Une cinquantaine de civils ont péri dans la partie gouvernementale de la ville, dans une attaque que la Coalition nationale syrienne refuse de condamner. De la guerre, les habitants des quartiers ouest d'Alep, sous contrôle gouvernemental, n'ont longtemps vu que les colonnes de fumée, s'élevant sur l'autre moitié de la ville, pilonnée par l'aviation syrienne ou russe. La majorité d'entre eux, en dehors d'accès de tension passagers, dus à un tir de mortier ou de sniper, n'étaient affectés qu'indirectement par le conflit. Mais depuis le lancement de l'offensive rebelle visant à briser le siège des quartiers est, vendredi 28 octobre, Alep-Ouest est entré de plain-pied dans la guerre. Cette attaque à l'artillerie lourde, menée par une coalition à dominante djihadiste, venue de la province voisine d'Idlib, a fauché jusqu'à présent une cinquantaine de civils, dont dix-huit enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Un bilan d'une gravité inédite à l'ouest, qui a suscité une vague de critiques internationales. Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, s'était dit dimanche «horrifié et choqué». «Briser le siège d'Alep-Est ne donne pas le droit aux groupes de l'opposition armée de bafouer le droit humanitaire international», s'est indignée l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International. Gaz au chlore ? L'offensive est orchestrée par l'Armée de la conquête, une coalition du Front Fatah Al-Cham (ex-Front Al-Nosra), lié à Al-Qaida, et Ahrar Al-Cham, un puissant groupe salafiste. Plusieurs factions de l'Armée syrienne libre (ASL), la branche dite «modérée» de l'insurrection, participent elles aussi aux combats. Au mois d'août, lors d'une première tentative destinée à casser l'encerclement des quartiers est, les assaillants avaient porté leur attaque sur le secteur de Ramoussah, une zone relativement dépeuplée, au sud de la ville, distante d'à peine 5 km des rebelles. Cette fois-ci, dans l'espoir de prendre ses adversaires à contre-pied, l'Armée de la conquête a ciblé des quartiers plus éloignés, Dahyat Al-Assad et Hamdaniya, sur le flanc sud-ouest de la ville. Une pluie de roquettes Grad s'est abattue sur ces zones d'habitations, occasionnant d'importants dégâts, humains et matériels. «Rien ne peut justifier ces morts, s'emporte un habitant joint sur place, sous couvert d'anonymat. Je ne considère pas que les bombardements contre l'est d'Alep sont une bonne chose. Mais ces terroristes de l'est d'Alep ont reçu de l'argent et des armes pour détruire le pays.» L'armée syrienne a notamment accusé ses ennemis d'avoir fait usage de gaz au chlore, une arme qu'elle a, elle-même, utilisée à de multiples reprises. L'OSDH a confirmé que des soldats ont été victimes de suffocations, sans pouvoir préciser l'origine exacte de ces troubles.