L'offensive militaire sur Mossoul se poursuivait vendredi pour le 12e jour consécutif, afin de chasser les éléments de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI, Daech) de leur dernier bastion dans le nord de l'Irak, alors que le nombre de personnes fuyant le groupe ultraradical augmente de jour en jour. Selon les estimations de l'ONU, 8.940 personnes ont été déplacées depuis le début le 17 octobre de l'offensive terrestre des forces irakiennes et kurdes sur Mossoul, appuyées par la coalition internationale de lutte contre les terroristes, dirigée par les Etats-Unis. L'opération militaire visant à reprendre à l'EI son dernier grand bastion en Irak a permis de resserrer l'étau sur Mossoul par le Nord, l'Est et le Sud, mais le nombre de personnes fuyant l'organisation ultra-radicale augmente. Face à cette situation, les organisations humanitaires s'affairaient vendredi à mettre en place des camps capables d'accueillir les civils. "Nous avons constaté une augmentation spectaculaire dans les chiffres ces derniers jours, et (les civils) vont maintenant dans les camps récemment mis en place", a déclaré Karl Schembri, conseiller régional du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Selon lui, la situation "est déjà inquiétante" parce que les forces irakiennes ne sont pas encore entrées dans la ville. Au moment où cela arrivera, "on assistera à un déplacement de masse", a-t-il ajouté. Pour le moment, les forces irakiennes se sont emparées de localités et villages aux environs de Mossoul. Plus de 230 morts en une semaine Toujours selon les chiffres donnés par l'ONU, au moins 232 personnes ont été tuées par Daech cette semaine près de son fief de Mossoul. Ces tueries, qui "ont été corroborées dans la mesure du possible" selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU, ne seraient que les dernières d'une série d'atrocités perpétrées par l'organisation extrémiste depuis 2014. Parmi les victimes "figurent 190 anciens officiers de sécurité irakiens", a précisé la porte-parole du Haut-commissariat pour les droits de l'Homme, Ravina Shamdasani, ajoutant que le nombre total de personnes tuées pourrait être plus élevé. Côté terroristes, entre 800 et 900 éléments de Daech ont été tués depuis le début de l'offensive sur Mossoul il y a douze jours, a indiqué un général américain, Joseph Votel, à la tête du Centre de commandement de l'armée américaine (Centcom). Selon des estimations américaines récentes, il y a entre 3.000 à 5.000 éléments terroristes à Mossoul, ainsi que plus de 2.000 autres dispersés à la périphérie de la ville. Empêcher Daech de fuir vers la Syrie...une préoccupation majeure Au moment où les forces irakiennes, appuyées par la coalition internationale antiterroriste, progressaient dans leur offensive pour libérer Mossoul, les craintes de voir les éléments de l'organisation terroriste fuir vers la ville syrienne de Raqa ou retourner dans leurs pays d'origine, ne cessent d'augmenter. Dans ce contexte, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a annoncé vendredi que son pays souhaitait coopérer avec l'Irak pour empêcher les éléments du groupe terroriste Etat islamique de fuir vers la Syrie. "Nous avons intérêt à coopérer et à prendre des mesures avec nos collègues irakiens pour empêcher la retraite des terroristes de Mossoul vers la Syrie avec leurs armes", a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse, à l'issue d'une rencontre avec ses homologues iranien et syrien, Mohammad Javad Zarif et Walid Mouallem. Il est "important" pour la Russie d'empêcher une telle retraite qui "va bien évidemment aboutir à une grave détérioration de la situation en Syrie", a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie russe a ajouté que Moscou allait discuter de cette question avec Washington et les autres membres de la coalition internationale soutenant les forces irakiennes dans leur offensive contre Mossoul. L'armée russe avait exprimé sa préoccupation la semaine dernière face à cette offensive. "Il ne faut pas chasser les terroristes d'un pays vers un autre mais les détruire sur place", avait alors appelé le chef d'état-major russe, le général Valéri Guerassimov. Pour rappel, la Russie fait intervenir son aviation depuis le 30 septembre 2015 sur le territoire syrien pour soutenir les forces gouvernementales syriennes affirmant ne frapper que des "cibles terroristes", notamment celles de l'EI.