Donald Trump a été investi, vendredi 20 janvier à Washington, 45e président des Etats-Unis. Son cabinet compte 11 multimillionnaires. La plupart des ministres sont des hommes d'affaires sans expérience politique, 13 d'entre eux n'ont jamais dirigé les affaires publiques. Pour Donald Trump, c'est une équipe de combat et de rupture. Mais pour beaucoup d'observateurs, le gouvernement Trump apparaît surtout comme radical. Les deux mois et demi de transition et l'annonce de la nouvelle équipe n'ont d'ailleurs pas rassuré. Dans son discours d'investiture, vendredi au Capitole, Donald Trump a donné en tout cas le ton de son mandat : résolument populiste, de tendance nationaliste et en rupture implacable avec son prédécesseur, Barack Obama. Son premier décret, signé vendredi soir dans le bureau ovale à la Maison-Blanche, devant les caméras de télévision, s'inscrit dans cette volonté : il ordonne à son Administration de libérer autant que possible les acteurs du système de santé des obligations de la réforme du système «Obamacare», haïe des conservateurs pour son coût et sa lourdeur. Tour d'horizon des figures-clés qui vont faire la politique américaine des prochaines années.
Rex Tillerson, secrétaire d'Etat Pas besoin d'avoir fait de la politique pour intégrer le cercle rapproché de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le nouveau secrétaire d'Etat des Etats-Unis, qui succède à John Kerry, s'appelle Rex Tillerson et a fait toute sa carrière dans la même société : Exxon Mobil, une entreprise pétrolière et gazière américaine qui génère des centaines de milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel. Mais selon Donald Trump, «il est bien plus qu'un chef d'entreprise, c'est un joueur de classe mondiale». Un joueur qui plus est entretient notamment d'étroites relations avec Vladimir Poutine. Justement, le président Trump apprécie ce Texan de 64 ans pour sa connaissance de la Russie, un pays avec lequel le successeur d'Obama veut se rapprocher. Ses liens avec Moscou sont tels qu'il a été récompensé par le gouvernement russe, il y a trois ans, de l'Ordre de l'amitié. Au cours des dernières décennies, le nouveau secrétaire d'Etat a largement contribué, par de nombreux voyages, à l'expansion de son entreprise dans plus de 50 pays, plus particulièrement en Russie et au Moyen-Orient. Cela fait dire également à beaucoup d'observateurs que Donald Trump a engagé Rex Tillerson pour son impressionnant carnet d'adresses. Le général James Mattis, secrétaire à la Défense Le Sénat américain a confirmé vendredi le général James Mattis comme secrétaire à la Défense, quelques heures après l'investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. La nomination de cet ancien général, retraité depuis quatre ans, a été conditionnée par l'approbation du Congrès, car la loi américaine impose un délai de sept ans avant qu'un militaire puisse prendre les habits civils de secrétaire à la Défense. Le Congrès avait accordé une seule exception semblable en 1950, lorsqu'il a accepté la nomination du général George Marshall. Mattis, 66 ans, est considéré comme l'un des chefs militaires les plus influents de sa génération. Depuis son départ à la retraite, il a servi comme consultant à l'institution Hoover relevant de l'université de Stanford. James Mattis, qui a dirigé les opérations du Pentagone au Moyen-Orient, a souvent plaidé pour le renforcement de l'influence américaine dans cette région comme il a revendiqué l'augmentation des contributions financières des membres de l'Otan. Jeff Sessions, procureur général des Etats-Unis La loyauté a payé. En février, Jeff Sessions avait été le premier sénateur républicain à soutenir Donald Trump. Il en avait fait l'annonce dans l'Alabama, à l'occasion d'un meeting du magnat de l'immobilier. Ce dernier avait été trop heureux alors de pouvoir bénéficier du crédit d'un élu apprécié par l'aile radicale du Tea Party, alors que ses adversaires dans la course à l'investiture républicaine contestaient ses convictions conservatrices. Dix