Passée à l'offensive contre Daesh, l'armée irakienne accule de plus en plus le groupe terroriste Les forces d'élite irakiennes sont entrées hier dans la partie occidentale de Mossoul, pour la première fois depuis la prise de la deuxième ville d'Irak par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2014, selon un commandant irakien. C'est la reprise totale de l'aéroport désaffecté de Mossoul qui leur a permis d'enfoncer les lignes jihadistes, leur premier grand succès dans la bataille pour la reconquête de l'ouest de cette ville du nord de l'Irak lancée dimanche. Après ses revers des derniers mois, l'EI est également sur la défensive en Syrie voisine, où il a été chassé de son dernier grand fief de la province d'Alep, Al-Bab, désormais aux mains de groupes rebelles syriens. Appuyés par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et celle de l'armée irakienne, soldats et policiers irakiens ont rencontré peu de résistance des jihadistes à l'aéroport situé à la périphérie sud-ouest de Mossoul. Ce succès intervient au sixième jour de la seconde phase de leur offensive pour reprendre la partie occidentale de Mossoul après avoir chassé l'EI de la partie orientale de son dernier grand fief en Irak. «Je peux confirmer que l'aéroport est totalement libéré», a déclaré hier le général Abbas al-Joubouri, commandant de la Force d'intervention rapide (FIR) du ministère de l'Intérieur qui a dirigé l'assaut. Les forces irakiennes ont sécurisé et nettoyé cet aéroport désaffecté depuis que l'EI a chassé l'armée de Mossoul et de sa région en juin 2014, lors d'une offensive éclair qui lui avait ensuite permis de proclamer un «califat» à cheval sur l'Irak et la Syrie, où le groupe ultraradical occupe de vastes régions. Les jihadistes avaient détruit les bâtiments de l'aéroport après le début de l'offensive irakienne pour la reprise totale de Mossoul le 17 octobre, selon le général Joubouri. Près de l'aéroport de Mossoul, les forces d'élite du contre-terrorisme ont également repris la base militaire de Ghazlani, selon un autre responsable militaire. Dans l'ouest de Mossoul, les forces irakiennes risquent d'affronter une résistance bien plus importante de l'EI. Quelque 2 000 jihadistes s'y trouvent encore selon les estimations du renseignement américain. Encerclés de tous les côtés, ils devraient vendre chèrement leur peau en menant des attentats-suicides, la hantise des soldats irakiens. Outre l'aviation de la coalition, des conseillers militaires américains sont présents sur la ligne de front. La bataille pour Mossoul-Ouest s'annonce comme l'une des plus meurtrières de la guerre contre l'EI. L'ONU et les ONG s'inquiètent pour les 750.000 habitants de Mossoul-Ouest, dont près de la moitié sont des enfants. Leurs conditions de vie sont de plus en plus difficiles dans cette zone désormais coupée de l'extérieur et privée d'approvisionnement. Mercredi soir, un avion de l'armée a largué des milliers de lettres prétendument écrites par des habitants de Mossoul-Est destinées aux civils bloqués sur la rive ouest. «Soyez patients et aidez-vous les uns les autres. La fin de l'injustice est proche», peut-on lire sur l'une d'elles, signée «Des gens du côté Est». «Restez chez vous et coopérez avec les forces de sécurité». Selon des sources médicales et des habitants de Mossoul-Ouest, certains commencent à mourir de malnutrition et du manque de médicaments. La perte de Mossoul représenterait un terrible revers pour l'EI qui parvient néanmoins à toujours frapper avec des attentats particulièrement meurtriers. Hier, un kamikaze a tué au moins 29 personnes, en majorité des rebelles syriens, en faisant exploser sa voiture piégée au nord-est d'Al-Bab, un fief que l'EI vient de perdre dans le nord syrien, selon une ONG. L'attaque n'a pas été revendiquée mais porte la marque du groupe ultraradical.