On s'attendait à voir 1 000 délégués des ârchs, ils étaient à peine 200 à se rendre à cette rencontre historique avec le Chef du gouvernement pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. En effet, nombreux étaient les délégués qui n'ont pas pu se rendre à la capitale, en raison des menaces qu'ils ont reçues de la part de certaines personnes opposées au dialogue. Certains délégués qui ont pu rallier la capitale affirment avoir même reçu des menaces de présidents de l'APC. Une attitude qui démontre, si besoin est, la volonté de certains responsables locaux, proches de l'opposition, à vouloir pousser encore au pourrissement. Pour quelques délégués rencontrés à la salle Ibn Khaldoun, vers 15 heures, les personnes qui sont contre le dialogue avec le Chef du gouvernement sont ceux-là mêmes qui veulent la division du pays. Un délégué en larmes, nous confie alors en aparté, que les menaces de ces personnes, qui veulent s'autoproclamer chefs politiques dans la région, ne l'effraient plus et qu'après la mort de son fils il n'a plus peur de rien. «Allez demander à Ali Gherbi ou Abrika s'ils ont eu des parents tués dans les événements du printemps noir», poursuit ce délégué révolté par la manière dont il a été traité quand il a décidé de répondre à l'invitation du gouvernement. Ce n'est qu'à 17 heures que l'ensemble des délégués a pu rejoindre le lieu de rencontre à savoir la salle Ibn-Khaldoun, située en contrebas du Palais du gouvernement. Après le f'tour, les délégués désignés, à leur tête Salim Allilouche, ont eu un entretien exclusive avec le Chef du gouvernement, avant d'entamer le dialogue direct avec les délégués venus de plusieurs wilayas du pays. Dans son allocution d'ouverture, le Chef du gouvernement, M.Ali Benflis s'est félicité de la réponse positive des ârchs, qui ont affiché leur entière disponibilité à dialoguer, sans préalable, avec le gouvernement et a rappelé également l'adoption du dialogue comme moyen de contact et de concertation autour de toutes les questions concernant les citoyens et ce, conformément aux orientations du Président Bouteflika. A propos de cette rencontre, le Chef du gouvernement a fait savoir que ce n'est pas «une réunion de la trahison», mais une rencontre pour le dialogue franc, sincère et sans manipulation qui sera destiné à un échange de vues sur tous les points contenus dans la plate-forme d'El-Kseur. M. Benflis a affirmé, par ailleurs, que la cause que défendent les ârchs est «une cause citoyenne», ajoutant que celle-ci a permis une avancée extraordinaire de la démocratie en Algérie. Le Chef du gouvernement a invité ensuite les délégués à s'exprimer sur tous les sujets, sans tabou, pourvu que le dialogue réussisse à trouver les solutions à tous les problèmes. Intervenant peu avant le débat, le porte-parole du comité préparatoire de la rencontre gouvernemnet-ârchs, Salim Allilouche, a qualifié cette rencontre de «pont historique entre l'Etat et le citoyen» et exhorté les délégués à concentrer leur débat dans le sens positif et le porter essentiellement sur la mise en oeuvre des principes contenus dans la plate-forme d'El-Kseur. Dans les interventions au débat général, un délégué d'Amizour a affirmé que cette rencontre constitue l'occasion de demander au gouvernement la mise en oeuvre intégrale de la plate-forme d'El-Kseur qui est, selon lui, scellée et non négociable. Un autre délégué, venu défendre la cause de son fils tué en 1998 lors des manifestations de protestation contre l'assassinat de Matoub, a accusé publiquement le maire de Tazmalt du meurtre de son fils. Il affirme avoir répondu à l'appel du gouvernement en toute confiance pour lui demander surtout que la mémoire des martyrs du printemps noir ne soit pas trahie.Un autre membre des ârchs est intervenu pour demander au gouvernement de rétablir l'ordre et la sécurité dans certaines régions où des jeunes continuent à s'adonner à des actes de vandalisme, avant d'ajouter qu'il faut prendre sérieusement en charge le cas de ses catégories sociales vulnérables qui font l'objet de toutes les manipulations. Enfin, un délégué d'El-Kseur, s'est félicité que les points de la plate-forme soient acceptés par le Président de la République en tant que revendications nationales et que la porte du dialogue reste ouverte. A l'issue de cette rencontre gouvernement-ârchs, M.Ali Benflis, a souhaité que le dialogue avec les représentants des ârchs reste ouvert y compris avec ceux qui n'ont pas assisté à la rencontre de jeudi. Le Chef du gouvernement a annoncé, par ailleurs, la mise en place de commission de travail pour mettre en oeuvre les axes de la plate-forme d'El-Kseur. De son côté, le représentant des ârchs M.Alilouche, s'est dit satisfait de l'issue de cette première rencontre de travail et de dialogue, constatant la mobilisation des citoyens pour perpétrer le combat à travers l'adhésion totale à la démarche du dialogue et le rejet de toute forme de violence. Interrogé sur les opposants au dialogue, M.Alilouche a répondu que ceux qui veulent semer l'amalgame et la confusion et qui prétendent détenir la paternité du mouvement, répondront devant l'Histoire et que seule leur solidarité compte pour faire face aux problèmes. Enfin, à l'issue de cette rencontre et des débats francs et hautement responsables, le Chef du gouvernement sur proposition des participants a adhéré, à la mise en place de quatre ateliers qui auront à mettre au point les schémas de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Il reste à connaître l'impact de cette rencontre en Kabylie et ses conséquences sur une population qui ne cherche qu'à retrouver la stabilité et la quiétude d'antan.