«Il y va de la crédibilité de nos chaînes et, plus encore, de l'honorabilité de notre pays, de l'exemplarité de sa diplomatie», estime l'Arav. A l'approche des élections législatives où la scène médiatique aura un rôle central, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) a rendu public, hier, un long document où l'usage de la religion dans les médias audiovisuels a été abordé. Relevant une amélioration dans le traitement du fait religieux dans les chaînes de télévision privées, l'Arav n'en relève pas moins la nécessité de garder la religion en dehors des débats électoraux. L'Autorité invoque la Constitution, dans son article 50, pour appuyer son propos. Ledit article stipule en effet, que «la diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation». Par valeurs religieuses, l'Arav qui a consulté le ministère des Affaires religieuses, le Haut Conseil islamique et nombre d'universitaires spécialistes, retient que «tout prédicateur porteur d'un discours excommunicateur est proscrit, de fait, des antennes nationales, qu'il soit algérien ou étranger». Ce n'est pas à proprement parler une sentence, mais cela ressemble à une mise en garde ferme adressée à tous les acteurs de l'audiovisuel national qui seraient tentés par une approche sectaire de la pratique religieuse. Ainsi, à quelques semaines de l'ouverture de la campagne électorale, l'Arav trace les lignes rouges, notamment sur la question du discours religieux. Dans le document, l'Autorité présidée par Zouaoui Benamadi, note que «glorifier l'islam ne signifie pas attaquer les autres religions, quelles qu'elles soient, ni invectiver leurs symboles sacrés ou outrager leurs dogmes et leurs croyances». Pour l'Arav donc, «défendre le référent national, bien qu'étant un devoir citoyen, ne donne pas droit non plus aux insultes vis-à-vis des autres obédiences de l'islam, quelles qu'elles soient, même celles qui nous sont théologiquement dissemblables». Cette précision vaut-elle un coup de semonce en direction des candidats islamistes qui seraient tentés de développer un discours «sunnite» radical? L'Arav n'ira pas plus loin dans ses mises en garde et souligne que «nous devons oeuvrer, à travers nos programmes audiovisuels, en faveur de l'instauration d'une fraternité universelle, tant voulue par l'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien moderne, afin de démentir la théorie du 'choc des civilisations'' en apportant l'espérance dans le monde et en agissant pour le bien, non en s'impliquant dans la division et la discorde qui sont des pratiques contraires à l'enseignement de l'islam, étrangères à nos moeurs et opposées à l'héritage spirituel de nos aïeux», recommande-t-elle. Les lignes rouges étant tracées pour ce qui concerne le traitement du fait religieux par les chaînes de télévision, l'Arav estime qu' «il y va de la crédibilité de nos chaînes et, plus encore, de l'honorabilité de notre pays, de l'exemplarité de sa diplomatie, de sa place méritée dans le concert des nations et de son respect du droit international en matière de liberté de conscience garantie par la Constitution qui stipule dans son article 42 que la liberté de conscience et la liberté d'opinion sont inviolables. La liberté d'exercice du culte est garantie dans le respect de la loi''». Les chaînes TV «sont donc invitées à faire preuve de sagesse et de discernement en offrant un discours modéré à tous les niveaux, en prônant les valeurs d'amour, de paix, de tolérance et en promouvant le dialogue des religions et la culture du vivre-ensemble», conclut l'Arav, non sans affirmer que «tel est le credo et le code d'éthique que l'Arav se propose de soumettre aux acteurs de l'espace audiovisuel en guise de plateforme de travail collaboratif impliquant toutes les parties et institutions traitant, directement ou indirectement, du fait religieux». Enfin, le souhait exprimé par L'Arav exprime, «parvenir à préserver le paysage médiatique face à la montée croissante de ce péril planétaire qui menace la sécurité de notre pays et de notre société».