Abdelmadjid Tebboune, invité de la rédaction de la radio Chaîne 3, a saisi l'opportunité de l'émission pour informer les auditeurs sur la situation actuelle du commerce en Algérie. D'emblée, il rappelle le déficit de la balance commerciale de l'année 2016 qui est de l'ordre de 17 milliards de dollars, l'équivalent du budget annuel de plusieurs pays africains précise-t-il, comme pour frapper les esprits. Si ce déficit était nécessaire en importations de biens d'équipements personne n'aurait crié au scandale, mais là, malheureusement ce n'est pas le cas. Et à «l'invité de la rédaction» de noter que cet argent n'était pas destiné au départ à des importations débridées. La situation ne peut demeurer en l'état et une réaction des pouvoirs publics est une nécessité. «On ne peut pas protéger l'économie nationale en faisant de l'Algérie une poubelle», s'alarme Tebboune. Il explique davantage cette tâche noire en donnant plus de détails sur ce qu'on appelle produits de 7e et 8e nécessité. 19 millions de dollars de mayonnaise et de ketchup, 18 milliards de dollars de chewing-gum, 74 millions de dollars de chocolat, 10 millions de dollars d'olives, 11 millions de dollars de pâtes alimentaires, 35 millions de shampoing. Donc, dans ce lot d'importations débridées, la banane qui a fait l'actualité n'est qu'un épiphénomène. Il y a lieu alors de protéger l'économie nationale et la santé des Algériens car dans le lot des importations superflues, on y trouve des produits de cosmétiques provenant, tenez-vous bien, de pays qui ne sont pas producteurs. Il faut mettre le holà! Les accords internationaux en matière de commerce ne permettent plus à l'Algérie d'interdire, mais lui donnent la possibilité de contrôler. L'avènement des licences d'importation est destiné à mieux réguler le marché. Le ministre du Commerce par intérim expose sa démarche qui met visiblement mal à l'aise des importateurs véreux. Les licences d'importation de 2015 sont arrivées à échéance et leur renouvellement se fera plus minutieusement contrairement au passé. Ceci dit pour qu'il n'y ait pas rupture de stock, les produits de première nécessité seront importés normalement. Donc toute cette effervescence autour des importations est générée par la faune d'importateurs qui s'inquiètent de leur devenir uniquement, pas de l'Algérie. Tout compte fait c'est un peu «à quelque chose malheur est bon». Et oui, il a fallu que la crise financière pointe avec la baisse du prix du pétrole et que les signaux soient au rouge pour que des mesures soient prises. L'aisance ne pousse pas à la réflexion. L'aisance tue l'effort, la valeur du travail et la réflexion. Enfin, cette intervention de Abdelmadjid Tebboune est salutaire dans la mesure où elle situe les failles d'un commerce qui ne fonctionne que dans un sens, celui de l'import. Si le ministre monte au créneau, c'est pour souligner aussi que l'exportation est du domaine du possible pour peu que le terrain ne soit pas miné par des importations de produits qui sont fabriqués en Algérie en quantité et en qualité à l'exemple de cet industriel en biscuit qui exporte en Allemagne et dans plusieurs autres pays de l'Europe. Il y a aussi l'option marché africain qui a été longtemps négligée. Ce n'est que maintenant que certains opérateurs économiques évoquent cette opportunité à saisir. Si la crise délivre les énergies et pousse à trouver des moyens de redresser la situation économique et financière, qu'elle soit la bienvenue!