Des silhouettes qui racontent le mal sur l'être Cette belle exposition déclinée en une quinzaine de tableaux de grand format est à voir jusqu'au 16 février. Elle est vraiment à découvrir. L'exposition qui se tient actuellement à Ezzouart Galerie du centre commercial de Bab Ezzouar vaut vraiment le déplacement. Elle est l'oeuvre de l'artiste plasticienne Meriem Benyagoub, diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. C'est sa première exposition personnelle. Auparavant elle avait participé en 2008 à une expo collective au siège de la Radio nationale d'Alger sous le thème de l'engagement, ainsi qu'à la rencontre des écoles d'art de la Méditerranée qui s'est déroulée à Hacettepe unvieristy faculty of fine arts, à Ankara, en Turquie, sur le thème Art et environnement. La même année, elle montre également son travail lors de la Rencontre nationale des jeunes artistes plasticiens dans une exposition collective en hommage à Moussa Oulmou, à Béjaïa. L'exposition qui nous présente l'artiste décliné en art semi-abstrait dévoile des personnages aux corps décharnés pour suggérer la douleur du mental et ses effets sur le corps. En effet, les silhouettes que la plasticienne nous donne à voir sont dévorées par l'anorexie et les génocides. Tantôt monstrueux ou s'apparentant à des androïdes, la froideur qui se dégage s'adoucit au vu du regard triste qui pointe dans quelques-uns des tableaux exposés. Ce sont une quinzaine d'oeuvres de grand format qui ornent les cimaises de cette galerie. Meriem Benyagoub nous dit-on «s'inspire de personnes réelles, de poèmes ou d'histoires, qu'elle transfigure dans son oeuvre afin de créer une nouvelle entité, une nouvelle incarnation d'une réflexion ou d'un sentiment.» Apposée sur un paysage, immatériel ou abstrait, elle isole la figure humaine pour la transcender, en faire le véhicule de sa vision sur le monde et surtout sur l'Etre. Les matériaux et les supports sont vrais et interviennent selon les besoins de sa peinture. Dans son travail appuyé de la composition ou dans sa pratique libre de l'improvisation, elle utilise alternativement peinture à l'huile, acrylique, encore, ou les mêlent en techniques mixtes sur différents supports (la toile, le papier, le carton ou le papier kraft). Son travail figuratif d'a-plats sereins et de présences au jeu de lignes acérées, invoque tout autant les différents états de l'être, que la spiritualité du monde intérieur. A côté de toutes ces peintures nous percevons une installation composée de têtes réalisées en argile sur lesquelles on peut deviner des grimaces et autres expressions de visages difformes. Nombreuses petites têtes sont suspendues par un fil. La particularité de ces mini sculptures réside, hormis dans l'originalité de leur forme dans la gaieté de leurs couleurs. Les peintures, elles, sont plutôt rendues dans des tons ocres qui rappellent les teintes chaudes et profondes de la terre. L'artiste en tout cas maîtrise le trait et les silhouettes de ces personnages énigmatiques attirent vraiment le regard par la singularité de leur attitude ou posture. Il est le cas dans un de ses tableaux où la créature semble recroquevillée sur elle-même, à côté de celle-là une autre non loin a les bras bien ouverts comme pour tenter de respirer malgré tout le désespoir ou le malheur qui pèsent sur elle... Du ravissement et de la poésie dans l'écorchure des âmes fragiles, mais tenaces. Cette belle exposition est à voir jusqu'au 16 février.