La chancelière, Angela Merkel Avec l'implantation de Volkswagen et de Mercedes, deux géants de l'industrie automobile, les Allemands ont pris un certain ascendant sur leurs concurrents en Algérie. La presse allemande a été très peu loquace sur la visite officielle de deux jours qu'effectuera la chancelière, Angela Merkel aujourd'hui, à Alger. Pourtant, le sujet central du déplacement a fait les choux gras de cette même presse: la question des réfugiés. Près de 90% des migrants qui arrivent à atteindre le continent européen finissent dans leur majorité en Allemagne. Ils partent essentiellement de la Libye. Dans ce dossier Merkel s'est illustrée en ouvrant ses frontières pour accueillir près d'un million de réfugiés au moment où la majorité des pays occidentaux se montraient très résistants à l'égard de ces personnes en détresse. Merkel a tenté vainement d'obtenir un accord avec la Libye semblable à celui qu'elle a conclu avec la Turquie et qui a stoppé l'immigration sur la route Turquie-Grèce-Balkans. Mais un accord avec la Libye n'est pas possible, parce que le gouvernement officiellement reconnu par l'Allemagne et l'ONU, celui de Faiyez al-Serraj, contrôle seulement une petite partie du pays. Un véritable dilemme, car fermer la porte à ces réfugiés, signifie les jeter directement dans les bras des milices armées en lien direct avec les bandes mafieuses. La Tunisie a refusé d'accepter des réfugiés dans des camps de transit en avançant des raisons qui lui sont strictement propres dont notamment économiques. Reste l'Algérie d'où sont originaires très peu de migrants, pourquoi devrait-elle accepter les réfugiés refoulés par l'Europe? Seulement parce que les Algériens sont africains, arabes comme les réfugiés africains noirs, migratoires. La visite d'Angela Merkel sera l'occasion de faire une évaluation des relations économiques entre l'Algérie et l'Allemagne et plusieurs dossiers économiques seront ainsi abordés. Intervenant après celle effectuée en janvier 2016 à Berlin par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, la visite de Mme Merkel, sera marquée notamment par la tenue de la 6ème session de la Commission mixte de coopération algéro-allemande et du Forum d'affaires entre les entreprises des deux pays. Un forum qui rassemblera 70 hommes d'affaires allemands et une centaine d'opérateurs algériens est prévue demain, afin d'identifier des projets de partenariat entre les entreprises des deux pays. L'un des projets phares est celui de ce partenariat de l'industrie mécanique, la sous-traitance automobile. Dans cette filière, les Allemands ont pris un certain ascendant sur les autre pays concurrents. Il sont déjà liés par des partenariats tels que la production en Algérie de véhicules de la marque Mercedes-Benz entre le groupe allemand Daimler (société mère de Mercedes-Benz), la Société nationale de véhicules industriels (Snvi), le ministère de la Défense nationale (MDN) et le groupe émirati Aabar. A Mercedes vient se joindre en Algérie un autre géant, Volkswagen qui a signé il y a quelques mois un protocole d'accord avec le concessionnaire Sovac pour la création d'une usine de montage de véhicules qui sera implantée à Relizane. Elle devra entrer en production en juin prochain. Quatre modèles seront assemblés, à savoir Volkswagen Golf 7, Seat Ibiza, Skoda Octavia et Volkswagen Caddy avec une capacité de production de 12.000 unités/an pour la première année avant d'atteindre 100.000 véhicules/an après cinq années d'activité. Un investissement de quelque 170 millions d'euros est nécessaire pour réaliser le projet. Les Allemands ne se limitent pas au créneau de l'industrie automobile. Ils comptent monter en puissance en investissant d'autres secteurs comme l'énergie renouvelable, la chimie et l'industrie pharmaceutique. Les relation politiques et économiques entre les deux pays remontent au début des années 1970. L'Algérie était en tête des pays arabes dans les échanges bilatéraux de l'ex-RFA. A la fin des années 1980, la RFA exportait vers l'Algérie l'équivalent de 2,5 milliards d'euros. Mais une brouille s'ensuivit durant la décennie noire provocant un net recul des échanges. Si la dynamique a repris depuis le début des années 2000, il reste qu'un gros déséquilibre en défaveur de l'Algérie demeure dans le commerce extérieur. Sur l'année 2016, les échanges entre les deux pays se sont établis à 3,07 milliards de dollars avec plus de 3 milliards de dollars d'importations algériennes auprès de l'Allemagne et près de 64 millions de dollars seulement d'exportations algériennes, soit un déficit de 2,94 milliards de dollars. Au total, plus de 200 entreprises allemandes activant dans différents secteurs sont implantées actuellement en Algérie.