mois plus tard, celui qui considérait son élection au Sénat, en 1996, comme le pic de sa carrière, est propulsé à l'un des plus hauts postes de l'Administration américaine, à la tête du ministère de la Justice. Né à Selma en 1946, Jeff Sessions a été successivement procureur puis attorney général de l'Alabama. Classé parmi les élus les plus conservateurs du Congrès, Jeff Sessions n'est pas réputé pour sa quête des compromis. En 2013, il a participé activement à la lutte contre un projet de réforme de l'immigration concocté par un groupe de sénateurs appartenant aux deux principaux partis américains. Mike Pompeo, directeur de la CIA Un homme politique pour remplacer un technicien. Tout le monde l'aura compris, c'est Mike Pompeo, membre de la Chambre des représentants (Kensas), que Donald Trump a choisi pour être la tête de l'agence de Renseignement américaine. Le Sénat doit toutefois le confirmer à son poste. Mike Pompeo a d'abord soutenu le sénateur de Floride Marco Rubio, avant de se tourner vers Trump — même s'il avait qualifié d'«horribles, offensants et indéfendables» ses propos dans la vidéo déterrée par le Washington Post dans laquelle Trump se vante de pouvoir faire ce qu'il veut avec les femmes. Il est opposé à la fermeture de Guantánamo. Mike Pompeo avait aussi été accusé d'islamophobie pour des remarques faites après l'attentat du marathon de Boston en 2013, désignant les chefs religieux musulmans comme potentiellement complices. Comme le nouveau président américain, il a aussi largement critiqué l'accord sur le nucléaire iranien. Cet ancien officier de l'armée de terre est connu pour avoir fait partie de la commission d'enquête du Congrès sur l'attaque du consulat des Etats-Unis à Benghazi en 2012, au sein de laquelle il a été un critique acerbe d'Hillary Clinton. Mike Flynn, conseiller à la Sécurité nationale Il était déjà aux côtés de Trump, le 17 novembre, pour rencontrer le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. Général à la retraite, toujours inscrit comme démocrate, Mike Flynn devient officiellement conseiller à la Sécurité nationale — sa nomination n'a pas nécessité de confirmation du Sénat. C'est un retour en force pour celui qui avait été éjecté en 2014 de la Defence Intelligence Agency. Flynn et Trump partagent de nombreux points de vue, notamment en ce qui concerne la lutte contre l'Etat islamique, pour laquelle ils voient tous les deux en la Russie un partenaire essentiel. Invité au gala d'anniversaire de la chaîne d'Etat Russia Today en 2015, Mike Flynn était d'ailleurs assis à la table de Vladimir Poutine. Ses positions dures envers l'islam inquiètent. En février, il avait par exemple écrit sur Twitter : «La peur des musulmans est rationnelle.» Reince Priebus, chef de cabinet de la Maison-Blanche C'est un poste stratégique que Reince Priebus est appelé à occuper. Il devrait servir de trait d'union entre la Maison-Blanche et le Parti républicain. A 44 ans, Reince Priebus, l'un des plus jeunes membres qui composeront la future Administration, a été choisi par Donald Trump pour occuper le poste-clé de chef de cabinet de la Maison-Blanche. Aujourd'hui à la tête du Parti républicain et proche de Paul Ryan (président de la Chambre des représentants), la nomination de Priebus est perçue comme une volonté du président élu de coopérer étroitement avec le Congrès à majorité républicaine, et plus largement avec l'état-major du Grand Old Party (GOP). Avocat de formation, Reinhold Richard «Reince» Priebus a démarré sa carrière politique à 32 ans, comme candidat républicain à l'élection sénatoriale du Wisconsin, où il est alors battu par son rival démocrate. Trois ans plus tard, il devient président du comité du GOP dans le Wisconsin, avant de prendre la tête du parti à l'échelle du pays en 2011. Dans un communiqué commun avec le président élu, Reince Priebus promet de «travailler à créer une économie qui marche pour tout le monde (...) à abroger et remplacer Obamacare et à détruire le terrorisme radical islamique».