Karim Djoudi confirme pour la première fois la modification de la structure en monnaies de nos importations. En l'absence d'une économie productive, cette modification semble être la seule solution en mesure de compenser la chute du dollar. Les importateurs algériens se réorientent vers la zone dollar. C'est ce qu'a déclaré hier à Koléa (Tipaza) le ministre des Finances, Karim Djoudi, en marge d'un colloque consacré à la problématique des flux migratoires sélectifs. « La baisse de la monnaie américaine a poussé les importateurs à se réorienter vers des produits libellés en dollar, ce qui veut dire que la structure en monnaies de nos importations s'est modifiée », a fait comprendre le ministre, annonçant ainsi, pour la première fois, une inversion de la tendance chez les importateurs algériens. Ceci pour équilibrer la balance du commerce extérieur, menacée par des risques de grosses pertes liées à « la baisse tendancielle » du billet vert face à la monnaie européenne. Il est utile de signaler que l'Algérie continuait jusqu'ici à exporter ses hydrocarbures en dollar et importer en euro, ce qui risque de lui valoir de grosses pertes sur la balance du commerce extérieur. La facture des importations algériennes a déjà atteint des records jamais égalés avec, sur le tableau, un montant qui flirte avec les 25 milliards de dollars. Les importateurs algériens qui renoncent ainsi à la zone euro tentent d'amoindrir les dégâts liés à la chute vertigineuse du dollar américain, principale monnaie d'échange dans les transactions pétrolières internationales. Karim Djoudi a estimé qu'à la suite de cette modification en monnaie des importations algériennes, la Banque centrale « dans le cadre de sa gestion des réserves de change a le rôle, à la fois, de sécuriser et de rendre liquides ses réserves, mais aussi d'apporter des éléments de couverture aux risques de change, en référence à la monnaie de revenus de nos exportations ». La finalité étant de trouver une solution au déséquilibre observé sur la balance des paiements. Lequel déséquilibre s'explique principalement par le fait que les entrées en argent soient libellées en dollars et les sorties en euros, la zone euro étant le principal fournisseur de l'Algérie avec une proportion dépassant parfois les 60%. Dans une déclaration hier à la presse, le grand argentier du pays atteste : « Effectivement, c'est une tendance qui s'observe chez certains de nos importateurs qui, compte tenu de la dépréciation du dollar contre l'euro, se sont réorientés vers des produits libellés en dollar. » En l'absence donc d'une économie productive, cette modification sur la structure en monnaies de nos importations semble être la seule solution en mesure de compenser la chute du billet vert. Abdellatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, avait qualifié cette situation de « mini-séisme ». Sur la courbe des importations, les dernières statistiques de la Banque d'Algérie pour l'exercice 2007 montrent une augmentation qui va encore crescendo. Le dernier volume annoncé fait état de 26,25 milliards de dollars de produits importés contre 20,68 milliards de dollars en 2006 et 19,86 milliards de dollars en 2005. Cela fait ressortir un accroissement de l'ordre de 14,4% de la facture globale des importations. Par ailleurs, la dépréciation du dollar par rapport à la monnaie européenne est de 33% entre 2002 et 2006, si l'on se réfère aux dernières livraisons du marché des changes. Pour justifier indirectement le choix des importateurs à se réorienter vers la zone dollar, le ministre avance les signaux d'une situation incertaine sur le marché monétaire. Autrement dit, une probable remontée du dollar face à l'euro sur le marché des changes demeure incertaine d'après le ministre. Karim Djoudi explique qu'« aujourd'hui, à court terme, beaucoup de gens ne savent pas ce qu'il va se passer car il y a un problème de visibilité sur le marché et une incertitude sur les évolutions financières et économiques ». C'est pourquoi, ajoute le ministre, le groupe du G8, réagissant aux conséquences de la crise des subprimes, a accordé un délai de 100 jours aux banques et institutions financières pour déclarer leurs pertes.