L'Autorité met en garde et souligne qu'il "ne saurait être admis que la religion fasse l'objet de spéculation ou de manipulation médiatique à des fins politiques ou partisanes". Les discours développés lors de la prochaine campagne électorale pour les législatives seront passés au peigne fin par l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav). L'Autorité a d'ores et déjà décidé d'imposer les règles du "traitement du fait religieux" dans les médias audiovisuels. Cette décision de l'Arav vient après les multiples rappels à l'ordre adressés à plusieurs chaînes TV privées qui s'illustrent par des émissions dites religieuses non conformes à la tradition spirituelle nationale. L'Arav appelle, ainsi dans un document intitulé "Quelques observations à propos du traitement du fait religieux dans les médias audiovisuels", à mettre la religion "à l'abri de toute tentative d'instrumentalisation à l'occasion des prochaines élections législatives". Elle a expliqué que "le document se propose de rendre compte de la phase exploratoire d'écoute et d'échange, menée en coordination avec ses partenaires officiels (...)", soulignant que le document est utile et nécessaire. Pour l'Arav, il y a "un impératif moral quant à notre responsabilité collective de protéger, sauvegarder et valoriser, ensemble, notre identité nationale façonnée au cours des siècles par l'islam", ajoutant que "le caractère sacré et inviolable de notre patrimoine spirituel ancestral se trouve être consigné dans la Constitution en termes on ne peut plus clairs et précis". L'Arav s'appuie, donc, sur l'article 50 de la loi fondamentale qui souligne que "la diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation". L'Autorité met en garde et souligne qu'il "ne saurait être admis que la religion fasse l'objet de spéculation ou de manipulation médiatique à des fins politiques ou partisanes". Une menace à peine voilée à l'endroit des partis d'obédience islamiste qui seraient tentés d'exploiter "le discours religieux" lors de la prochaine campagne électorale. L'avertissement de l'Arav contre toute instrumentalisation de la religion par les politiques concerne aussi les médias, notamment privés. L'Arav indique qu'elle "espère voir nos prêcheurs amenés spontanément à tenir un discours doctrinal en conformité avec les croyances locales et à faire preuve de non-allégeance intellectuelle à des courants de pensée hostiles à la modernité, à la concorde civile ou à nos traditions ancestrales, y compris notre style vestimentaire", précisant que "tout prédicateur porteur d'un discours excommunicateur est proscrit, de fait, des antennes nationales, qu'il soit algérien ou étranger (...) de même que les légions d'exorcistes, de conjurateurs, de mages, de sorciers, de devins, d'enchanteurs, de faux prophètes, de marchands de rêves et autres pseudo-thérapeutes et guérisseurs autoproclamés qui peuvent tous tomber, un jour ou l'autre, sous le coup de la loi en cas de manipulation mentale, d'abus ou de dérapage de tous genres, de telle sorte qu'ils finiront tous par être démasqués et mis hors d'état de nuire". Une mise en garde claire contre ceux qui s'arrogent "le droit d'abrutir la société algérienne, fût-ce par la religion". L'Arav explique qu'il faut "libérer la foi du charlatanisme et de toutes sortes de fantasmagorie". Mohamed Mouloudj