La visite de M. Chamkhani intervient moins de deux mois après celle effectuée à la mi-février par le secrétaire général du Conseil national de sécurité iranien. La «réconciliation» semble marquer les relations algéro-iraniennes. Les visites croisées au niveau des chefs d'Etat a définitivement rétabli les relations normales entre les deux capitales, après le gel des relations diplomatiques au milieu de la dernière décennie. Téhéran était à l'époque accusée de soutenir les groupes terroristes en Algérie, allant parfois jusqu'à en faire l'apologie. Dans un monde caractérisé par des mutations à rythme effréné, les deux pays sont désormais déterminés à opter pour un partenariat dans divers domaines, notamment économique et sécuritaire. La visite de trois jours qu'effectue depuis hier à Alger, le ministre de la Défense et du soutien des forces armées de la République islamique d'Iran, l'amiral Ali Chamkhani entre dans le cadre de cette concertation permanente, conformément aux orientations des deux chefs d'Etat Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Khatami. Elle vise aussi à développer les relations d'amitié et de coopération entre les forces armées des deux pays. Au moment où le monde connaît de nouvelles mutations géostratégiques, caractérisées par la vision unipolaire américaine, voulant imposer son modèle de gouvernance aux pays d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie, à travers le projet du Grand Moyen-Orient (GMO), ces derniers comptent désormais aller de l'avant pour façonner leur propre destin. D'ailleurs, aussitôt accueilli par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nourredine Yazid Zerhouni, représentant du ministre de la Défense nationale, accompagné du général-major Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) et du secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le général-major Ahmed Sanhadji, l'hôte de l'Algérie a affirmé que sa visite s'inscrit dans le cadre de la poursuite «des étapes qui ont été entamées auparavant», rappelant à cette occasion la visite effectuée en Iran par le chef d'état-major de l'ANP. Le ministre iranien a également évoqué l'importance de la situation géographique des deux pays ainsi que le passé et la religion communs qui unissent les deux peuples frères. Le redéploiement diplomatique iranien vise en premier lieu à parer à l'embargo que lui ont imposé les Etats-Unis et l'Union européenne, en raison de son programme portant notamment sur l'enrichissement de l'uranium. La signature d'un accord de coopération entre l'Iran et la Russie a soulevé un tollé général auprès des adversaires de Téhéran. Ce qui a d'ailleurs, amené le président russe Vladimir Poutine à programmer une tournée européenne pour s'expliquer sur la portée de la coopération en matière nucléaire avec l'Iran. Une coopération qui, estime Moscou, revêt un caractère pacifique. Il convient de rappeler que la visite de M.Chamkhani intervient moins de deux mois après celle effectuée à la mi-février par le secrétaire général du Conseil national de sécurité iranien, M.Hassan Rohani. Il est utile de rappeler que lors de sa visite en Algérie, en pleine «crise nucléaire», M.Rohani a indiqué, concernant la question du nucléaire que «l'accent a été mis sur la nécessité d'utiliser ces armes à des fins pacifiques et non militaires ou contre les peuples». Avant d'ajouter que l'Algérie et l'Iran «sont d'avis que tous les pays et peuples du monde doivent tirer profit de ce qui existe légalement au niveau de l'Agence internationale de l'énergie atomique». Abondant dans le même sens, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que les entretiens avaient permis de passer en revue les moyens de développer la coopération bilatérale dans les domaines sécuritaire, politique et économique.