Des milliers d'autres rebelles attendus à Idleb Le ministre de la Réconciliation nationale, Ali Haïdar, s'est exprimé dans un entretien à l'agence Reuters sur la volonté du gouvernement de mener «une guerre ouverte» pour reprendre prochainement Idleb où sont concentrées des dizaines de milliers de rebelles. Moins d'un mois après la reprise de la capitale économique du pays, le gouvernement syrien a annoncé samedi un plan de reconstruction d'Alep, ville martyre. La métropole du Nord, coupée en deux par le conflit pendant plus de cinq ans, a été reprise par l'armée syrienne à la mi-décembre. Des mois d'intenses bombardements et de siège des quartiers rebelles par les forces syriennes et leurs alliées ont réduit à néant les infrastructures, les habitations et les hôpitaux de l'est de la ville. Selon les médias syriens, le gouvernement a préparé un projet pour garantir la fourniture d'eau, d'électricité et de carburant, ouvrir les routes et identifier les bâtiments qui pourraient être réparés. Un plan d'urgence prévoit la rénovation de 50 écoles de la partie orientale au cours des six prochains mois, la réhabilitation de cinq dispensaires et deux hôpitaux, ainsi que la réparation de l'aéroport international d'Alep et de 18 km de voies ferrées. Par ailleurs, les combats continuent dans les environs de Damas, plus exactement dans la localité de Wadi Barada, où des factions rebelles tentent de se maintenir tout en s'en prenant aux principales sources d'approvisionnement en eau potable de la capitale syrienne. Hier, les affrontements ont fait neuf morts dont deux civils malgré la trêve décrétée le 30 décembre dernier par la Russie, allié de Damas, et la Turquie, soutien des groupes rebelles. Pour le gouvernement syrien, la faction terroriste de Fateh al Cham, ex-Al Nosra et branche avouée d'Al Qaïda en Syrie, utilise Wadi Barada où elle contamine les réserves d'eau avec du diesel, pour punir la population de la capitale qui souffre depuis deux semaines de cette situation. La grave pénurie d'eau qui affecte Damas au point que l'ONU a dénoncé ces privations infligées aux civils de «crimes de guerre» porte préjudice à quelque 5,5 millions de personnes, déjà confrontées aux difficiles conditions de survie depuis plus de cinq ans. Selon la télévision syrienne, des équipes de maintenance encadrées par l'armée se trouvent depuis hier dans la ceinture de Wadi Barada, à 15 km au nord-ouest de Damas, pour effectuer les travaux nécessaires sur des installations fortement saccagées. Là encore, un cessez-le-feu temporaire aurait été conclu grâce aux bons offices de la Russie et de la Turquie qui s'efforcent de préserver les chances de la trêve conclue voici moins d'un mois. Outre que les dispositions de cette trêve concernent le repli des groupes rebelles, à l'exclusion d'Al Nosra et de Daesh, vers Idleb, dans le nord de la Syrie, ces combats sont engagés par les factions qui lui sont hostiles et qui avaient proclamé, le jour même de l'annonce, qu'ils ne se sentent nullement concernés, accusant pour mieux se justifier, le régime du président Bachar al Assad de multiples violations. Auquel cas, leur objectif de faire capoter ou, à tout le moins, d'entraver les négociations qui doivent avoir lieu courant janvier à Astana, au Kazakhstan, sous l'égide de la Russie et de l'Iran, tous deux alliés de Damas, et de la Turquie, soutien actif des groupes «rebelles». A cet égard, le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haïdar, s'est exprimé dans un entretien accordé à l'agence Reuters sur la volonté du gouvernement de mener «une guerre ouverte» pour reprendre prochainement Idleb où sont concentrées des dizaines de milliers de rebelles, appartenant à des groupes disparates, terroristes ou de l'opposition comme l'ALS. Les accords qui ont permis l'évacuation de la partie Est d'Alep ont propulsé vers Idleb plussieurs milliers de ces combattants avec leurs familles et ils seront vraisemblablement rejoints, dans les semaines qui viennent, par plusieurs autres milliers en provenance de plusieurs secteurs à la périphérie de la capitale. Ceci explique cela, Idleb est la plaque tournante, non loin de la frontière turque, où gravitent tous les groupes jihadistes, notamment Ahrar al Cham et Fateh al Cham qui ont considérablement gonflé leurs effectifs avec le repli contraint et forcé des éléments expulsés d'Alep-Est et de la zone périphérique de Damas, entre autres endroits, comme Daraya. Bon nombre des accords d'évacuation ont été conclus par l'armée syrienne et les représentants des groupes armés, Ali Haïdar soulignant que ces derniers ont conscience d'avoir perdu la partie. «L'expérience de Daraya a fini de convaincre les combattants que l'Etat ne peut pas être défié éternellement», estime le ministre, qui chiffre à 10.000 rebelles le nombre des transférés à Idleb, en provenance de zones autres qu'Alep, nombre qui, dit-il, pourrait doubler au cours des six prochains mois «si nous achevons la réconciliation dans les régions rurales de Damas, Deraa et Quneïtra». Restent la zone de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, et Douma, près de la capitale, où le groupe Jaich al Islam, soutenu par l'Arabie saoudite, entend se maintenir «coûte que coûte». Un baroud d'honneur qui aura vite fait de tourner à la débandade, alors que l'ALS, ou plutôt ce qu'il en reste, déclare geler la trêve et boycotter Astana, pour cause de violation des termes de l'accord conclu par la Russie, l'Iran et la Turquie.