Il semble bien que les GIA aient «pris position» sur les hauteurs de Aïn Defla. Après l'assassinat, jeudi soir, de 17 citoyens dans une cité à Aarib, deux autres citoyens ont été tués dans une carrière à Tiberkanine, aux environs de 23 h. C'est vraisemblablement le même groupe terroriste qui a perpétré les deux tueries. La même heure entre 22 et 23h, les mêmes armes, les mêmes procédés ont servi dans les deux cas. La distance entre Aarib et Tiberkanine n'étant pas considérable, il y a fort à parier que la cache du groupe est située dans les parages des deux points limitrophes de Oued Fodda, Chlef. La tuerie de Tiberkanine, qui a coûté la vie à deux citoyens, s'est déroulée dans une des quatre carrières d'agrégats et a ciblé des ouvriers qui y travaillaioent, tard dans la soirée. Selon les témoignages des survivants, ils auraient été retenus pour réparer une machine. Ce groupe de quatre travailleurs avait été surpris à sa sortie du chantier. Le chauffeur et le mécanicien sont morts sur le coup, quant aux deux au- tres, atteints légèrement par balles, ils ont été évacués après l'arrivée des secours. Les derniers irréductibles des GIA optent donc pour une stratégie fort simple et fort efficace: la menace permanente. Peser sur le conscient, et l'inconscient aussi, des citoyens, le plus longtemps et le plus lourdement possible. Toutefois, cette stratégie de la menace poursuit toujours une courbe descendante. Durant tout le mois de Ramadan, il n'y eut presque pas d'attentats spectaculaires dans Alger et ses environs, si l'on excepte la bombe qui a explosé à Tafourah, faisant un mort et dix-sept blessés, et la tuerie de Larbaâ, au début de la seconde semaine du Ramadan. Le plan «Ramadan fi aman», initié par la Gendarmerie nationale, sorte de «Vigipirate», autour de la capitale, a-t-il été à ce point efficace, ou est-ce alors la longue et lente agonie des GIA qui s'affiche au grand jour? Comparé aux Ramadan précédents, celui-ci renseigne sur l'extrême désagrégation des groupes armés. La poussée des services de sécurité les a contraints à survivre sur les hauteurs des dje-bels et a faire des «incursions épisodiques» dans les hameaux et villages isolés, au gré des occasions. Durant le Ramadan de l'année 2000, il y eut 340 personnes tuées, dont 101 membres des forces de sécurité et 102 islamistes, c'est-à-dire une moyenne de 11 à 12 morts quotidiennement. La différence, cette année, c'est que la violence a été transposée des wilayas du centre, Alger, Blida, Médéa et Tipasa, vers les régions limitrophes des monts Est de l'Ouarsenis, où subsistent encore des poches des derniers irréductibles groupes armés.