Donald Trump au Congrès Dans leurs circonscriptions, les parlementaires républicains sont chahutés par leurs électeurs, inquiets du chamboulement annoncé de la couverture-maladie. Donald Trump a prononcé hier soir son premier discours au Congrès américain, qui est dominé par ses alliés républicains mais dont l'indépendance et la lenteur d'action pourraient frustrer les projets de réformes de l'impatient président. Comme ses prédécesseurs à la même période de l'année, le président des Etats-Unis s'est exprimé à 21h00 (2h00 GMT) au Capitole, dans l'hémicycle de la Chambre des représentants, où siègent également les sénateurs, les ministres, des juges de la Cour suprême et d'autres notables de la République. Le républicain a utilisé ce moment en prime-time pour tracer la voie politique et législative de la prochaine année, justifier la priorité militaire et donner un élan à ses réformes économiques et sociales. Mais les divergences pointent à l'horizon, particulièrement sur la santé. Dans leurs circonscriptions, les parlementaires républicains sont chahutés par leurs électeurs, inquiets du chamboulement annoncé de la couverture-maladie. Donald Trump et les républicains ont en effet promis d'abroger la réforme du système de santé emblématique de la présidence Obama, surnommée «Obamacare», qui a permis à plus de 20 millions d'Américains de souscrire à une couverture maladie. Mais par quoi la remplacer? Un fossé se creuse au sein du parti républicain, entre l'aile libérale qui promeut un audacieux désengagement public, et les pragmatiques qui hésitent à démanteler un système qui a, malgré ses défauts, aidé des millions de leurs électeurs. Donald Trump lui-même souffle le chaud et le froid. «Personne ne sait à quel point c'est complexe», a-t-il fait valoir lundi. Un texte pourrait être dévoilé dans les prochains jours par les chefs parlementaires. Les tensions, pour l'instant en sourdine, entre l'exécutif et le pouvoir législatif pourraient croître lors des négociations qui s'ouvrent sur le budget 2018. «Ce budget sera un budget de sécurité publique et de sécurité nationale», a annoncé lundi Donald Trump qui consacrera la majeure partie du discours à justifier ses priorités.Le locataire de la Maison-Blanche veut doper de 9% les dépenses militaires, déjà les plus importantes de la planète, et couper à la hache les crédits des autres ministères. Un arbitrage jugé inquiétant pour une centaine de hauts gradés de l'armée américaine à la retraite, dont le général David Petraeus, ancien directeur de la CIA. Dans une lettre adressée au Congrès et à la Maison-Blanche, ils ont demandé à Donald Trump de ne pas sacrifier le budget consacré à la diplomatie et à l'aide internationale. Or l'ex-candidat populiste refuse de toucher à la protection sociale, qui engloutit deux tiers des dépenses fédérales. C'est là que se creuse le déficit public, et que Paul Ryan, l'ultralibéral président de la Chambre, rêve d'utiliser son scalpel. Interrogé sur la difficulté de dégager plus de 50 milliards d'économie sur les dépenses non militaires, le président américain est resté évasif, affirmant simplement compter sur une croissance économique plus robuste. «Nous sommes probablement à un peu plus de 1%, si je peux faire passer ce chiffre à 3% voire plus, ce sera une toute autre histoire», a-t-il déclaré mardi sur Fox News. Si la Maison-Blanche avait évoqué une allocution centrée sur «le renouveau de l'esprit américain», le milliardaire apparaît décidé à décliner son message nationaliste de «l'Amérique d'abord». «Nous dépensons 6000 milliards de dollars au Moyen-Orient et nous avons des trous partout sur nos routes et nos autoroutes!», a-t-il tonné lundi. L'opposition démocrate n'a pas attendu le discours pour dénoncer l'hypocrisie qui anime, selon elle, le président. «Le président aura recours au même message populiste qu'hier, mais ses paroles seront creuses», a lancé lundi Chuck Schumer, chef des démocrates du Sénat et visage de l'opposition. «Il parle comme s'il voulait aider les travailleurs, mais ses actions desservent leurs intérêts. Il gouvernera à l'extrême-droite». Et les démocrates de promettre un front uni qui pourrait ralentir ou bloquer certaines réformes, en cas de défections républicaines. De fait, les républicains n'ont que deux sièges de marge au Sénat, et 22 à la Chambre. Pas assez pour garantir un blanc-seing au nouveau locataire de la Maison-Blanche, qui va devoir démontrer ses talents de négociateur.