Une perte pour les Algériens En l'espace de 24 heures, l'Algérie perd deux grands noms du milieu des arts et de la culture. Après la disparition la veille, à l'âge de 79 ans du comédien et grand homme de théâtre Abou Djamel, alias Arezki Rabah de son vrai nom, c'est au tour du père de la caméra cachée algérienne des années 1970, le réalisateur Hadj Rahim qui disparaît à son tour. Ce dernier est décédé dans la nuit du vendredi 13 janvier 2017 à son domicile, a rapporté ce matin le ministre de la Culture sur sa page Facebook. Le réalisateur Hadj rahim a inspiré toute une génération de réalisateurs pour la production de la Caméra cachée. Les jeunes lui doivent beaucoup. Mais autres temps autres moeurs. Hadj Rahim a été inhumé hier, après la prière du dohr au cimetière de Sidi Yahia. Sur les réseaux sociaux, les cinéastes qui ont eu la chance de travailler avec lui dans le passé ou le côtoyer ne tarissent pas d'éloges envers lui. Ainsi, l'auteur du long métrage L'Héroïne, Chérif Laggoure, s'est empressé de poster sur sa page Facebook sa grande surprise et son immense peine suite au «décès d'un ami cinéaste. (qui) fait partie de ces personnes qu'on imagine éternelles» et de confier: «D'abord, j'étais incrédule en apprenant la nouvelle sur FB. Puis, je compose son numéro et je tombe sur son épouse qui me confirme la triste nouvelle. J'étais son premier assistant sur le long métrage Serkadji. C'était mon premier long métrage et j'avais beaucoup appris sur ce film. Il m'avait confié une grande partie du casting. En particulier les rôles d'Européens. Et il ne voulait pas d'Algériens de type européen. Donc il me fallait écumer tous les lieux fréquentés par des Français expatriés. Et ce n'était pas facile de trouver au moins 10 comédiens non professionnels,mais crédibles. A court d'idées, le dernier jour, je lui ai quand même imposé un célèbre psychiatre algérien. Une fois habillé et maquillé le psy a fait illusion, mais cela n'a pas échappé à Hadj Rahim qui s'est rendu compte de la supercherie. Il m'interpelle gentiment: ́ ́Tu sais qui c'est ce bonhomme? ́ ́.Je réponds ́ ́non ́ ́.Hadj: ́ ́C'est le docteur Bouchek ́ ́.Et c'est vrai que je l'ignorais...Adieu l'ami. C'est un des souvenirs que je garde de toi. Tu vas nous manquer». Pour l'auteur de Dix millions de centimes et de Larbi Ben M'hidi film très attendu cette année, Bachir Derrais raconte «Hadj Rahim, réalisateur de cinéma et de télévision est parti sur la pointe des pieds. Il était malade, mais de temps en temps on se croisait sur une terrasse autour d'un café au Sacré-coeur d'Alger pour remémorer les bons moments que nous avons passés ensemble à l'Enpa. Je l'avais connu alors que je n'avais même pas 20 ans, il était élégant, généreux et bon vivant. Mes sincères condoléances à sa femme et tous ses proches. Repose en paix l'ami.» Deux témoignages qui suffisent pour dire la tendresse que suscitait cet homme chez les professionnels du 7e art en Algérie, car il y a des gens comme ça qui partent sans faire trop de vagues, sur la pointe de pieds mais qui laissent des marques et des empreintes indélébiles dans la mémoire collective des gens. Hadj Rahim est parti rejoindre au Vaste Paradis les Mohamed Bouamari, Amar Laskri et tant d'autres artistes qui nous ont quittés.