Les islamistes lèvent les bras en signe de victoire, qu'en sera-t-il après les élections? La situation politique du pays est telle que les élections législatives de mai prochain demeurent imprévisibles, aussi bien dans leur déroulement que dans leurs résultats. Beaucoup d'éléments mettent à rude épreuve les prochaines élections législatives et font déjà peur quant à leur bon déroulement et, surtout, leur crédibilité, notamment la fraude et l'entrée en scène de «l'argent sale» contre lesquels nombre de partis n'arrêtent pas de prévenir. Toutefois, si ces deux éléments sont posés essentiellement par l'opposition, il en est qui font l'unanimité au sein de toute la classe politique: le fichier électoral, la donne islamiste et le spectre de l'abstention. En effet, l'assainissement du fichier électoral représente un enjeu capital dans l'élection de mai prochain, surtout que les partis de l'opposition considèrent qu'il comporte environ 3 millions d'électeurs fictifs. Or, bien que nécessaire, l'opération n'est pas facile. Même le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections l'a reconnu. «C'est après cinq ans qu'on peut parler de l'assainissement du fichier électoral» a-t-il affirmé en citant comme exemple les nomades qui sont nombreux à ne pas être déclarés à l'état civil en cas de décès. Autrement dit, il est impossible d'assainir le fichier électoral selon lui. Cette déclaration, quelles qu'en soient les intentions, n'est pas de nature à rassurer les partis, tout particulièrement ceux de l'opposition qui y voient une porte ouverte sur tous types de dépassements. Il est donc attendu qu'elle rebondisse, tout au long de la campagne, le jour du scrutin et même après, ce qui va attenter considérablement à la crédibilité de l'élection. L'abstention aussi hante et le pouvoir et les partis qui expriment tous leurs inquiétudes quant à la participation des citoyens. Il sera, prévoit le patron du RND, Ahmed Ouyahia, «très difficile de mobiliser et de convaincre les Algériens d'aller voter car le contexte social difficile dope le taux d'abstention déjà fort lors des scrutins précédents qui se sont déroulés dans de meilleures conditions» en soulignant que les partis de la majorité sont davantage concernés par cette situation puisqu'ils sont accusés d'avoir cautionné l'augmentation des impôts et taxes introduites dans la loi de finances 2017. Mais ce ne sont pas seulement les partis de la majorité qui sont concernés, puisque ceux de l'opposition risquent de payer les frais de cette abstention. Pour rappel, depuis 2007, les scrutins n'ont jamais enregistré une participation supérieure à 50%. Aux législatives de 2007, le taux de participation a été de 35,7% et en 2012, il a été de 43,1%. Mais la faiblesse de la participation n'est pas la seule tare de cette élection. Le nombre de bulletin nuls, qui est de 1,7 million est révélateur de la désaffection populaire pour les élections. L'autre élément qui s'invite dans ce rendez-vous électoral et qui risque d'en pâlir le visage, c'est l'élément islamiste. En effet, depuis quelques mois, les partis de cette mouvance ne ratent aucune occasion de se parler et de se concerter sur d'éventuelles alliances, électorale ou autres, afin de bien se positionner aux prochaines législatives. Et ces tentatives de rapprochement s'étant soldées par des résultats probants après la réussite du MSP et le FC d'un côté, du FJD, Ennahda et El Bina de l'autre côté, à s'unir, il n'est pas exclu que les islamistes fassent la surprise en se positionnant parmi les trois premières forces politiques du pays. Dans tous les cas, à en croire les leaders de ce courant, un tel scénario semble être une évidence. Dans un entretien qu'il a accordé à l'agence de presse turque, Anadolu, le président du MSP, Abderrezak Makri, a estimé que la coalition électorale islamiste est en mesure de rafler «pas moins de 40% des sièges du Parlement algérien, soit environ 180 sièges, et ce, à condition que les élections soient libres et indépendantes». Mais pas seulement car, selon Makri, même si les élections ne sont pas transparents, le score de la coalition électorale que forment le MSP et le FC de Menasra «ne devrait pas être en dessous des 25%». Ceci sans parler de la coalition pilotée par Abdallah Djabellah qui compte beaucoup de sympathisants, notamment dans les wilayas de l'Est. Ainsi, les législatives de mai prochain, improbables sur bien des volets, risquent de révéler plein de surprises, aussi bien dans leur déroulement que dans leurs résultats.