William Burns, le secrétaire d'Etat adjoint américain et chargé des affaires du Proche-Orient est à Alger. Une visite de deux jours durant laquelle il a rencontré le Président Bouteflika et où il était question de la crise en Palestine. Le successeur de Denis Ross dans la région explosive du Proche-Orient, est à Alger suite à la récente visite du Président Bouteflika à Washington. Il a salué les relations algéro-américaines qui, selon lui, ont connu «une évolution notable ces dernières années». Sur le sujet qu'il maîtrise le plus, à savoir le Proche-Orient, William Burns dira que les Etats-Unis «oeuvrent sans relâche au règlement de la situation dans la région et la poursuite des contacts entre Palestiniens et Israéliens». L'émissaire particulier de George W.Bush avouera néanmoins que «la situation est très difficile» en évoquant le cycle attentats-répressions dans la région et le peu de perspectives de dialogue dans cette conjoncture. Le diplomate américain n'en dira pas plus sur les motifs de son déplacement à Alger alors qu'une situation d'urgence prédomine au Proche-Orient. William Burns a été de toutes les missions de paix de l'administration américaine soit auprès d'Ariel Sharon ou de Yasser Arafat. Le diplomate américain vient de revenir de son énième déplacement où il avait supervisé le volet diplomatique de la mission en accompagnant le nouvel émissaire du président américain, le général Anthony Zinni, quelques jours avant le déclenchement de la vague d'attentats-suicide qui ont ébranlé Israël. William Burns est un proche de Colin Powell, secrétaire d'Etat américain et un des plus brillants diplomates de sa génération. Même s'il a été nommé à ce poste le 25 mai dernier, il compte parmi les diplomates américains qui ont suivi le processus de paix dans la région depuis des années déjà, soit depuis le sommet de Charm El-Cheikh. Docteur en droit et possédant une maîtrise des relations internationales de l'université d'Oxford, Burns s'est évertué à jouer aux pompiers entre Israéliens et Palestiniens avec lesquels il possède un contact plus facile que l'ancien émissaire américain, Martin Indyk, jugé trop pro-israélien par les Arabes. Son passage comme ambassadeur US a Amman, en Jordanie, l'a probablement aidé à développer une sensibilité politique nécessaire lorsqu'il s'agit d'impartialité vis-à-vis de l'Autorité palestinienne. Il n'en demeure pas moins que le déplacement de Burns à Alger prend une signification particulière au regard du contexte international et, surtout, du rôle que pourrait jouer l'Algérie. Lors de son passage à Washington, le Président algérien avait insisté sur l'adéquation de la lutte antiterroriste et les raisons de la violence au Proche-Orient. Il avait fait le lien avec la persistance de la violence dans cette région si la justice internationale ne permettait pas l'édification d'un Etat palestinien et si le processus de dialogue ne reprenait pas. La position algérienne a été fortement appréciée par les Américains qui considèrent l'Algérie comme un Etat arabe modéré qui peut contribuer à sensibiliser les partisans de la radicalisation dans la région surtout au sein des instances régionales. Les diplomates algériens, sous la conduite du MAE, Abdelaziz Belkhadem, ont pris une place prépondérante dans des instances politiques telles que l'Organisation de la conférence islamique (OCI) ou la Ligue arabe puisqu'ils font partie des commissions mises en place par les pays arabes. Il faut dire que face aux critiques redoublées de la communauté internationale, les Etats-Unis cherchent actuellement à renforcer leur démarche en tentant d'élargir le cercle de contributions des autres Etats, notamment arabes. L'Algérie fait partie du cercle des «amis» américains qui peuvent contribuer, un tant soit peu, à convaincre Palestiniens et partenaires arabes de la démarche politique américaine qu'Alger se garde toujours de critiquer, même si l'Egypte ou la Jordanie sont les mieux insérées dans le jeu diplomatique du Proche-Orient.