Le siège du MSP L'abstention qui plane sur l'élection est de nature à décrédibiliser le scrutin. A moins que les candidats ne récupèrent la base électorale des partis islamistes qui boycottent le scrutin. Pour la première fois depuis l'organisation des élections pluralistes en Algérie, en 1990, suite à l'avènement du multipartisme, une élection se déroule sans la participation des islamistes. La présidentielle du 17 avril prochain sera, en effet, orpheline des partis de cette mouvance qui ont annoncé le boycott de scrutin qui, selon eux «sera fermé et consacrera le choix du système politique». Après donc le revers électoral lors des élections législatives du 10 mai 2012, les islamistes tentent à présent le boycott pour tester leur poids dans la société. Même si leur crédibilité est entamée par de longues années de pérégrinations dans les couloirs du pouvoir, il n'en demeure pas moins que cette option aura un impact sérieux sur le taux de participation. Selon les observateurs de la scène politique nationale, le taux de participation qui est souvent faible lorsque les islamistes participent, subira un coup fatal et l'administration aura du mal à le gonfler. Aux différentes élections organisées en Algérie, cette mouvance arrive juste après les partis au pouvoir, le FLN et le RND, loin devant les partis de l'opposition démocratique. Si le boycott du RCD ne pourra influencer qu'en Kabylie, son fief naturel, celui de la mouvance islamiste se répercutera sur toute l'Algérie, partant du fait que la base électorale des islamistes est incontestable. Il est, dès lors, logique de se demander quel sera l'impact du boycott des islamistes de la présidentielle sur le taux de participation ou de l'abstention? L'abstention ambiante et spontanée des citoyens, notamment des jeunes qui n'accordent pas d'intérêt à la politique, sera-t-elle donc renforcée par le boycott des islamistes? «C'est évident que cela renforce l'abstention déjà décidée par les citoyens depuis de longues années en raison de l'énormité du fossé qui sépare les institutions, du peuple», répond Ali Brahimi, ancien député et ex-cadre du RCD. Toutefois, ce dernier constate que les organisations islamistes qui boycottent l'élection sont celles (allusion faite au MSP) qui ont fréquenté pendant longtemps le sérail. «La mouvance islamiste radicale ne semble pas avoir voté depuis l'arrêt du processus électoral en 1991», a-t-il précisé. M. Brahimi qui mesure les dangers de cette mouvance sur la société estime qu'il est temps pour les islamistes algériens de prendre exemple et même dépasser leurs confrères tunisiens en renonçant à tout usage de la religion dans la politique. «Ils doivent renoncer définitivement à toute inspiration de la charia et de reconnaître solennellement les droits de l'homme dans leur universalité, notamment l'égalité homme/femme et la liberté de culte et de conscience», a-t-il soutenu. Selon notre interlocuteur, «ce dépassement de soi par les islamistes pourra ouvrir une passerelle pour une alliance avec l'opposition démocratique». «La vraie voie pour l'opposition, c'est de construire l'alternative de l'après-élection», a plaidé M.Brahimi, estimant que le boycott et la participation arrangent les affaires du pouvoir qui dispose, selon lui, de cinq millions de voix des clients qui permettent une avance de son candidat sur les concurrents. En tout cas, l'abstention qui plane sur la prochaine présidentielle est de nature à décrédibiliser le scrutin. A moins que les candidats qui vont y prendre part pourront mobiliser le maximum d'électeurs et récupérer la base électorale des partis islamistes.