Le vote de la résolution 2334, par le Conseil de sécurité, un camouflet pour Israël? Sans doute! Toutefois, ce n'est là que l'un des aspects du contentieux israélo-palestinien. En fait, cette résolution a eu le mérite de découvrir que durant ces dernière années, la volonté politique avait cruellement fait défaut au Conseil de sécurité neutralisé par la toute-puissance du droit de veto. Donc, la résolution de l'ONU sur les colonies dans les territoires palestiniens occupés, est-elle une victoire pour les Palestiniens? Oui et non. Oui, dans le sens où ces derniers ont indubitablement marqué un point, exposant combien l'ONU a failli à sa mission, incapable de conformer Israël au droit international. Non, dans l'absolu, du fait que cela ne changera pas grand-chose dès lors que le Conseil de sécurité ne dispose pas de l'indépendance nécessaire lui donnant de fonctionner selon sa Charte fondatrice et en conformité avec le droit international. Le moins qui puisse être dit est que les Nations unies n'ont pas pu rétablir la légalité dans les territoires palestiniens et faire respecter ses résolutions - en principe contraignantes - par l'occupant israélien. Effectivement, Netanyahu a déjà fait savoir qu'Israël ne se conformera pas à la résolution votée vendredi par le Conseil de sécurité. Ce qui ne serait pas une première, Israël ayant ignoré la multitude de résolutions en lien avec le conflit israélo-palestinien. D'ailleurs, Israël n'a même pas respecté la résolution 181 II du 29 novembre 1947, portant partage de la Palestine historique en deux Etats [Palestine et Israël). Faisant écho au Premier ministre israélien, le président élu états-unien, Donald Trump, a promis que «tout va changer» à l'ONU (dès son investiture), une ONU considérée comme une annexe de la diplomatie états-unienne. Or, Israël, qui appelle à des négociations «directes», s'active, parallèlement, à rendre utopique l'édification d'un Etat palestinien. Peu à peu la colonisation a réduit en peau de chagrin les territoires palestiniens fragmentés, outre les colonies, par les check-points, les destructions des habitations... Les Etats-Unis qui se sont investis, ces dernières années, parrains du processus de paix, savaient pertinemment, que cela ne pouvait pas aboutir à la paix. D'ailleurs, les responsables états-uniens déploraient (en privé) la poursuite de la colonisation qui, selon eux, restait un obstacle insurmontable pour l'établissement de deux Etats vivant côte à côte. Or, officiellement, les Etats-Unis soutenaient, par leur veto, la poursuite du morcellement des territoires palestiniens. Aussi, pour une raison que lui seul connaît, le président sortant, Barack Obama - qui avait opposé son veto en 2011 à un texte similaire sur les colonies israéliennes - a décidé de ne pas faire usage du veto, son pays s'étant abstenu. Ce qui est excellent pour la légalité internationale. Il ne fait pas de doute toutefois que dès son installation à la Maison-Blanche, Donald Trump va tenter, par la menace, les pressions et l'intimidation de faire annuler le vote de vendredi dernier. Ce qui montre que le droit international que le Conseil de sécurité est censé faire appliquer a peu de poids face aux intérêts particuliers des puissants. à l'ONU, c'est le droit de la force qui prime, non pas le droit international. De ce point de vue, oui, l'ONU doit changer, doit être changée pour revenir à ses fondamentaux. Mais comment changer une ONU phagocytée depuis sa fondation par les grandes puissances, notamment les Etats-Unis, et par le droit de veto octroyé à ses membres permanents? Ce qui induit qu'aucun problème se posant aux Nations unies ne peut être résolu sans le consensus entre ses permanents [Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie]. Un fait qu'illustre on ne peut mieux la situation figée depuis 1967 du conflit israélo-palestinien. Non point du fait que le conflit soit ardu, mais en particulier, de l'incapacité des Nations unies à traiter Israël de la même manière que les autres nations. Ainsi, l'ONU peut tancer l'Iran, sanctionner la Corée du Nord, admonester la Russie, mais il ne peut ni sanctionner, encore moins condamner, les forfaits d'Israël contre le peuple palestinien. Israël avait même interdit en 2002 à la commission d'enquête de l'ONU, présidée par l'ex-président finlandais, Martti Ahtisaari, de pénétrer à Jenine où des centaines de Palestiniens avaient été tués par l'armée d'occupation israélienne. C'est dans ce sens qu'il convient de relativiser la résolution 2334 - une bouffée d'oxygène cependant pour les Palestiniens - et la replacer dans son contexte: l'impuissance de l'ONU à jouer son rôle de protecteur des peuples opprimés.