Tizi Ouzou était hier en pleine atmosphère des commémorations du double anniversaire printanier. Les archs, du moins l'aile drivée par Belaïd Abrika, a organisé des festivités à Agouni Arrous et à Tizi Ouzou. La ville vaquait normalement à ses préoccupations, et seuls les policiers, déployés en nombre sur la rue principale pour fluidifier la circulation, annonçaient un événement. C'est sur les coups de 10h que le convoi ministériel est passé en trombe, sous le regard de quelques curieux massés autour de la trémie du centre-ville pour voir passer le long cortège. Agouni Arrous, point de ralliement des délégations, était drapé de noir disparaissant presque sous les banderoles des archs. Le hameau situé sur une colline surplombant Tizi Hibel, Ighil Nezman de Feraoun, dans la commune des Aït Mahmoud, attendait de pied ferme l'arrivée du chef du gouvernement. La musique de Matoub, le fils du pays natif du village voisin, inondait l'atmosphère et les délégués étaient au four et au moulin pour préparer l'arrivée de leur illustre invité. Rien ne disait, le long du trajet, qu'un événement d'importance allait se dérouler, les citoyens étaient à leurs occupations habituelles. A Agouni Arrous, il y avait foule même s'il est vrai qu'elle n'avait rien à voir avec les foules des dernières années. C'est donc dans une atmosphère toute de sérénité que le chef du gouvernement, accompagné d'une délégation, dont M.Ould Abbès, arrive. Les voitures officielles ont eu du mal à stationner dans les étroites ruelles d'Agouni Arrous. M.Ouyahia est accueilli par Belaïd Abrika, entouré des délégués des archs, puis le chef du gouvernement se rend dans la maison paternelle de Guermah. Là, il s'entretient quelques instants avec le père et la mère du jeune lycéen Massinissa, la première victime du Printemps noir, avant de se rendre au tombeau où repose Massinissa, tout à côté de la maison familiale. La foule parmi laquelle on pouvait distinguer le wali de Tizi Ouzou, le chef de daïra de Beni Douala et la délégation gouvernementale aux côtés des citoyens et des délégués des archs, observe une minute de silence à la mémoire des victimes sous l'air de Kassamen version Matoub. Et avec Abrika et M.Djamel Ould Abbès, le chef du gouvernement dépose une gerbe de fleurs sur la tombe avant de se retirer. Dans une courte déclaration à la presse, M.Ouyahia dira: «Nous ferons tout notre possible pour apaiser cette crise et réconcilier le peuple avec lui-même. Ma présence aux côtés de la famille Guermah pour commémorer le 4e anniversaire de la disparition de Massinissa se veut un message de solidarité et de soutien. La mort de Massinissa et de tous ces jeunes est une perte pour nous tous.» Khaled Guermah, le père du jeune Massinissa, prend la parole pour dire à la presse que «c'est un signe évident d'apaisement et de vérité de la part du chef du gouvernement que son geste de se recueillir en la mémoire des 125 martyrs, et notamment de Massinissa, le premier d'entre eux. Cela est une satisfaction en soi. Nous espérons qu'avec le dialogue entamé, la plate-forme d'El Kseur sera satisfaite. La venue du chef du gouvernement à Agouni Arrous prouve qu'il est possible de mettre fin à cette crise». Pour sa part, Belaïd Abrika expliquera que «cette commémoration a quelque chose de particulier cette année. D'abord, nous sommes en pleine phase d'application de la plate-forme d'El Kseur, et ensuite il y a le fait que le chef du gouvernement est venu s'incliner à la mémoire des victimes et rendre hommage à Guermah Massinissa. Cela redonne espoir à la région et même au pays. On va avancer dans notre combat». Agouni Arrous se souvient du jeune Massinissa et lui a rendu l'hommage mérité. Un hommage qui, cette année, a vu une délégation gouvernementale s'associer aux archs pour dire que le sacrifice de Massinissa n'est pas vain.