Comme à Alep, les prétendues attaques chimiques servent à annihiler l'offensive de l'armée syrienne Ce n'est pas la première fois que ce genre de campagne est mené pour essayer de contenir, à défaut de la contraindre, l'offensive de l'armée syrienne qui a repris de nombreuses villes et régions aux factions rebelles et aux groupes terroristes. Au lendemain d'une attaque «chimique» dans la province d' Idlib qui a fait 58 morts dont 11 enfants et quelque 170 blessés, les réactions ont été nombreuses qui concourraient toutes à mettre une fois de plus en accusation le régime du président Bachar al Assad. C'est ainsi que la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, est montée au créneau pour soutenir le MAE français, Jean-Marc Ayrault, qui réclamait, pour sa part, une réunion «urgente» du Conseil de sécurité après avoir rallumé la veille le discours obsolète sur le départ du chef de l'Etat syrien. Même le président turc, Tayyep Recip Erdogan, manifestait, au cours d'un entretien téléphonique avec le chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine, son appréhension quant à un sabordage des négociations. De son côté, l'opposition syrienne n'était pas en reste qui dénonçait aussitôt une «attaque chimique». Des vidéos filmées par des «militants» de certaines factions rebelles comme le Front Fateh al Cham, ex Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, ont été diffusées afin d'accréditer la thèse pendant que la Russie réagissait immédiatement après les échanges entre Poutine et Erdogan pour affirmer que son aviation n'avait effectué aucun raid dans cette région durant la journée où a eu lieu l'attaque. L'OSDH, basé à Londres, et proche de l'opposition syrienne, a cité pour sa part la Coalition nationale des groupes rebelles qui ont accusé le régime du président Al Assad d'avoir utilisé des «obus contenant du gaz chimique». Ce n'est pas la première fois que ce genre de campagne est mené pour essayer de contenir, à défaut de la contraindre, l'offensive de l'armée syrienne qui a repris de nombreuses villes et régions aux factions rebelles et aux groupes terroristes, dont les combats et les attentats sont souvent coordonnés. Pour enfoncer le clou, les ONG et les porte-voix de ces factions ont tenté plusieurs fois, au cours des derniers mois, d'utiliser les «preuves» des bombardements d'hôpitaux et de centres d'accueil des civils jusqu'à contraindre Damas et son allié russe à nier farouchement toute responsabilité dans les importantes destructions subies par ce type d'infrastructures. Démentis qui ont également prévalu pour l'attaque qui a visé lundi la région d'Idlib. L'OSDH qui affirme pouvoir déterminer l'appartenance des avions bombardiers n'a pas été, semble-t-il, en mesure de dire s'il s'agit d'appareils syriens ou russes, laissant par-là même planer un doute qui, une fois n'est pas coutume, ne profite pas aux forces incriminées. On se souvient qu'en août 2011; après l'attaque au gaz sarin, Obama avait prévu un bombardement extrême de la Syrie à coups de missiles, mais que des «découvertes» des services spéciaux britanniques sur la nature même de ce gaz, fabriqué dans d'autres pays de la région que la Syrie, avaient alerté la CIA et le Pentagone sur les risques et les conséquences d'une action militaire à la Sarkozy! En outre, le branle-bas de combat n'a pas été de même nature lorsque cette même province d'Idlib avait été la cible, la semaine dernière notamment, de raids meurtriers de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui ont fait au total plus de 200 morts, chiffre approximatif reconnu par le Pentagone. Cette affaire survient au moment où le gel des avoirs syriens en France puis en Espagne est en train de se multiplier alors que l'Union européenne a placé le 20 mars dernier sur sa liste noire quatre nouveaux responsables militaires syriens, accusés d'avoir utilisé «des armes chimiques à l'encontre de la population civile» en 2014 et 2015, selon son communiqué. Bien évidemment, elle fait partie d'une stratégie de mise à l'index du gouvernement syrien pour, d'une part, appuyer les doléances auprès de l'Arabie saoudite sollicitée financièrement par Paris et maintenant Londres, et, d'autre part, pour justifier la paralysie actionnée des négociations tentées par la Russie, l'Iran et la Turquie à Astana, au Kazakhstan, et par l'ONU à Genève. Cette dernière aurait, selon l'envoyé spécial onusien en Syrie, Staffan de Mistura, connu quelques progrès même si les parties n' ont pas encore abordé les vraies questions pour parvenir à un cessez-le-feu solide qui ouvrirait la voie à une paix éventuelle. Mais les expériences précédentes, toutes sanctionnées par de cuisants échecs, ont induit une inévitable prudence dans la démarche comme dans les déclarations. C'est pourquoi la conférence internationale qui se déroule encore aujourd'hui à Bruxelles ne risque certainement pas de déboucher sur un quelconque résultat plus ou moins optimiste, sachant surtout que son objectif majeur est de faire le point sur les donations pour faire face à une crise humanitaire des plus graves. Le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire et de la réaction aux crises, Christos Stylianides, a eu beau réitérer hier sa conviction que la solution au conflit syrien n'est pas humanitaire, mais politique, encore faut-il rappeler que la Syrie fait face depuis 2011 à une intervention militaire occidentale qui a fait le lit du terrorisme comme dans l'Irak voisin tout en ravageant un pays et un peuple au grand profit d'Israël, plus arrogant et plus réfractaire à la légalité internationale que jamais...