Les Etats-Unis veulent établir avec l'Algérie une coopération économique, diplomatique, mais également sécuritaire. La visite de William Burns, secrétaire américain chargé des affaires du Proche-Orient à Alger, marque incontestablement l'intérêt que manifeste l'administration Bush pour un pays dont la position géostratégique lui paraît de plus en plus manifeste. Après deux visites consécutives du Président Bouteflika aux Etats-Unis, voilà que, finalement, une visite officielle d'un haut responsable américain vient réaffirmer une coopération qui, jusqu'ici, était voilée par une politique américaine en dents de scie. C'est, bien entendu, sur le plan sécuritaire que les Américains n'ont pas su apporter, en temps voulu, le soutien que l'on attendait d'eux. Un soutien qui n'aurait pas été de trop quand l'Algérie menait, pendant dix ans dans l'indifférence la plus totale, une lutte sans merci contre un terrorisme sans foi ni loi. Pourtant, il semble bien qu'aujourd'hui les perceptions tendent à changer et les américains sont, par ailleurs, plus disposés à entreprendre des actions plus concrètes maintenant que leurs intérêts ont été directement visés. Washington est désormais disposé à apporter l'aide nécessaire au gouvernement algérien pour combattre le terrorisme et maximiser le rendement d'une lutte sur plusieurs échelles. La coopération devrait également porter sur la mise au point d'un cadre juridique permettant un échange d'informations plus efficient et plus efficace entre les deux pays dont l'un peut se prévaloir d'avoir une expérience avérée dans le domaine ! En effet, le successeur de Denis Ross estimait, dimanche, que les relations algéro-américaines ont connu «une évolution notable ces dernières années». C'est pourquoi, Burns n'a pas omis d'aborder le volet économique en précisant que les entreprises américaines sont fin prêtes à venir investir dans le pays et que l'engagement des Etats-Unis à renforcer la coopération sera traduit sur le terrain «dans les semaines et les mois à venir». Les Etats-Unis entendent, également, travailler de concert avec l'Algérie sur une série de «questions importantes pour toute la région». Une autre «évolution notable» qui se traduit, elle, dans la nouvelle conception américaine, par le déplacement du rôle que l'Algérie aura, désormais, à jouer sur l'échiquier international. La carte régionale sera, de ce fait, substantiellement optimisée dans la gestion du dossier du Sahara occidental, l'Algérie étant, depuis toujours, foncièrement impliquée. Quant au processus de paix au Proche-Orient, ce sera nécessairement la position ferme, mais également réfléchie que l'Algérie a éternellement défendue qui fera d'elle un allié sûr pour la poursuite du dialogue et des négociations auprès de l'Autorité de Yasser Arafat. Un partenaire utile auprès d'un Etat palestinien certain, par ailleurs, de l'appui inconditionné du peuple et du gouvernement algérien pour la cause palestinienne. Le rôle de médiateur que pourrait jouer l'Algérie en Afrique et dans le monde arabe est celui-là même qu'il va falloir méditer pour que la contribution algérienne ne soit pas purement occasionnelle et ne soit pas, non plus, empreinte d'une amitié de circonstance avec une Amérique à l'affût d'un appui solide susceptible de justifier son redéploiement dans la région et dans le monde.