Dotée de tous les atouts pour booster le tourisme auquel aspire la wilaya Le grignotage et la déforestation des montagnes de la commune de Séraïdi et l'implantation de constructions, commencent à inquiéter à plus d'un égard. Autrefois station balnéaire par excellence, distante de 14 kilomètres du chef-lieu de la commune d'Annaba, la commune de Séraïdi commence à perdre ce statut, de par une politique d'urbanisation irréfléchie. Cette dernière consiste en la vente de terrains qui sont en réalité des sites de montagne abritant une flore spécifique pour la région. Culminant à plus de 1000 mètres d'altitude, Séraïdi a toujours été une station balnéaire rivalisant avec celle de Neuchâtel en Suisse et Cassis, près de Marseille en France. Malheureusement, aujourd'hui, il ne reste de cette station que le nom. Car, il faut bien le dire, les traces de Séraïdi commencent à s'effacer, sous les constructions tous azimuts qui ont envahi la zone. Les tonnes de béton ont remplacé des centaines d'hectares de forêts, cédant la place à des chantiers de constructions d'habitations. Des projets portant réalisation de promotions immobilières haut standing et villas huppées, appartenant à des promoteurs influents et des personnalités politiques, dont certains venus d'autres wilayas. Celui qui fut autrefois le poumon d'Annaba, avec un couvert végétal générant de l'air pur et frais, notamment en période des grandes chaleurs, et jouissait surtout de la protection des écologistes, est depuis une décennie soumis à une politique de destruction bien caractérisée. Depuis le point giratoire des Béni M'Hafeur, l'amorce de la commune de Séraïdi et jusqu'à Djenen El Bey en passant par la route principale menant au centre du village de Séraïdi, le constat est amer. Des engins grignotent la montagne à la faveur de constructions qui, en réalité, n'ont pas lieu d'être. Mais à travers une politique de complaisance et mafieuses surtout, la forêt se meurt chaque jour, avec une déforestation programmée, au sein d'un laxisme et indifférence des autorités d'une wilaya orpheline de conscience. Dotée de tous les atouts pour booster le tourisme auquel aspire la wilaya, la commune de Séraïdi ne semble pas susciter un quelconque intérêt dans ce sens hormis celui de grignoter des montagnes. Sinon comment expliquer cette extension urbanistique sur les bourrelets montagneux de l'ex-Bugeaud. Transformé en site foncier constructible, cette vision mercantiliste de la zone de Séraïdi a ignoré sa dynamique paysagère et son occupation des terres. Ce qui représente une menace à court et moyen terme, sous l'impacte de cette urbanisation effrénée qui implique la conservation de son état initialement naturel. Narguant toutes les lois de la nature et de la République et sans se rendre compte des dangers courus par la poussée du béton sur la biodiversité, l'argent et l'influence des uns et des autres continuent de jeter leur dévolu sur toute la flore à Séraïdi. Une situation à laquelle ni la direction des forêts, encore moins les écologistes n'ont pu y remédier... Assistant au carnage quotidien de Dame nature, les acteurs en charge de sa protection et sa préservation tiennent en mal leur patience, tous autant que les habitants d'Annaba qui, blasés de voir leur ville se défigurer dans l'impunité, interpellent les autorités locales, afin de mettre un terme à cet acte qu'ils qualifient de criminel contre la nature. De l'avis de plusieurs écologistes, apostrophés sur la question, dont B.B et D.B, respectivement de l'université de Constantine et de Jijel «l'urbanisation des hauteurs de Séraidi est une agression de l'environnement physique, bio-climatologique et hydrologique» nous dit-on. Un fait suscitant l'alerte sur la situation préoccupante de cette commune, en particulier la déforestation et le rasage des montagnes. Une réalité qui interpelle à plus d'un égard les responsables de la wilaya, pour une politique de gestion conservatoire appropriée du couvert végétal et du fonctionnement de l'écosystème dans la commune de Séraïdi et toute la ville d'Annaba.