Les tractations vont bon train en Tunisie en prévision du deuxième tour de la présidentielle, le 21 décembre en cours et qui se jouera entre le chef de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, et le président sortant, Moncef Marzouki. Le duel s'annonçant serré, les alliances semblent nécessaires pour trancher. C'est qu'a affirmé hier son secrétaire général Taïeb Baccouche. Avant la présidentielle, les Tunisiens ont élu leurs députés, et Nidaa Tounes, arrivé en tête, examine les forces en présence, pour former sa majorité de gouvernement à l'Assemblée. Le parti de Beji Caïd Essebsi se dit dès maintenant en mesure de former une majorité, et ce, sans avoir à s'allier avec ses ennemis islamistes. C'était la grande crainte des militants Nidaa Tounes : voir leur parti destourien former une alliance contre nature avec les islamistes. Comme Ennahda en 2011, Nidaa Tounes, arrivé en tête aux législatives d'octobre dernier, ne bénéficie pas d'une majorité suffisante pour gouverner seul. Une alliance est donc obligatoire et un accord allant jusqu'aux islamistes n'avait jamais été vraiment exclu par l'un ou l'autre camp, pourtant aux antipodes de l'échiquier politique tunisien. Cette fois, Nidaa Tounes formation héritière des valeurs de Bourguiba, et souvent qualifiées d'anti-islamiste, s'estime en mesure de pouvoir former une coalition sans Ennahda. Selon son secrétaire général, plusieurs indépendants et quatre partis seraient d'accord: l'Union patriotique libre (UPL), du sulfureux milliardaire président de club de foot Slim Rihari ; Afek Tounes, une petite formation très libérale, issue de la bourgeoisie tunisienne ; et al-Moubadara, fondé par Kamel Morjane ancien ministre des Affaire étrangères de Ben Ali. Selon Nidaa Tounes cette alliance parlementaire permettrait d'atteindre entre 115 et 12O sièges dans une Assemblée de 217 députés dans laquelle le futur gouvernement doit obtenir le soutien d'au moins 109 députés pour gouverner. Selon ce scénario, Ennahda resterait dans l'opposition avec ses 69 députés, contre 86 pour Nidaa Tounes. Mais aucune majorité ne sera formée avant le second tour de la présidentielle, le 21 décembre, entre le chef de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, et le président sortant Moncef Marzouki. Dans une interview accordée à l'agence turque Anadolu, le candidat Moncef Marzouki a fait le point sur ses alliances avec les différents courants politiques au 2e tour de l'élection présidentielle, notamment dans la famille de la gauche tunisienne. Marzouki a insisté sur le fait qu'il est soutenu aussi par un électorat de toutes les catégories y compris par des hommes d'affaires et des femmes de la bourgeoisie tunisienne. Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé hier une nouvelle tranche de prêt de 105 millions de dollars à la Tunisie, dans le cadre du plan d'aide destiné à soutenir la transition politique du pays. Le feu vert du conseil d'administration du FMI porte à 1,15 milliard de dollars le montant alloué à la Tunisie depuis juin 2013, a indiqué l'institution dans un communiqué. Au centre du Printemps arabe, la Tunisie avait alors obtenu une ligne de crédit totale de 1,7 milliard de dollars sur deux ans. «La Tunisie a accompli une transition politique réussie tout en traversant un environnement difficile au niveau intérieur comme extérieur», a affirmé un responsable du Fonds monétaire dans un communiqué.