Mohammed VI le roi du maroc Le processus doit se faire «dans l'adhésion totale à l'Acte constitutif de l'UA et ce dans le cadre du respect de la souveraineté des Etats membres», a déclaré jeudi l'ambassadeur du Kenya à Alger, Moi Lemoshira. Le Maroc peut adhérer à l'UA à condition qu'il le fasse «dans l'adhésion totale à l'Acte constitutif de l'UA et ce dans le cadre du respect de la souveraineté des Etats membres», a déclaré jeudi l'ambassadeur du Kenya à Alger, Moi Lemoshira. C'est là où cela pose problème. L'Union africaine est-elle prête à piétiner son propre règlement? Peut-elle accueillir en son sein un pays qui occupe les territoires d'un de ses membres fondateurs? Impossible si l'on se fie à son acte constitutif qui impose le respect des frontières héritées de la colonisation. Le Maroc qui a annexé les territoires du Sahara occidental depuis 1975 après que l'Espagne, puissance colonisatrice, s'en est retirée est donc en porte-à-faux avec ce principe qui constitue le socle de l'UA. Le Sahara occidental fait partie de la liste de l'Organisation des Nations unies des territoires qui restent à décoloniser. Il n'est donc pas question que le royaume fasse exception. «Dans l'Union africaine, il n'y a pas de petits pays ou de grands pays, de nouveaux ou d'anciens Etats, car la souveraineté des Etats doit être respectée» et «nous sommes un pays qui milite pour la liberté en soutenant les pays membres», a souligné le diplomate kenyan lors d'un point de presse tout en indiquant que son pays «n'a aucune objection concernant l'adhésion d'un pays à l'UA». La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) est «un membre à part entière de l'Union africaine qui est un ensemble regroupant en son sein des pays souverains, indépendants et égaux», a précisé l'ambassadeur du Kenya à Alger. «Le Kenya est très honoré que la décision pour les Sahraouis de devenir membres de l'UA ait été prise dans notre pays», a rappelé Moi Lemoshira. Le Maroc qui doit présenter sa demande d'adhésion à l'occasion du prochain Sommet de l'UA qui se tiendra à la fin du mois de janvier à Addis-Abeba, en Ethiopie sera face à toutes ses «incohérences». Le souverain marocain a tout tenté pour empêcher la reprise des négociations avec le Front Polisario et court-circuiter l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de se prononcer librement quant à son destin. Sur sa propre décision a été expulsée la composante civile de la Minurso, rendant sa mission inopérante. Comme il a tenté de retirer sa confiance à Christopher Ross, représentant spécial pour le Sahara occidental de l'ex-secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon. Annihilant du coup ses efforts pour parvenir à une solution négociée du conflit qui oppose le Front Polisario au Maroc. C'est dans cette conjoncture électrique qu'est tombé comme un couperet l'arrêt rendu par la Cour européenne de justice dans le cadre de l'accord agricole signé entre l'UE et le Maroc en 2012: «Il est exclu de considérer que l'expression territoire du Royaume du Maroc...englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», ont conclu les magistrats de la Cjue qui ont statué à ce propos le 21 décembre 2016. «Une défaite sévère pour le Maroc» qui aura un impact sur la demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine avait souligné l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie. «C'est loin d'être acquis... son éventuelle adhésion sera conditionnée par son acceptation formelle des critères et des principes consignés dans l'Acte constitutif de l'UA (notamment l'acceptation et le respect des frontières héritées du colonialisme) et elle ne se fera certainement pas au détriment de la Rasd qui est un Etat fondateur de l'Union africaine», a précisé l'ex-porte-parole du ministère des Affaires étrangères.