Le souverain marocain aura, notamment, à corriger sa position par rapport au Sahara occidental. «Le roi ira à Addis-Abeba pour défendre l'entrée du Maroc à l'Union africaine», a déclaré le 12 janvier à la presse le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane. C'est loin de constituer une simple balade ou une simple formalité. Le souverain marocain aura, notamment, à corriger sa position par rapport au Sahara occidental, à s'expliquer sur ses discours guerriers et les campagnes de haine fomentées contre l'Algérie. Evitera-t-il le face-à-face qui paraît inévitable avec les diplomates et les responsables algériens qui ont été la cible de campagnes revanchardes de la part de médias marocains aigris par les revers cinglants subis par leur diplomatie? Que leur dira t-il? Que le Sahara occidental est marocain? L'UA appréciera. La démarche du Royaume intervient alors qu'il demeure l'unique et dernier pays colonisateur d'un territoire d'Afrique inscrit sur la liste de l'ONU des 17 pays qui restent à décoloniser avec de surcroît l'arrière-pensée de l'exclure d'une instance dont il est un des membres fondateurs. Mohammed VI l'a clairement affiché dans un message adressé au 27ème Sommet de l'UA qui s'est tenu au mois de juillet 2016 à Kigali, au Rwanda. Il annonçait que le temps est venu pour que Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle tout en soulignant que «la reconnaissance d'un pseudo-Etat (Sahara occidental, Ndlr) était dure à accepter par le peuple marocain.» On ne peut être plus clair. Le Maroc ne lâchera pas le morceau et compte revenir au sein de la famille africaine comme il en est sorti. De façon fracassante. Sans conditions. Feignant d'ignorer que son occupation du Sahara occidental est en pleine contradiction avec l'acte constitutif de l'Union africaine. L'Algérie, le lui a signifié. «Un pays ne peut pas demander son adhésion à l'UA avec des conditions. Concernant ces conditions, certains parlent de la suspension de la Rasd (République arabe sahraouie démocratique). A aucun moment l'acte constitutif (de l'UA) ne parle de cela.», a déclaré le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. «L'UA demeure solidaire avec le peuple sahraoui et réaffirme avec force son droit à l'autodétermination», avait ajouté la présidente de la Commission de l'UA, Dlamini-Zuma. Le Sahara occidental: «C'est le dernier avant-poste de l'occupation coloniale en Afrique, qui doit être démantelé dans l'accomplissement de la vision des pères fondateurs, à lutter pour une Afrique pleinement indépendante et souveraine», avait déclaré Robert Mugabe, président du Zimbabwe et ex-président de l'Union africaine, lors de la cérémonie de célébration des 52 ans de la fondation de l'OUA. Des déclarations renforcées par l'arrêt rendu par la Cour de justice européenne le 21 décembre 2016. «Il est exclu de considérer que l'expression territoire du Royaume du Maroc...englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», ont conclu les magistrats de la Cjue qui ont statué sur l'accord agricole signé en 2012 entre le Maroc et l'Union européenne. Il pèsera lourd dans la balance... «Une défaite sévère pour le Maroc» qui aura un impact sur la demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine a souligné l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie. «C'est loin d'être acquis... son éventuelle adhésion sera conditionnée par son acceptation formelle des critères et des principes consignés dans l'Acte constitutif de l'UA (notamment l'acceptation et le respect des frontières héritées du colonialisme) et elle ne se fera certainement pas au détriment de la Rasd qui est un Etat fondateur de l'Union africaine», a précisé l'ex-porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Les tournées enchaînées par Mohammed VI en Afrique (Rwanda, Tanzanie, Gabon, au Sénégal, Ethiopie, Madagascar...) pour rejoindre l'UA s'apparentent à un chemin de croix.