Les habitants de Damas souffrent cruellement du manque d'eau Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier à Azaz, qui a déjà été la cible de plusieurs attaques et offensives des jihadistes de l'EI qui cherchent en vain à s'en emparer. Un attentat particulièrement sanglant et attribué par des habitants au groupe Etat islamique (EI), a visé hier une ville syrienne frontalière avec la Turquie, alors que près de Damas, des techniciens étaient prêts à rétablir l'eau dans la capitale. Au moins 43 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'explosion d'un camion piégé à Azaz. Parmi les victimes de la déflagration qui s'est produite sur un marché en face d'un tribunal islamique de cette localité de la province d'Alep, figurent six rebelles, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé en Grande- Bretagne). L'identification est rendue difficile car certains corps sont entièrement calcinés, a souligné l'Osdh, ajoutant que des dizaines de personnes avaient également été blessées. Une vidéo montre d'importants nuages de fumée s'élevant d'une rue jonchée de débris métalliques, ramassés par des bulldozers. Des pompiers sont également à l'oeuvre, munis de lances d'incendie pour éteindre des véhicules en feu. Des secouristes, des rebelles et des civils fouillent les décombres d'un bâtiment dont la moitié s'est écroulé. Osama al-Merhi, un avocat présent sur les lieux de l'explosion, a pointé l'EI. «Ce genre de crimes sont uniquement commis par le groupe terroriste Daesh». «Ce sont eux qui visent les civils et les cadres qui construisent le pays», affirme-t-il. L'attentat intervient au neuvième jour d'un fragile cessez-le-feu en vigueur sur plusieurs fronts du pays en guerre mais qui exclut les territoires contrôlés par les groupes jihadistes. Plus de 310.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en mars 2011. A Damas, des millions d'habitants sont durement touchés depuis des semaines par une grave pénurie d'eau due aux combats incessants à Wadi Barada, un secteur rebelle clé où se trouvent les principales sources d'approvisionnement en eau potable pour Damas. L'ONU a qualifié les privations d'eau imposées aux civils de «crime de guerre». Les affrontements se poursuivaient hier matin à Wadi Barada après avoir fait au moins neuf morts - sept soldats et deux civils - dans la nuit, selon l'Osdh. En début de matinée, la télévision syrienne a affirmé que des équipes de maintenance étaient arrivées à la périphérie de la zone située à quelque 15 km au nord-ouest de Damas et se «tenaient prêtes à entrer» pour commencer les travaux. Selon une source proche du gouvernement, un cessez-le-feu temporaire a été conclu par les Russes pour permettre les réparations, même si le retour à la normale pour l'approvisionnement en eau de la capitale pourrait prendre des jours. Les combats à Wadi Barada font rage depuis des semaines, en dépit de l'entrée en vigueur le 30 décembre d'une trêve parrainée par la Russie et de la Turquie. Le gouvernement soutient que Fateh al-Cham, l'ancienne branche syrienne d'Al Qaïda, est présent à Wadi Barada et accuse les rebelles de «contaminer au diesel» les réserves d'eau, ce que nient les insurgés. Ces derniers affirment que les bombardements du régime ont détruit les infrastructures. 5,5 millions de personnes ont vu leur approvisionnement en eau coupé ou bien réduit parce que les sources de Wadi Barada sont inutilisables en raison des combats ou d'actes de sabotage, ont dénoncé jeudi les Nations unies. Les combats persistants compliquent la tenue de négociations, programmées en janvier à Astana, au Kazakhstan et parrainées par la Russie, l'Iran alliés du régime et la Turquie, soutien des insurgés. D'importants groupes rebelles ont déjà annoncé le gel de leur participation aux préparatifs d'Astana, accusant Damas de violer le cessez-le-feu, le énième depuis le début du conflit en 2011. Engagée militairement depuis septembre 2015 en Syrie, Moscou a changé la donne dans la guerre en répondant à l'appel du président Assad, pour aider l'armée syrienne en difficulté face aux rebelles, appuyés par des pays du Golfe et occidentaux.