Une rue d'Idleb après un raid aérien La province d'Idleb est la cible d'intenses bombardements de l'aviation syrienne et de son allié russe alors que la coalition internationale y poursuit aussi des raids ciblant les positions de Fateh al Cham, alias al Nosra, branche syrienne d'al Qaïda. Depuis plusieurs jours, les raids aériens sur Idleb, au nord de la Syrie, où se sont repliés plusieurs milliers de rebelles et de jihadistes chassés d'Alep et d'autres zones, se succèdent, avec des dizaines de morts dont quelques civils. La trêve conclue sous l'égide de la Russie et de l'Iran, alliés du régime syrien et la Turquie, soutien des factions rebelles connaît ainsi quelques couacs, surtout qu'elle ne concernait pas de prime abord Fateh al Cham (al Nosra) auxquels sont assujettis plusieurs autres groupes salafistes, rendant difficile la décantation et donc l'application stricte du cessez-le-feu.Cette trêve doit en principe servir de base aux discussions qui vont s'ouvrir le 23 janvier prochain à Astana, au Kazakhstan, pour rechercher un hypothétique accord et mettre un terme au conflit qui ravage le pays depuis plus de cinq ans. Compte tenu du nombre d'éléments de Fateh al Cham et de l'Etat islamique qui sont les groupes terroristes exclus par l'accord entre Moscou et Ankara, il semble hasardeux de parler d'un réel retour à la paix tant que ces organisations qui sont soutenues par plusieurs autres de moindre importance mais tout aussi extrémistes dans leur programme et dans leur action demeurent en Syrie. C'est très exactement ce qu'a déclaré le président syrien Bachar al Assad qui n'a pas fait mystère, voici quelques jours, dans un entretien accordé à des chaînes françaises puis violemment dénoncé par la majorité des responsables politiques de l'Hexagone, de son intention de poursuivre le combat jusqu'à son terme. Ceci explique cela, la province d'Idleb est par conséquent la cible d'intenses bombardements de l'aviation syrienne et de son allié russe alors que la coalition internationale, dont fait partie jusqu'à nouvel ordre la Turquie, poursuit aussi des raids ciblant en priorité les positions de Fateh al Cham, branche syrienne d'Al Qaïda. Autant dire que les frappes multiples qui visent, comme vendredi dernier, bon nombre de localités dans cette province d'Idleb devenue la base de repli de tous les jihadistes chassés d'Alep et, tout récemment, de Wadi Barada, à 20 km de Damas, sont en principe des coups portés aux seules factions terroristes. Aux raids aériens se conjuguent des bombardements d'artillerie lourde qui ne laissent aucun répit aux éléments repliés dans cette ville située au nord du pays, mais aussi ceux qui sont encore disséminés dans les provinces d'Alep et de Hama. Ces attaques ont, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme basé à Londres, diminué d'intensité depuis la mise en application de la trêve mais n'ont pas cessé pour autant, sans que pour cela une quelconque partie n'ose proclamer la fin de celle-ci. A Wadi Barada, les rebelles ont profité d'un accord conclu localement avec l'armée syrienne pour quitter les lieux, en direction d'Idleb, et des équipes de réparation et de maintenance des installations d'alimentation en eau de la capitale ont pu se mettre au travail, après trois semaines de sevrage pour la population de Damas. Ces travaux pour rétablir l'approvisionnement en eau de Damas, sont accueillis avec un grand soulagement par les 5,5 millions d'habitants de la capitale, confrontés à une pénurie depuis le 22 décembre. Selon les termes de la «réconciliation», les rebelles ont eu la possibilité de déposer les armes ou de partir avec les membres du groupe jihadiste Fateh al Cham vers la province d'Idleb, entièrement contrôlée par l'opposition. L'armée syrienne, qui veut reprendre le terrain encore aux mains des rebelles, a établi son contrôle sur Wadi Barada. L'administration américaine de Donald Trump semble avoir été conviée aux discussions d'Astana, alors que celle de Barack Obama en avait été écartée et la trêve paraît tenir sur la plupart des fronts en Syrie à quelques jours des pourparlers dans la capitale du Kazakhstan, le 23 janvier prochain. Jeudi soir, à Genève, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a révélé que Moscou avait donné son accord pour «inviter» dans le processus les Etats-Unis. Encore faut-il que l'administration Trump, dont les idées souverainistes ont été concrétisées clairement avec les nominations de personnalités radicales au Pentagone, à la Maison-Blanche et dans d'autres institutions stratégiques, veuille se consacrer à ce dossier! Le candidat Trump avait, durant la campagne, donné sa préférence à d'autres sujets et d'autres régions du monde où les intérêts des Etats-Unis sont, selon lui, davantage menacés. Seule préoccupation du nouveau locataire de la Maison-Blanche, la «sécurité» d'Israël et la réduction du rôle de l'Iran dans le Proche-Orient peuvent éventuellement être des raisons nécessaires et suffisantes pour s'impliquer dans le dossier syrien. Mais la Russie garde toutes les cartes en main pour continuer à dominer la scène moyen-orientale et protéger ses intérêts, avec la même efficacité, durant l'année 2017.