L'Algérie a fait le choix pertinent d'être présente aux plus importantes rencontres internationales, mais à quel prix et pour quels dividendes? Berlin, Londres, Madrid, Milan, Paris sont parmi les villes où se tiennent les plus grands Salons internationaux du tourisme au monde. Les meilleures offres y sont proposées et les plus grands décideurs s'y rencontrent. Qui par le nombre de professionnels, qui par le nombre d'exposants, qui par la superficie d'exposition, la course des forains est ouverte pour le leadership en matière d'expositions d'offres touristiques. Facteur de visibilité par excellence, les Salons internationaux du tourisme sont aussi des lieux de compétition internationale, des lieux où s'exerce le pouvoir d'influence et de rayonnement où l'objectif ultime est de drainer, autant que faire se peut, une part du marché de la demande internationale. Les grands tour-opérateurs de ce monde, les corporations de voyagistes se mesurent par leur capacité à faire et à défaire une destination. Les plus fortunés repartent avec des contrats en poche, d'autres avec la satisfaction d'avoir véhiculé et transmis le temps d'un salon, une image idéale de leur propre destination. Pour le reste, on aura fait de la figuration. A défaut de produits à vendre et de messages accrocheurs à porter. La fiabilité de ces joutes internationales ne fait plus de doute depuis très longtemps. Pour preuve, cette dizaine de milliers de salons spécialisés organisés de par le monde et qui rassemblent entre vendeurs et acheteurs, des centaines de milliers, voire des millions de personnes entre professionnels, journalistes, grand public et autres observateurs. Un foisonnement tel qu'il est crucial, voire vital de faire les choix des salons idoines, susceptibles de répondre aux besoins immédiats ou à venir en matière de présentation de l'image de la destination et des produits touristiques à vendre. L'Algérie a fait le choix, pertinent, depuis de nombreuses années d'être présente aux plus importantes rencontres internationales du tourisme, à travers, principalement, son organe de promotion qu'est l'Office national du tourisme. C'est ainsi que de nombreuses villes européennes auront eu l'occasion d'aller à la découverte du riche patrimoine national, aux plans naturels ou culturels. Même pendant la décennie dite «noire», des «messagers» s'en sont allés, avec les moyens du bord, informer sur les réalités touristiques du pays quand, par ailleurs, bon nombre de chancelleries et de médias présentaient l'Algérie comme un pays à feu et à sang. Pendant ces années-là, l'essentiel était d'assurer une présence dans ces rencontres internationales, même symbolique, le tourisme étant réduit à sa plus simple expression. Les choses sont tout autres depuis une quinzaine d'années. Les questionnements auxquels faisaient face les exposants algériens sont passés de «peut-on venir en toute sécurité en Algérie?» à «que proposez-vous comme produits?». A cette évolution qualitative de la perception de la destination touristique il faut obligatoirement apporter des adaptations à la nature, à la forme et à la consistance de la participation algérienne. Ce ne sont plus des réponses évasives qu'attendent le public et les professionnels sollicitant le pavillon algérien. Ce n'est plus de la figuration qui est attendue des opérateurs. Mais des offres touristiques, des produits, des packages... Transport aérien, terrestre, transferts, des circuits...tout doit y être pour des réponses concrètes à des questions concrètes. Mais force est de constater que si la perception de la destination a évolué positivement, il reste beaucoup à faire pour un impact correspondant au plan de la fréquentation de la destination. Or cette fréquentation reste en deçà des attentes. Il est même arrivé qu'elle accuse un recul comme en 2014. L'explication réside-t-elle dans le choix des salons auxquels l'Algérie est présente? Dans ses arguments promotionnels et commerciaux? Dans ses capacités logistiques et culturelles à absorber une demande potentiellement intéressée? Dans la qualité de sa présence dans les salons? Autant de questions pour lesquelles une réponse est impérative pour aller de l'avant. Pour mieux aller de l'avant. Des réponses qui devront se traduire par un cahier des charges d'une participation aux Salons du tourisme à l'étranger. Un cahier des charges qui sera une véritable feuille de route pour la promotion touristique. Il définira l'image de la destination touristique algérienne, énumérera les salons incontournables et partant, le potentiel de touristes à fort pouvoir d'achat vers lequel se diriger. Il estimera les coûts en deçà desquels une participation «sérieuse» sera impossible. Il fixera les conditions de participation aux salons, en hommes et en moyens. Il imposera, enfin, une évaluation systématique de chaque participation afin d'en tirer les enseignements nécessaires pour aller de l'avant. Les efforts consentis jusque-là sont louables. Mais il est temps de passer à une nouvelle étape plus qualitative sans laquelle les retombées attendues ne seront pas au rendez-vous.