Le Maroc est appelé à mettre un terme à l'occupation des territoires de la Rasd, conformément à l'Acte constitutif de l'UA Le président sahraoui, Brahim Ghali, s'est dit préoccupé par «l'inertie du Conseil de sécurité face aux violations marocaines...», alors que ce dernier examinait le dossier sahraoui hier. Le conflit du Sahara occidental n'a jamais été aussi proche de l'implosion. Le président sahraoui alerte le Conseil de sécurité de l'ONU qui a examiné hier la question sahraouie. Brahim Ghali s'est dit préoccupé par «l'inertie du Conseil de sécurité face aux violations marocaines répétées de la légalité internationale». Le SG du Front Polisario a adressé «un appel pressant» au nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour que le processus de décolonisation au Sahara occidental se poursuive. La situation est alarmante. Le Front Polisario perd patience. Les portes du dialogue sont fermées. La composante civile et politique de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental expulsée sur injonction du souverain marocain n'a toujours pas été pleinement rétablie. Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental y est considéré persona non grata par le Maroc. Les forces d'occupation marocaines continuent à réprimer les manifestants sahraouis. Le processus de négociations est à l'agonie. Alors que dans la région d'El Guergarate forces armées sahraouies et marocaines sont face à face. Les ingrédients d'un conflit armé sont réunis. Il ne reste plus que l'étincelle. Une bombe à retardement que le Conseil de sécurité n'a pas encore jugé utile de désamorcer. Une inertie qualifiée de «diplomatie du silence» par le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies «qui a conduit à l'échec de l'organe onusien à prévenir les conflits dans les territoires occupés», a-t-il fait remarquer. «Les faits démontrent que la diplomatie du silence, fondée et inspirée par les manoeuvres de la puissance occupante, a échoué et a conduit à l'échec du Conseil de sécurité en matière de prévention des conflits au Sahara occidental», a fait constater Ahmed Boukhari. La réunion qu'il a tenue hier va-t-elle déboucher sur une réelle prise en charge d'une situation qui vire à l'extrême? Les responsables sahraouis l'espèrent. La réunion de mercredi (hier) sur le Sahara occidental «constitue aujourd'hui plus que jamais l'occasion pour le Conseil de prendre des mesures pour relancer le processus de paix après la crise provoquée par le Maroc», a écrit le Front Polisario dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, Volodymyr Yelchenko. Deux pièces nouvelles sont à ajouter au dossier. Elles peuvent changer la donne et faire bouger les lignes. Il y a l'arrêt rendu par la Cour de justice européenne qui exclut le Sahara occidental du territoire marocain. «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des Accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», avaient conclu les magistrats européens qui ont statué sur l'accord agricole signé entre le Maroc et l'UE. Des députés européens ont exhorté la Commission européenne à s'y conformer. Ils l'ont incitée à «notifier officiellement au gouvernement marocain qu'aucun des accords bilatéraux et multilatéraux conclus entre l'Union et le Maroc n'est applicable, de jure ou de facto, aux territoires sahraouis occupés sans le consentement du peuple du Sahara occidental». Puis il y a la récente adhésion du Maroc à l'Union africaine après avoir ratifié son Acte constitutif qui stipule qu'il doit respecter les frontières héritées du colonialisme. Ce qui de facto le contraint à se retirer des territoires sahraouis qu'il a annexés en 1975. «Le Maroc est appelé à mettre un terme à l'occupation des territoires de la Rasd, conformément à l'Acte constitutif de l'UA», a souligné le président sahraoui dans un communiqué qui a sanctionné les travaux de la 4e réunion du secrétariat national du Front Polisario qui s'est tenue le 20 février. Brahim Ghali a fait part de «la disponibilité de la Rasd à négocier avec son voisin en tant que membre de l'UA pour instaurer la paix dans le respect de leur intégrité territoriale, et en tournant la page de la guerre en faveur du progrès des peuples de la région...». La balle est désormais dans le camp marocain.