L'armée syrienne encercle la ville d' Al Bab Après avoir donné l'impression, en 2013, d'être sur le point d'investir la capitale tout entière, les groupes rebelles sont aujourd'hui laminés, divisés et en butte à un profond sentiment d'impuissance tant les perspectives d'une victoire sont devenues totalement improbables. Un mois après la reprise d'Alep-Est suivie, la semaine dernière, par celle de Wadi Barada, à une vingtaine de km de la capitale Damas, la rébellion se découvre dans une position de grande faiblesse à la veille des pourparlers qui auront lieu le 20 février prochain à Genève, sous l'égide de l'ONU. Jamais depuis 2011, date de leur insurrection armée, les groupes rebelles n'ont vu réduites à néant leurs avancées au point de ne plus exister que dans quelques zones majoritairement situées au nord-ouest de la Syrie. La défaite d'Alep-Est aura sonné le glas de leurs ambitions surtout qu'elle a logiquement eu pour conséquence la perte de plusieurs bastions, y compris dans la région de la capitale. L'Osdh, basé à Londres, mais abondamment nourri en informations par des sources in situ, affirme qu'ils gardent encore la mainmise sur 13% du territoire, mais des sources beaucoup plus fiables affirment que leur présence est circonscrite à la ville d'Idleb et ses alentours où les factions terroristes de Daesh et surtout Fateh al Cham, ex-Al Nosra, leur dispute la suprématie. Restent la zone de la Ghouta orientale, non loin de Damas, ainsi que quelques localités au centre et au sud de la Syrie ignorées par l'armée syrienne qui concentre ses efforts sur Idleb et l'offensive en gestation vers Deir Ezzor. Après avoir donné l'impression en 2013 d'être sur le point d'investir la capitale tout entière, les groupes rebelles sont aujourd'hui laminés, divisés et en butte à un profond sentiment d'impuissance tant les perspectives d'une victoire sont devenues totalement improbables. Les populations qui les ont soutenus un temps leur ont tourné le dos, lassés par des bombardements et des sièges incessants, mais aussi et surtout par l'arrogance et les dépassements de leurs éléments dont l'arbitraire a fait regretter la rigueur juste du régime du président Bachar al Assad. Ce dernier n'a donc aucun doute sur la pérennité du succès de l'armée syrienne qui s'offre même le luxe d'ignorer un certain nombre de poches de résistance, persuadée qu'elles tomberont d'elles-mêmes.En s'emparant de Wadi Barada, une position clé dans la mesure où la région alimente en eau potable toute la capitale et sa région, soit plus de 5 millions et demi de personnes, l'armée a encore frappé un grand coup dimanche dernier. Il faut dire que depuis le 22 décembre, Damas était privée d'eau pour cause de rupture des canalisations «sabotées délibérément par les groupes armés», a affirmé le gouvernement syrien. Grâce à un accord entre le régime et la rébellion, 700 insurgés et 1400 civils ont été expurgés de Wadi Barada et acheminés vers Idleb, à l'instar de ceux qui avaient été autorisés à quitter Alep-Est. D'autres accords semblables ont été conclus entre les autorités et les factions rebelles dans plusieurs zones périphériques de Damas avant la fin de l'année 2016. Mais au final, l'opposition sait qu'elle a bel et bien perdu militairement la partie et qu'il ne lui reste plus à jouer que le quitte ou double politique. Une bonne partie des rebelles cherche désormais à négocier sa reddition avec les représentants du régime et seuls les irréductibles choisissent le chemin d'Idleb, où l'offensive de l'armée les rattrapera un jour ou l'autre.Idleb n'est pas d'ailleurs une escale de tout repos. De violents affrontements opposent quasi quotidiennement les éléments rebelles aux membres de Fateh al Cham, leur ancien allié qui veut s'imposer comme la faction dominante à n'importe quel prix. De jour en jour, Idleb est en train de se transformer en un théâtre de règlement de comptes entre Fateh al Cham et son ex-allié Ahrar al Cham, le groupe rebelle le plus puissant maintenant cible de l'hostilité des groupes terroristes. Cette guerre larvée entre les partisans d'une solution politique et les adeptes d'une lutte sans merci va connaître une accélération avec le recul flagrant de l'Etat islamique, acculé dans la ville d'Al Bab que l'armée syrienne a hermétiquement encerclée, alors que les forces turques et leurs alliés piétinent au nord, voici deux mois environ. Depuis que la Turquie a scellé une entente avec la Russie et l'Iran, la conjonction antiterroriste n'est plus une vue de l'esprit et une entente tacite entre ces pays pourrait sonner le glas de la présence de Daesh dans ses tout derniers bastions en Syrie. L'EI, qui avait profité de la crise en 2011 pour imposer son influence en Syrie, fait face à une série d'offensives simultanées dans les dernières poches qu'il détient encore. Mais il subit de jour en jour une pression continue, notamment à Raqqa, son principal et ultime bastion en Syrie, que ciblent depuis plusieurs mois les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde appuyée par la coalition internationale et rejetée par la Turquie. Raqqa que l'armée syrienne a inscrit dans le programme de ses offensives juste après la reprise... d'Idleb.