Penelope et François Fillon Le seul suppléant possible pour le cas où Fillon jetterait l'éponge durant les prochaines semaines reste apparemment François Barouin qui a la faveur des différents clans des Républicains, y compris celui d'Alain Juppé. Sonné par les révélations qui se suivent et ne se ressemblent pas du Canard Enchaîné, le candidat de la droite et du centre François Fillon, a tenté une riposte qui n'a pas convaincu l'opinion, sinon dans son propre camp. Après avoir présenté des «excuses aux Français» et rendu publics les éléments controversés des salaires et autres indemnités de départ de son épouse ainsi que la totalité de ses biens, il a réussi à mobiliser autour de sa candidature tous les poids lourds des Républicains et tente, du coup, de se relancer dans une campagne où les sondages le situent désormais derrière la représentante de l'extrême droite, Marine Le Pen. De plus en plus englué dans des explications tortueuses et résolu à se maintenir coûte que coûte dans son rôle de porte-étendard de la droite avec un programme qui vante le libéralisme dur et la morale intransigeante, l'homme va devoir ramer ferme pour espérer sortir du tourbillon médiatique dans lequel il se retrouve piégé. Les mises en cause de Fillon et de Marine Le Pen ont un dénominateur commun, elles entachent fortement la crédibilité d'une campagne électorale qui, à peine commencée, rebute une majorité de Françaises et de Français. D'aucuns pensent même que le mal est fait. La victoire qui ne faisait pas l'ombre d'un doute, au second soir de la primaire, n'est plus à portée de voix, plus de 60% des électeurs estimant que Fillon devrait renoncer à la course. Une chose est sûre, légaux ou pas, les emplois et les rémunérations dont ont bénéficié son épouse et ses deux enfants alors étudiants ont profondément choqué les Français, en proie à une crise socio-économique persistante. Quant à dire le tournant que le verdict de la justice va imprimer à ces évènements, pour peu que ces emplois soient reconnus fictifs, il n'y a qu'un pas que beaucoup ont déjà franchi. C'est sans doute ce qui a poussé François Bayrou, marginalisé par Fillon avant cette affaire, à réclamer son retrait immédiat, faute de quoi il serait déterminé à s'engager dans la campagne. Un risque dont les Républicains se seraient passés volontiers, au moment où ils affichent, du moins en apparence, un engagement totalement solidaire. A quelques exceptions près, cependant, comme c'est le cas de Xavier Bertrand dont Fillon aurait dit qu'il est «maçon, sûrement, mais franc...». Juppéens et sarkozystes se sont ainsi ralliés au panache blanc du candidat Fillon, non sans une certaine appréhension et un pessimisme certain. Le seul suppléant possible pour le cas où Fillon jetterait l'éponge reste apparemment François Barouin, qui a la faveur des différents clans des Républicains, y compris celui d'Alain Juppé au motif que Jacques Chirac a «adopté» et propulsé politiquement ce jeune loup. Une histoire qui rappelle étrangement celle d'un certain Nicolas Sarkozy, quand il vaquait au sein du Mouvement des Jeunes RPR. Après l'épisode Balladur, Sarkozy est devenu, dixit Bernadette Chirac, «le traître», même s'il a réussi à faire un bout de chemin avant d'être rattrapé par les affaires, dont Bygmalion et les valises sonnantes et trébuchantes de Maâmar El Gueddafi. Côté gauche, la situation n'est guère plus sereine. A la candidature benoîte du socialiste Hamon se conjuguent celle, visible, de Jean-Luc Mélenchon et l'autre, plutôt trouble, de Emmanuel Macron, le «ni droite ni gauche», de la campagne dont les appels du pied risquent de dégarnir les rangs des familles traditionnelles de la gauche, bien plus que de la droite. Une chose est sûre, bien malin qui pourra prédire de quel côté va pencher la balance en l'absence d'un programme consensuel entre la gauche façon caviar succédané et la gauche dite radicale, pour l'instant à mille lieux de faire cause commune. Macron que beaucoup soupçonnent de rouler pour l'establishment de la finance et qui ne déplairait pas à François Hollande et à ses troupes drapés dans une social-démocratie à la Merkel, paraît, à en croire les tout derniers sondages, le mieux à même de contrer Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Quant à disposer ensuite d'une majorité confortable que lui «offriraient» les législatives, c'est réellement une autre affaire. La candidate du FN dont la morgue et l'appétit n'ont jamais paru aussi grands, estime avec l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis et la montée des extrêmes dans plusieurs pays d'Europe y compris l'Allemagne, que son heure est venue et, déjà, elle annonce la couleur d'un programme souverainiste teinté d'un racisme officiel et métamorphosé en doctrine politique. Pourtant, elle est aussi donnée battue par tous les sondages, au second tour, et cela quel que soit le candidat qui se retrouvera face à elle. Mis à part le candidat Fillon dont les mesures drastiques sur l'identité chrétienne et sur des conditions de travail durcies ainsi qu' une protection sociale très amoindrie ont fait dresser les cheveux sur la tête de nombreuses franges de l'électorat. Inutile, après cela, de croire à l'effet Chirac face au père Le Pen. Il n'y aura pas, en ce qui le concerne, de vote républicain et l'extrême droite trouvera un boulevard grand ouvert jusqu'aux portes de l'Elysée. Des portes dont l'accès pourrait bien signifier un purgatoire pour la France.