«Dans l'ennui du protocole et le respect des procédures se meurt l'effervescence populaire», et se fige «la révolution citoyenne». Enfermés en «ateliers» à l'annexe du Palais du gouvernement, les délégués des ârchs, portables éteints, sont hors d'accès. Là-bas, ou là-haut, entre l'Akfadou et le Djurdjura, on attend. Seules les familles des victimes cultivent la mémoire. En longs souvenirs que la douleur fait vibrer. Pour le reste des acteurs, entre apparatchiks rodés et bureaucrates sûrs de la pérennité de leur pouvoir, viennent se greffer des opportunismes cyniques. A Alger, des travaux d'atelier seront sanctionnés par des P-V en bonne et due forme. Malgré toute sa bonne volonté, sa bonne foi et sa disponibilité affichée, M.Benflis n'a pas encore, depuis jeudi, annoncé la moindre mesure concrète à même de crédibiliser les délégations qui ont répondu à son invitation. L'enjeu actuel est la représentativité des ârchs face au pouvoir. Est plus légitime celui qui aboutit le plus vite au meilleur résultat. De source proche des délégués venus aux ateliers, il n'y a que «deux points qui risquent de poser problème: il s'agit du départ de la Gendarmerie nationale, et des poursuites des auteurs d'exaction et tamazight comme langue officielle», puisque le caractère de langue nationale est déjà acquis. Rappelons que la Gendarmerie nationale, au regard de son statut et de la loi, n'a aucun pouvoir de police dans les centres urbains couverts par la DGSN. L'hégémonisme sécuritaire de ce corps «date de la période où le colonel Bencherif en était le patron». De vraies batailles opposaient, à l'époque, gendarmes et policiers pour des histoires de compétence territoriale. La concession que le gouvernement semble prêt à faire consiste en «la réactivation du statut de la gendarmerie, et l'application réelle de la séparation des compétences territoriales entre les deux corps de sécurité». Mais les délégués s'accrochent désespérément au «départ des brigades implantées en Kabylie». De nombreux députés s'accordent à dire que «l'évacuation de la gendarmerie est une aberration». Quant aux délégués en ateliers, ils estiment qu'ils ne peuvent reculer sur aucun point sans en référer à leur base, d'autant plus que «la satisfaction des 15 points de la plate-forme ne coûtera rien au Trésor public». Du moins, rien de plus que ce que la loi de finances et le plan de soutien à la relance de l'économie avaient déjà prévu. En revanche, notre source souligne que «le retour sur investissement est incalculable, ne serait-ce que par la réconciliation qui en résulterait». En ce qui concerne les ateliers, M.Mokrane nous apprend que samedi et dimanche ont été «consacrée à la mise en place des ateliers, de la composante humaine et à la désignation d'un porte-parole des ateliers en la personne de M.Rabah Hamitouche». L'organisation des ateliers est la même, sauf le premier, consacré au statut de tamazight, qui réunit des représentants des ârchs et ceux de la présidence de la République. Quant aux travaux proprement dits ils ne devaient commencer qu'hier soir, à 20h. M.Mokrane promet «un point de presse au courant de la soirée». En attendant que la logistique se mette en place, les délégués peaufinent leur démarche, notamment vis-à-vis des médias. «La tendance générale est à la récupération, aux interprétations tendancieuses», note un délégué. D'autant que, selon M.Zahani, «le gouvernement ne prévoit pas de communiqué ni de point de presse jusqu'à la clôture des travaux». Si les délégués des ârchs décident de communiquer avec la presse, «ils sont libres», conclura le responsable des relations avec la presse.