Financé essentiellement par l'organisation humanitaire de la Communauté européenne Echo, le projet a tracé comme objectifs la réhabilitation et l'équipement du centre de soins psychologiques de Bentalha. Le rendez-vous a lieu jeudi au sein dudit centre, afin de s'enquérir de l'état d'avancement du projet ayant démarré depuis plus de dix mois et ce, en présence des représentants d'Echo, ceux du bureau du Comité international pour le soutien des peuples (Cisp), ainsi que des membres de la Fondation pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). Le projet a permis l'ouverture de plusieurs ateliers destinés aux enfants victimes du terrorisme dont la tranche d'âge varie entre 5 et 18 ans. On trouvera entre autres, l'atelier de broderie, celui de coiffure ou encore d'informatique. Des diplômes seront remis aux stagiaires leur permettant de rejoindre le monde du travail. Obligée de quitter les bancs de l'école, sous la menace terroriste, Hassiba, 16 ans, qui suit un stage de coiffure, nous dira: «Les terroristes ont fait irruption dans mon école en 1996, ils ont égorgé une de mes camarades, depuis j'ai peur d'y retourner.» Mais au-delà de la formation professionnelle, il s'avère que l'objectif principal de l'initiative est d'assurer une meilleure réinsertion sociale des enfants victimes du terrorisme. Ces derniers sont traumatisés après avoir été confrontés au vide, à la douleur, à la mort. «A travers ces confrontations, on prépare l'enfant traumatisé à mieux gérer ses relations avec son entourage social», explique une psychologue, exerçant dans le centre de soins psychologiques de Bentalha. Concernant la prise en charge psychologique et malgré les efforts louables développés en ce sens, il ressort, d'après cette jeune, un manque de coordination. L'obstacle majeur demeure l'insuffisance de personnel spécialisé dans le trauma et l'expérience traumatique, ainsi que l'absence de matériels et d'équipements spécialisés, d'où l'intérêt accordé au service psychologique par ce projet. A ce sujet, ledit centre, qui fonctionnait avec des moyens très limités, a bénéficié de plusieurs équipements tels que des micro-ordinateurs, des jouets pour enfants, un cybercafé y a été aussi ouvert, le but étant de rendre le service plus accueillant, plus attractif, selon Mme Zohra Hamoui. Afin de prévenir la névrose traumatique chez les sujets violents, mais d'apparence indemne tant physiquement que psychologiquement, une classe de préscolaire a ouvert ses portes aux enfants âgés de cinq ans. «Ces enfants ne vont pas à l'école, il devient alors très difficile de détecter leur trauma, face à l'ignorance ou peut-être à la négligence du milieu familial, cette classe est un moyen efficace de récupérer les enfants qui souffrent en silence», nous dira une institutrice. Durant ces dix mois, il a été question de promouvoir la formation des psychologues chargés de s'occuper des victimes du terrorisme. Dans ce sens, on a fait appel à l'expérience étrangère. En effet, Mme Yveline Chevalier, psychologue belge ayant une grande expérience dans les zones en guerre, telles que le Kosovo, la Somalie précise: «J'essaie, de par mon expérience, d'aider les psychologues à assurer une meilleure prise en charge des victimes du terrorisme, parce que, faut-il préciser, c'est une mission aussi sensible que difficile». Mme Chevalier a mis en exergue le rôle important de la famille en Algérie, qui pourra être une étape extrêmement importante dans le traitement psychologique des enfants traumatisés. «L'intensité de la violence en Algérie ne fait pas, de l'expérience traumatique chez la population qui en a été témoin oculaire ou touchée physiquement, des cas spécifiques parce que peu importe la violence, le choc demeure le même», explique notre interlocutrice. L'on note aussi que dans le cadre de ce projet, une polyclinique a été inaugurée jeudi à quelques encablures du centre de soins psychologiques de Bentalha, elle assure les soins médicaux gratuitement à la population de la région pour la majorité démunie. On y trouvera plusieurs spécialités, telles que la radiologie, l'échographie, une salle de soins, un laboratoire d'analyses, soins dentaires, etc. La Communauté européenne financera d'autres projets relatifs à la prise en charge des victimes du terrorisme. Dans ce sens, des centres vont être ouverts à Aïn Defla, Tiaret et Bordj El-Kiffan... afin de répertorier la population. Si l'enfant est agressé, torturé, violenté, si la seule image de référence n'est faite que de violence et d'agression, il y a grand risque de la faire entrer dans un cercle infernal répétitif de la violence, conclut une psychologue.