L'organe onusien a exprimé sa préoccupation face au blocage du processus de paix au Sahara occidental L'organe exécutif de l'Organisation des Nations unies a évoqué, mercredi, le plein rétablissement de la Minurso dont la composante civile a été expulsée sur décision du souverain marocain. A deux mois du vote d'une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, les vents semblent vouloir souffler en faveur du peuple sahraoui qui aspire à décider librement de son destin. L'alerte lancée par le Front Polisario a fini par sortir le Conseil de sécurité de sa torpeur. De cette diplomatie du silence qui a fait les affaires de la position marocaine dans le conflit du Sahara occidental. L'organe exécutif de l'Organisation des Nations unies dont les responsabilités principales demeurent le maintien de la paix et de la sécurité internationale s'est penché sur la question le 22 février. L'organe onusien a exprimé sa préoccupation face au blocage du processus de paix au Sahara occidental, évoqué le plein rétablissement de la Minurso dont la composante civile a été expulsée sur décision du souverain marocain et mis en exergue le risque qui plane sur la sécurité dans la zone tampon d'El Guergarat. Le Maroc est incontestablement dans le viseur de l'ONU. «Plusieurs membres du Conseil de sécurité, y compris des membres permanents, ont exprimé leurs préoccupations concernant l'absence de négociations entre les deux parties (Front Polisario et Maroc, Ndlr) du conflit», a déclaré le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari, à l'issue de cette réunion tenue à huis clos, rapporte une dépêche de l'APS datée du 23 février. Il faut rappeler que le 11 août 2016, les forces d'occupation marocaines ont procédé au Sahara occidental, et à plusieurs reprises, à la traversée du mur militaire marocain vers la zone d'Al Guergarat, située dans le secteur de la 1ère Région militaire sahraouie. Depuis, la tension est montée d'un cran. Le contexte est explosif. Une paix fragile qui est «au bord de l'effondrement» dans cette région du Maghreb, a prévenu le New York Times au mois de janvier dernier. «Depuis l'expulsion des Casques bleus, les actions du Maroc étaient imprévisibles. Le roi a peut-être sous-estimé les conséquences de cette escalade. Nous avons tout fait pour éviter un scénario de conflit ouvert», a confié le président sahraoui Brahim Ghali au quotidien américain. Le souverain marocain, qui avait pris la décision de décapiter la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental après que l'ex-secrétaire général de l'ONU en visite dans les camps de réfugiés sahraouis au mois de mars 2016 ait qualifié la présence marocaine d'«occupation». Il avait ordonné l'expulsion de 75 de ses membres et la suppression de sa contribution financière. Des membres du Conseil de sécurité s'inquiètent. «L'Uruguay a insisté d'une façon spécifique sur les raisons qui empêchent cette mission de l'ONU chargée d'organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui d'atteindre la pleine fonctionnalité», a indiqué Ahmed Boukhari. «La question sahraouie est posée d'une façon permanente au niveau du Conseil de sécurité grâce à l'initiative des pays amis de la justice comme l'Uruguay, l'Angola, le Venezuela et la Nouvelle-Zélande», a souligné le diplomate sahraoui. Il est à relever cependant que le Conseil de sécurité n'a point fait référence à l'Arrêt de justice de la Cour européenne de justice, du 21 décembre 2016, qui a consacré «le statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples», une arme fatale qui doit entrer en action vers la fin du mois d'avril 2017 lorsqu'il sera question pour le Conseil de sécurité de l'ONU de proroger le mandat de la Minurso. Le royaume est déjà en ébullition. La réunion du 22 février l'a pris de court. «Cette réunion n'était pas prévue dans l'agenda du mois de février du Conseil de sécurité, dans lequel l'Uruguay, membre non permanent de ce Conseil, a fait en sorte d'inscrire la question du Sahara», écrit la presse marocaine. Son souverain, encore sur un nuage depuis son adhésion à l'UA, qui était en vadrouille en Afrique (Zambie, Ghana, Guinée) devra reposer les pieds...sur terre.