Mondher Zenaïdi, Mehdi Jomâa et Hamadi Jebali, des ambitions et des initiatives Sorte de test grandeur nature, cette élection locale va servir pour beaucoup de futurs candidats de moment idéal pour se préparer aux rendez-vous de 2019 lorsque la Tunisie sera à l'heure des législatives et de la présidentielle. A peine commencée l'année 2017, la vie politique tunisienne s'est emballée vite fait bien fait, avec une effervescence surprenante si l'on considère le nombre de joutes verbales et les montées au créneau tonitruantes de certaines personnalités. C'est ainsi que les Tunisiens se délectent depuis plusieurs jours avec les échanges d'amabilités acides entre le président de l'Union patriotique libre (UPL) et l'entourage du président Beji Caïd Essebsi appuyé par le Premier ministre Youcef Chahed. Celui-ci a émis des doutes sur la fortune de Riahi qui a aussitôt donné libre cours à ses critiques les plus virulentes sur les liens entre le palais de Carthage et celui de la Kasbah tandis que la porte-parole de l'UPL rappelait que «lors du 2ème tour de l'élection présidentielle, Slim Riahi a soutenu Béji Caïd Essebsi à tous les niveaux» et que «Youssef Chahed a eu recours aux fonds de Slim Riahi dans le cadre du projet Maktharis à Siliana».On le voit, à peine retombée la polémique sur le «duopole» Essebsi-Ghannouchi et les multiples interrogations autour du sujet controversé du retour des terroristes engagés en Irak et en Syrie, les débats s'intensifient en prévision de la prochaine échéance électorale prévue avant la fin de l'année courante. Sorte de test grandeur nature, cette élection locale va servir pour beaucoup de futurs candidats de moment idéal pour se préparer aux rendez-vous de 2019 lorsque la Tunisie sera à l'heure des législatives et de la présidentielle. Parmi les nombreux postulants qui se préparent fiévreusement à entrer en piste, trois personnalités défraient également la chronique tunisienne ces jours derniers. Tout d'abord, on parle beaucoup de Mondher Zenaïdi qui était pressenti en 2015 pour une candidature très attendue à l'élection présidentielle de 2014 et qui s'apprêtait à lancer un mouvement politique de grande envergure, susceptible de fédérer tous les destouriens, d'une part, et un grand nombre des déçus de Nidaa Tounes, d'autre part. Zenaïdi a pris du recul pendant de longs mois, restant silencieux sur ses projets éventuels. A celles et ceux qui l'interrogeaient sur ses intentions à court et moyen terme, il a opposé un certain attentisme, mais voilà qu'en novembre dernier, il a brusquement changé de stratégie.Plus disert sur son retour prévisible sur la scène politique, avec un projet revisité, il a présidé en novembre donc un meeting en présence d'un millier de fidèles venus de toutes les régions de Tunisie, parmi lesquelles des personnalités politiques du camp démocrate, des représentants des organisations syndicales et de la société civile ainis que des défenseurs des droits de l'homme. A cette assistance mobilisée pour un discours de campagne, il a confirmé que dans les semaines qui suivent, un projet politique sera lancé avec le label provisoire de «Initiative des anciens jeunes et étudiants destouriens». Pour aboutir à cette rencontre novembriste, de nombreuses réunions avaient été organisées depuis le début de l'année écoulée, à travers tout le pays, à l'initiative de jeunes mobilisés pour le succès de cette initiative. Dans le même temps, ou presque, l'ancien chef du gouvernement technocrate entre janvier 2014 et février 2015, Mehdi Jomaâ, a également procédé, durant l'été écoulé, au lancement de son mouvement politique baptisé «Tunisie Alternatives». Son objectif, explique-t-il volontiers, est d'affirmer «la volonté de construire et la détermination de réformer tout en s'alignant sur un itinéraire qui conduit vers une nouvelle Tunisie». Intervenant voici peu sur «Al Wtaniya 1, Mehdi Jomâa a dit les craintes du peuple tunisien quant à l'avenir, six ans après le mouvement de 2011, malgré des «avancées politiques et démocratiques». En fait, sa démarche constitue surtout une réponse à l'invite de Mohsen Marzouk qui lui proposait depuis plusieurs mois de rejoindre son mouvement. Idem pour l'ex-chef du gouvernement Hamadi Jebali, en rupture avec Ennahdha, dont il fut le secrétaire général jusqu'en 2015, et qui multiplie les contacts avec Mustapha Ben Jaâfar, ancien président de l'Assemblée nationale constituante et secrétaire général du parti Ettakatol, l'ex-ministre des Finances, Jalloul Ayed et Kamel Morjane, dernier ministre de la Défense du régime Ben Ali et chef du parti Al Moubadara qu'il cherche à convaincre pour une initiative commune ou, à tout le moins, un appel sur la gravité de la situation sécuritaire de la Tunisie. Parmi ces trois projets, force est de dire que le plus crédible et le plus avancé, en ce moment, reste de loin celui de Mondher Zenaïdi qui a eu largement le temps de s'y préparer, malgré les appels incessants et les impatiences réitérées de ses nombreux adeptes, convaincus que les rendez-vous de fin 2017 et de 2019 seront sans doute l'heure de la consécration. Mais pour cela, il lui reste à s'ancrer dans le paysage politique majeur, dominé depuis ces cinq dernières années par Nidaa Tounes et Ennahda qui a opéré sa mue en 2016, pour se débarrasser de sa gangue intégriste. C'est en scellant une union sacrée avec d'autres formations marginalisées par Nidaa Tounes, avant son implosion et ses dérives actuelles, qu'une telle ambition pourra être scellée et constellée.