Le bref cessez-le-feu n'aura pas été concluant ; il n'a pas permis à l'ONU d'évacuer les blessés des quartiers rebelles. Les frappes aériennes ont déjà repris. D'une durée de trois jours, la trêve « humanitaire» décrétée par la Russie et le régime syrien dans la ville d'Alep a été trop fragile. Peu après son expiration samedi 22 octobre, de violents combats ont de nouveau éclaté entre les forces du régime et les rebelles. Des tirs d'artillerie, des combats ainsi que des frappes aériennes ont été signalés dans plusieurs quartiers de la deuxième ville de Syrie. Trois personnes ont été blessées dans les zones rebelles, selon un premier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La reprise des combats à Alep, déjà ravagée par des mois de bombardements, fait craindre une catastrophe humanitaire. Les quatre dernières semaines de bombardements intenses du régime et de la Russie sur l'est de la ville ont fait environ 500 morts et 2 000 blessés, selon l'Organisation des Nations unies (ONU), et ont entraîné la destruction d'infrastructures civiles, notamment des hôpitaux. La Russie a accusé vendredi les rebelles de «profiter du cessez-le-feu» pour préparer une grande offensive. A Moscou, Dmitri Peskov, porte-parole du président Vladimir Poutine, a justifié samedi l'intervention militaire russe en Syrie en soulignant dans un entretien avec la chaîne publique Rossia 1 la nécessité de «libérer» ce pays des djihadistes, tout en maintenant Bachar Al-Assad au pouvoir. Echec de l'évacuation Terminée à 19 heures samedi, la trêve n'a pas permis aux Nations unies d'évacuer les 200 blessés bloqués dans les quartiers est assiégés depuis juillet par Damas et ses alliés, qui avaient besoin de sortir d'urgence. L'ONU, qui avait réclamé une prolongation du cessez-le-feu jusqu'à lundi, a fait état de conditions de sécurité insuffisantes. Par ailleurs, les huit corridors établis par la Russie pour permettre aux habitants et aux rebelles de quitter les quartiers est sont restés déserts. «Personne n'est sorti par les couloirs», a confirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. «Des comités populaires civils venant des quartiers du régime sont entrés dans les quartiers est pour tenter d'évacuer des blessés, mais ils n'ont pas réussi», a-t-il ajouté. A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a reçu vendredi un rapport confidentiel concluant que l'armée syrienne a mené le 16 mars 2015 une attaque à l'arme chimique, sans doute au chlore, à Qminas, dans la province d'Idlib, contrôlée par les rebelles. Sur les neuf attaques chimiques présumées étudiées par les experts onusiens, trois sont attribuées au régime syrien. Celle d'août 2015 à Marea, près d'Alep, au gaz moutarde est attribuée à l'organisation Etat islamique. Jean-Marc Ayrault, chef de la diplomatie française, a réclamé samedi l'adoption au Conseil de sécurité d'une résolution condamnant l'usage d'armes chimiques en Syrie et prévoyant des «sanctions» contre les auteurs de ces actes «inhumains». La Maison Blanche a condamné «dans les termes les plus forts» le recours aux armes chimiques, et a dénoncé le «mépris» du régime syrien pour les règles internationales sur leur interdiction.