Le Web-documentaire est devenu au fil de ses dernières années, la seule expression audiovisuelle indépendante et non professionnelle. Le Web doc est un genre de doc qui est conçu pour être interactif - en associant texte, photos, vidéos, sons et animations - et produit pour être diffusé sur le Web. Ce type d'oeuvre se caractérise par l'utilisation d'un contenu multimédia, l'introduction dans le récit de procédés interactifs, une navigation et un récit non-linéaire, une écriture spécifique ou surtout un point de vue d'auteur. La culture s'est installée quand des télévisions et des producteurs refusent de prendre en charge ses sujets. Trop revendicatifs, trop directs et parfois polémiques. Car au fond, on exprime une idée ou une histoire qui ne peut pas être racontée ailleurs. En utilisant le Web et plus précisément YouTube, tant qu'il n'est pas payant. Il est possible de faire passer des choses. Ces derniers temps, un Web-documentaire algérien produit et réalisé par Riadh Touat, qui parle de la jeunesse algérienne à travers une série de portraits croisés dans Wesh Derna? a réussi à capter l'intérêt des internautes. Le premier épisode a été mis en ligne jeudi 12 janvier 2017 sur les réseaux sociaux. Avec des moyens simples un 5D et un micro, on peut capter à travers Wesh Derna? le regard parfois blessé que porte la jeunesse algérienne sur son pays. Ils ne sont pas les seuls. Certains comme Thala production ont commencé par le Web leur programme divertissant Djawab Bassit pour atterrir à la télévision. En réalité, c'est ça l'objectif. Passer de la production artisanale à la production industrielle. En France, même si le Web doc est un genre grunch, il est souvent utilisé par des personnes qui sont censurées et qui n'arrivent pas à s'exprimer dans une télévision normale. Comme ces six appelés de la guerre d'Algérie qui ont cotisé pour produire un Web doc sur leur calvaire dans l'armée coloniale. Ils étaient paysans, ouvriers, instituteurs... Ils venaient des quatre coins de la France pour maintenir l'ordre dans les trois départements français d'Algérie. Stanislas, Jacques, Jean-Pierre, Bernard, Gérard et Noël sont six de ces «cinq cent mille gaillards» qui ont «perdu leur temps», «trouvé des amis», «beaucoup bu», «vécu des horreurs», «tué des hommes»... en Algérie. Cinquante ans après la signature des accords d'Evian, les six «gaillards» mettent des mots sur des instantanés de leur guerre d'Algérie à travers un Web doc. «Ces cinq cent mille gaillards munis de transistors» comme le disait De Gaulle étaient aussi équipés d'appareils photos Zeiss, Leica en Kodachrome: les clichés qu'ils ont couchés sur la pellicule montrent des instantanés de leurs histoires. Ils ont photographié, souvent écrit, beaucoup raconté...à travers un Web doc pour la mémoire et contre la censure. [email protected]