Des discussions indirectes Les parrains de l'accord souhaitent maintenant passer à l'autre étape, celle des pourparlers politiques sans lesquels un accord militaire ne saurait être viable, ont-ils tenu à rappeler dans la déclaration précitée. Le représentant de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, a semé le vent de l'optimisme en déclarant hier, en fin de matinée, que les pourparlers entre la délégation de Damas et celle des groupes de l'opposition étaient tout près d'aboutir à une déclaration finale. Il faut dire que la deuxième journée des pourparlers semblait plombée par le refus exprimé la veille par la délégation des insurgés d'un dialogue direct, faisant planer un doute sur les conditions favorables exprimées par les parrains de cette rencontre. «Nous sommes proches d'une déclaration finale. Il y a des discussions très intenses car il ne s'agit pas juste d'un bout de papier, il s'agit d'une cessation des hostilités», a déclaré M.de Mistura, exprimant l'espoir que les pourparlers pourraient s'achever mardi soir (hier soir). Le gouvernement syrien et les groupes d'opposition engagés dans les pourparlers de paix d'Astana, qui ont débuté lundi dernier sous le patronage de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, n'ont pas caché leur aspiration, somme toute raisonnable, à un renforcement du cessez-le-feu établi grâce à la médiation russo-turque de décembre 2016. Dans les deux camps, le souci était en effet sincère de travailler à la consolidation du cessez-le-feu de manière à conforter la réduction des violences, même si de part et d'autre il est fait état de violations répétées. Le chef de la délégation du gouvernement syrien, Bachar Jaâfari, a beaucoup insisté sur la nécessité d'engager un véritable «processus politique» pour le règlement du conflit, revenant une fois de plus sur l'exigence d'une séparation stricte entre groupes armés et groupes terroristes en référence au groupe terroriste autoproclamé Etat islamique et à Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie). Sans cesse, Damas a catégoriquement exclu des pourparlers les éléments apparentés ou proches de ces deux organisations qui portent une lourde responsabilité dans les terribles destructions auxquelles le peuple syrien doit faire face. Dans ce contexte, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui exerce un rôle de médiateur entre les deux parties à Astana, a appelé de ses voeux l'adoption par l'un et l'autre camp d' «un mécanisme de surveillance et de mise en oeuvre du cessez-le-feu sur le terrain». Une revendication majeure que les groupes de l'opposition n'ont pas cessé de réclamer, bien avant de se rendre au Kazakhstan, tant leurs combattants pris dans l'étau des sièges imposés par l'armée syrienne ont besoin de reprendre des forces, pour ainsi dire, et de voir des couloirs ouverts à l'accès des aides humanitaires. «Nous n'en avions pas par le passé et c'est souvent la raison pour laquelle nous avons échoué» dans le règlement du conflit, a d'ailleurs tenu à argumenter le représentant de l'ONU. Ce voeu aura été exaucé, en partie, avec l'annonce dans l'après-midi d'un accord Russie-Turquie-Iran pour la mise en oeuvre d'un «mécanisme» de suivi et de surveillance du cessez-le-feu. L'annonce en a été faite par le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, qui a donné lecture de la déclaration des trois parrains de la rencontre d'Astana. Les groupes rebelles auront donc obtenu satisfaction, ce qui leur permet d'espérer un «gel des opérations militaires», notamment à Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de Damas, où des combats se sont encore déroulés lundi dernier. Les parrains de l'accord souhaitent maintenant passer à l'autre étape, celle des pourparlers politiques sans lesquels un accord militaire ne saurait être viable, ont-ils tenu à rappeler dans la déclaration précitée. Les groupes rebelles sont ainsi attendus à Genève le 8 février prochain pour une réunion sous l'égide de l'ONU. Et les puissances organisatrices, la Russie et l'Iran, alliés de la Syrie, et la Turquie, soutien majeur de l'opposition, se sont engagés à user de leur «influence (avec des mesures concrètes) sur chaque partie pour consolider le cessez-le-feu». Reste que le document final d'Astana n'a pas été signé par les deux parties, au terme des pourparlers qui sont demeurés indirects, mais seulement présentés par leurs parrains respectifs soucieux de mettre en relief les progrès d'une démarche qu'il reste à traduire concrètement sur le terrain militaire.