Sur les 464 députés, ils étaient une cinquantaine à avoir fait le déplacement pour assister au débat. Où sont passés les élus du peuple? L'image tapait à l'oeil. La présentation du rapport de conjoncture économique du pays, hier, à l'APN n'a pas capté l'intérêt des députés. Ces derniers étaient aux abonnés absents. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal s'est retrouvé devant une poignée d'élus. Sur les 464 députés, ils étaient une cinquantaine à avoir fait le déplacement pour assister au débat. D'ailleurs, l'hémicycle affichait quasiment vide. Alors qu'il s'agit d'un sujet très sensible qui concerne la situation du pays en ces temps de crise marquée par la chute des prix du pétrole et le recul des revenus du pays et présente les indicateurs macroéconomiques, les élus du peuple ont fait, pour la énième fois, preuve de désintérêt. Pourtant, les chiffres avancés par le gouverneur de la Banque d'Algérie donnent froid dans le dos. Une situation qui interpelle plus d'un. Dans son discours, Mohamed Loukal a axé sur les répercussions de la chute des prix du pétrole et les dommages collatéraux engendrés à l'économie nationale. Recul des réserves de changes, détérioration du Fonds de régulation des recettes (FRR) et la croissance de l'inflation sont les premiers dégâts de la crise. «Le choc pétrolier a secoué de plein fouet notre économie», reconnaît l'hôte des députés qui a indiqué que la chute des prix du pétrole a causé une perte de 33 milliards de dollars dans les réserves de changes. Devant le recul des exportations des hydrocarbures et la faiblesse des exportations hors hydrocarbures et l'évolution des importations, la balance commerciale a connu un déficit de 27 milliards de dollars. Durant les neufs derniers mois de 2016, les exportations globales ont atteint 20,38 milliards de dollars alors que les importations ont atteint 37,20 milliards de dollars provoquant un déficit dans la balance commerciale de 16, 82 milliards de dollars. Concernant les réserves de changes qui étaient de 144 milliards de dollars en 2015, elles ont baissé à 121,9 milliards de dollars en septembre 2016. Malgré le recul des réserves de changes, le gouverneur de la Banque d'Algérie soutient que ce montant reste consistant. Le taux d'inflation qui était à 4,8% en 2014 est revenu à la hausse pour atteindre 5,7% en septembre dernier. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a averti contre la poursuite de la politique de dépenses publiques tout en appelant à la diversification de l'économie nationale pour réduire les conséquences du choc pétrolier sur l'économie nationale. Malheureusement, ce discours n'a pas eu un écho auprès des députés qui ont préféré déserter les lieux que de s'informer sur la véritable réalité du pays. Censés sensibiliser davantage les citoyens sur la situation économique du pays, les élus passent à côté de la plaque. Ces derniers avaient d'autres chats à fouetter ailleurs. La plupart d'entre eux se projettent déjà dans le futur. En prévision des élections législatives de mai prochain, l'équipe de Ould Khelifa n'a pas attendu le coup de sifflet pour se lancer dans la compétition. A plus de trois mois de ce rendez-vous, les élus fuient les couloirs de l'APN pour s'investir à fond sur d'autres fronts. «La plupart des députés cherchent à décrocher un second ou un troisième mandat», avoue un fonctionnaire de l'administration parlementaire. Habitués à un salaire confortable et des avantages énormes, les députés veulent tous être de retour à l'hémicycle dans la future législature. Les travaux des plénières sont, donc, leur dernier souci. La plupart des députés n'ont même pas pris la peine de retirer le rapport de conjoncture ne serait-ce que pour une simple lecture. A l'exception de quelques députés, les intervenants au débat n'ont pas axé sur l'analyse des chiffres du rapport et la réalité sur le terrain. Les députés de la coalition ont félicité leur hôte pour le rapport détaillé présenté sur la situation économique du pays et les efforts déployés par cette institution pour amorcer l'économie nationale. L'opposition s'est quant à elle interrogée sur le rôle de cette institution justement. «La Banque d'Algérie est-elle chargée uniquement de faire un rapport de conjoncture ou de tracer la politique économique et monétaire du pays?», s'est demandé Abderrahmane Ben Ferhat de l'Alliance de l'Algérie verte. Youcef Taâzibt du Parti des travailleurs a soutenu que «ce rapport pousse à s'inquièter sérieusement sur l'avenir du pays devant la poursuite de la politique de la fuite en avant». 114,1 milliards de dollars de réserves de changes Les réserves de changes de l'Algérie ont atteint 114,1 milliards de dollars (usd) à fin décembre 2016 contre 121,9 milliards de dollars à fin septembre 2016, a annoncé hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal.