Les subventions des produits de première nécessité coûtent 27% au budget de l'Etat Que les prix des produits secondaires comme la banane soient excessifs est compréhensible, mais quand c'est un produit de large consommation, comme la semoule, qui est touché par la spéculation, cela devient un acte criminel. Que veulent-ils? Que cherchent-ils? Des grossistes véreux ont osé toucher au sacré. Ils ont augmenté de manière scandaleuse et démesurée les prix de la semoule et ce à travers plusieurs wilayas du pays. Selon Mustapha Zebdi, président de l'Association de défense des droits des consommateurs (Apoce), «de la semoule supérieure qui était de 1000 DA est revendue par certains commerçants à 1450 da, soit une augmentation de près de 50%, ce qui est scandaleux pour un produit subventionné par l'Etat». Dans une déclaration faite hier à L'Expression, M.Zebdi a souligné que «ce sont les commerçants de quartiers qui ont alerté l'Apoce de cette situation pour l'informer que l'augmention leur est imposée par certains grossistes, voire même dans certaines minoteries». Que font alors les services du ministère du Commerce? Ont-ils été informés de cette grave situation? oui, répond le président de l'Apoce, mais «c'est fait de manière tellement professionnel qu'il est difficile de remonter la chaîne. Sur les factures ils ne laissent aucune trace». Que faut-il faire alors? «C'est à la brigade économique de faire une enquête, en tout cas il faut reconnaître qu'il y a une faille au niveau du contrôle», affirme Mustapha Zebdi annonçant par la même occasion que son association prendra le taureau par les cornes en lançant dès le 1er février prochain une campagne contre cette mafia de la semoule. «Nous allons attendre que les petits commerçants écoulent leurs stocks et on arrivera à identifier avec exactitude les promoteurs de cet acte criminel et que chacun prenne ses responsabilités», ajoute encore le président de l'Apoce. Que le prix des produits secondaires comme la banane soient excessifs est compréhensible, mais quand c'est un produit de large consommation comme la semoule qui est touché, notamment à l'intérieur du pays où les boulangeries sont rares, cela devient un acte criminel. La semoule est pratiquement la base de l'alimentation de ces populations isolées. Pour assurer une vie digne aux citoyens l'Etat dépense la bagatelle de 1,8 milliard de dollars comme subvention des céréales. Mais un Etat qui n'est pas près de ses sous est un Etat faible qui aura à subir de vives tensions sociales comme résultat de sa passivité. Il ne s'agit pas de pointer du doigt... la main de l'étranger et la facilité de l'explication par le complot, mais il est difficile de se convaincre qu'il s'agit d'un simple dysfonctionnement au niveau de l'approvisionnement. L'affaire est bien orchestrée et doit évidemment obéir à des objectifs précis. L'histoire est un éternel recommencement. Quand on touche à la semoule, il nous revient à l'esprit les émeutes du pain en 1984 en Tunisie, les émeutes avortées de l'huile et du sucre à Alger en janvier 2011. Tout a commencé par l'école, ensuite par la grève des commerçants à Béjaïa avec les dégâts qu'on a connus. En analysant lucidement ces faits, on comprend qu'il doit y avoir des promoteurs derrière cette volonté de créer le désordre, des personnes que la sinistrose, voire l'implosion du pays arrangent parfaitement. Malgré des tensions budgétaires induites par la chute des prix du baril, le gouvernement n'a pas pour autant renoncé aux acquis sociaux. Les subventions des produits de première nécessité coûtent 27% au budget de l'Etat. Cela même si à terme il va falloir cibler ces subventions, mais on n'en est pas à ce stade. La relative aisance financière, l'absence de la dette extérieure qui donne une certaine liberté d'action économique, le répit et la paix sociale connus durant ces dix dernières années fait des envieux. L'Algérie est aujourd'hui un véritable îlot de stabilité dans un océan de conflits régionaux sans fin ni lendemains. Le défi est de préserver cette paix si fragile acquise au prix d'un lourd sacrifice durant la décennie noire.