Les premiers résultats de l'opération de révision du fichier électoral, achevée mardi, ne semblent pas être du goût de certains leaders de partis islamistes en cours d'accréditation. Après les critiques formulées par Abdellah Djabellah, le président du FJD, qui a estimé que les chiffres des votants sont «démesurément gonflés comparativement au nombre de la population», c'est au tour d'Abdelmadjid Menasra, le président du Front du changement (FC), de remettre en cause le nombre de personnes inscrites sur le même fichier. Dans une conférence de presse, animée hier à Alger, le président du FC a jeté un pavé dans la mare en annonçant l'inscription de 3 à 5 millions de votants qui n'existent nulle part. «Nous avons des doutes quant à l'existence de ce nombre de votants. Nous réclamons que le fichier électoral soit mis à la disposition des partis pour pouvoir le vérifier. Ce dernier doit être assaini par les instances judiciaires compétentes», a déclaré Menasra pour qui ces procédés sont de nature à conférer un gage de crédibilité aux futures législatives. Le FC participera activement à ces élections, a annoncé Menasra, conformément à la décision prise lors de la réunion, avant-hier, du conseil consultatif du parti. «Notre participation aux futures élections ne sera pas décorative, mais avec l'objectif de crédibiliser ce scrutin à travers lequel nous souhaitons consacrer le changement», a soutenu le conférencier. Il revendique en outre l'accélération de la procédure d'octroi d'agréments par le ministère de l'Intérieur aux nouveau-nés de la scène politique, affirmant au passage que le retard pris profite aux partis existants, en particulier ceux qui sont au pouvoir. Menasra réclame aussi une implication effective des nouveaux partis en attente d'agrément et intéressés par les législatives de mai 2012 dans les différentes étapes de leur préparation. La fraude provoquera une explosion sociale Le président du FC affirme par ailleurs que, même si la décision a été prise de participer au prochain scrutin, il se réserve le droit de se retirer si «les signaux de fraude sont plus importants que ceux garantissant la crédibilité et la transparence de ces élections». Menasra, qui se dit convaincu que les futures joutes électorales consacreront le triomphe des partis islamistes, avertit d'une exposition sociale inévitable en cas de fraude. Il a réagi aux propos du SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui a déclaré lors de son passage à la radio que l'abstention permettra la victoire des partis islamistes. Sans le nommer, le président du FC a répondu à Belkhadem qu'il sollicite «afin de convaincre les Algériens à participer en masse aux législatives par le biais des mesures mises en place pour garantir la transparence de ces joutes et non pas à travers un discours discréditant les islamistes». Il assure enfin que le financement de sa campagne électorale sera puisé des contributions des militants. Les parties spéculant sur un prétendu financement du Qatar au profit des formations islamistes n'ont qu'à apporter leurs preuves à la justice.