes, loin de toute ingérence étrangère». Cet objectif, a-t-il dit, «ne peut être atteint que si nous mettons de côté nos différends actuels et tentons d'ouvrir une nouvelle page pour l'édification de notre patrie et la réalisation de sa sécurité et de sa stabilité».