La pression des factions terroristes déjà présentes en Libye, particulièrement au niveau des frontières sahéliennes, mais aussi maghrébines, se nourrit, on le sait, d'un vaste trafic d'armes et d'une contrebande où prédomine le trafic de drogue. Annoncée par Abdelkader Messahel, au moment de l'ouverture des travaux de la 4ème session plénière du Groupe de travail du Forum global de lutte contre le terrorisme (Gctf) sur le renforcement des capacités au Sahel (GTS), qui se sont poursuivis hier à huis clos au club des pins, avec en ligne de mire la mise en oeuvre des bonnes pratiques du Gctf pour la prévention de l'extrémisme violent et du terrorisme, la visite du Premier ministre libyen Fayez al Sarraj attendu à Alger dans les tout prochains jours est d'une grande importance. Après celle que le président du Parlement basé à Tobrouk Saleh Aguila vient d'effectuer en Algérie où il a été reçu, ainsi que les députés qui l'accompagnent, par les présidents des deux chambres ainsi que le Premier ministre, tout en examinant les conditions d'une relance du dialogue inter -libyen avec Abdelkader Messahel, cette nouvelle visite de Fayez al Sarraj va sans doute permettre de confronter les positions des uns et des autres et de cerner, ou à tout le moins tenter de cerner, les points de convergence à partir desquels il sera possible de progresser dans la recherche d'une solution consensuelle. La conjoncture particulière qui prévaut non seulement en Libye où les milices de Misrata ne sont toujours pas parvenues à extirper les éléments de Daesh de leurs derniers refuges, à Syrte, et où les combats sporadiques se poursuivent entre les forces de Haftar et le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique exige une avancée significative, d'autant que le gouvernement d'union nationale va bientôt boucler une année d'existence, le contrat scellé dans le cadre de la médiation onusienne étant intervenu fin décembre 2015. La pression des factions terroristes déjà présentes en Libye, particulièrement au niveau des frontières sahéliennes mais aussi maghrébines, se nourrit, on le sait, d'un vaste trafic d'armes et d'une contrebande où prédomine le trafic de drogue. Ainsi, constitue-t-elle une menace endémique pour les pays voisins qui se sont penchés dernièrement sur la question dans le cadre du Groupe relevant de l'Union africaine et celle-ci a même consacré la dernière réunion du Haut comité pour la Libye à un examen approfondi des enjeux et des défis actuels. Si les pays occidentaux, notamment européens, ne cachent plus leur impatience et sinon même leur irritation devant la lenteur des évènements, inquiets de l'intensité croissante des flux migratoires en provenance de l'Afrique sahélienne mais pas seulement, les pays tels que l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte souhaitent vivement un dialogue plus résolu entre l'ensemble des parties concernées et la recherche d'un terrain d'entente entre Libyens exclusivement, loin de toute ingérence ni même interférence extérieure. L'Algérie pour sa part n'a jamais caché ses intentions véritables, pas plus que son entière disponibilité, pour contribuer aussi efficacement que possible à un dialogue inclusif, source d'une solution agréée par toutes les composantes au bénéfice du seul peuple libyen. Et, de fait, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe Abdelkader Messahel s'est dépensé sans compter pour aboutir à cette solution et «préserver (ainsi) la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye» tout en «renforçant la cohésion de son peuple». Les discussions avec le président du Parlement libyen vont donc se poursuivre avec Fayez al Sarraj dans un souci de moduler les exigences de chaque partie et de transcender les divergences pour tracer les perspectives d'un consensus, peut-être ardu et exigeant en la circonstance, mais ô combien espéré par le peuple libyen tout entier ainsi que par la communauté internationale. Un travail de longue haleine qui a déjà produit quelques fruits, mais qu'il faut poursuivre sans relâche pour espérer une vraie récolte, Abdelkader Messahel s'efforçant de déblayer, une à une, les dernières pierres qui minent encore le jardin libyen. Et la tâche demeure complexe, par-delà les apparences et les convivialités diplomatiques. Ainsi, nous apprenons qu'à peine remis, apparemment, de ses ennuis de santé, le maréchal libyen Khalifa Haftar, chef des forces de l'Est lié au Parlement de Tobrouk, a effectué les 27 et 28 novembre derniers une visite éclair à Moscou, pour la seconde fois au cours de cette année. Qualifiée de «visite officielle», même si elle n'a duré que quelques heures, il s'agit là de la seconde rencontre que Haftar, en quête de soutiens militaires, aura eu avec le ministre de la Défense, Serguei Shoigu, et le secrétaire du Conseil de sécurité nationale Nikolaï Patrouchev.